Mélenchon, Le Pen et Fillon qui dominent les échanges. Hamon qui s'avère solide. Macron qui réalise une contre-performance... #LeGrandDébat diffusé lundi soir a signifié le coup d'envoi de la campagne présidentielle.
Il a révélé les vrais clivages existant entre les candidats. Alors qu'on assistait jusque-là à une course où chacun était cantonné dans son "couloir", on a pu voir sur le plateau de TF1 un dialogue s'instaurer, et certains tempéraments se révéler.
L'élection présidentielle de 2017 entre aujourd'hui dans une phase nouvelle, où les cartes sont redistribuées. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, mais aussi François Fillon enfin revenu dans la course, ont affiché leur expérience et leur solidité. Alors qu'Emmanuel Macron, dont on attendait beaucoup, a raté "sa" rencontre avec les Français.
Il faut souligner le contexte - absolument terrible - de désaffection politique qui entoure cette élection. Une gifle donnée à un ancien Premier ministre - Manuel Valls - pour faire le buzz... Le débarquement des "Ex" ou "déjà Ex" - François Hollande et Nicolas Sarkozy... Un agenda saccagé par les "affaires"... Un mouvement populaire pour un débat à 11 candidats plutôt qu'à 5... Comme si aucun des 5 candidats retenus par TF1 ne convenait réellement. Une tentation de revenir à un régime parlementaire...
Jamais, sans doute, le désarroi des électeurs n'a paru aussi grand. Jamais des candidats à une élection présidentielle n'ont paru aussi faibles. La France flirte avec la crise de régime.
Marine Le Pen: une image "normalisée"
Marine Le Pen réalise, de loin, la meilleure opération de la soirée. Sa simple présence sur le plateau, aux côtés des autres candidats, achève de "normaliser" son image. C'est pour elle la fin d'un long processus.
Par ailleurs, elle a joué le jeu. Elle a respecté les règles. Elle a déroulé ses arguments. Elle a fait preuve d'empathie. Elle a même ri aux blagues de Jean-Luc Mélenchon. Elle a, en résumé, fait tout ce dont son père aurait été incapable dans un débat de ce type.
Le deuxième "gagnant" du débat est François Fillon. Il réintègre le débat républicain après de longues semaines rythmées par les révélations du #PenelopeGate, qui ont profondément abîmé son image. On le retrouve très à l'aise dans l'exercice, comme il l'avait montré lors des débats de la primaire de la droite. C'est lui qui a la posture la plus "présidentielle". Un mélange de retenue, de hauteur et de compétence. Ce qui devrait être perçu par les électeurs.
Benoît Hamon, de son côté, a livré une prestation solide et pourrait surprendre. Quand à Jean-Luc Mélenchon, magnifique bateleur, il a clairement été le plus à l'aise dans l'exercice. Il a mis les rieurs - et le public - de son côté. Mais on s'interroge, avec Laurent Bouvet, sur ses débouchés politiques.
Une présidentielle pour rien?
Le grand perdant du débat est Emmanuel Macron. On s'attendait à une révélation. La révélation ne s'est pas produite.
Comme l'a titré le Financial Times, Emmanuel Macron a "raté son moment".
Cette faiblesse, surprenante, s'explique par trois séries de problèmes.
Emmanuel Macron paye, d'abord, son inexpérience. Elle se traduit dans sa voix, dans sa posture. Rien n'est encore vraiment maîtrisé. Le deuxième problème, c'est une erreur de stratégie, qui a consisté à répliquer à chaque fois qu'il était mis en cause. Certaines phrases semblaient préparées à l'avance, et tombaient à plat. Il s'attendait à ce que le jeu tourne entièrement autour de lui. Mais cela ne s'est pas produit. Le troisième handicap, c'est que dans un débat où les prises de position sont tranchées, un discours centriste est par définition inaudible. En résumé, Emmanuel Macron donnait souvent l'impression d'être Nicolas Sarkozy sur la forme, et François Hollande sur le fond.
Ce débat très attendu - il a rassemblé plus de 10 millions de téléspectateurs - étant maintenant passé, deux constats peuvent être tirés. L'interrogation des Français est toujours aussi forte. Mais la campagne a, enfin, décollé pour mettre en avant des sujets, des thèmes, des problématiques. Il faudra bientôt lui trouver un sens. Pour éviter que l'élection présidentielle de 2017 ne finisse par donner l'impression d'être... Une présidentielle pour rien.
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