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Irréductible Azar Nafisi

Professeure de lettres anglophones, d’abord à Téhéran, puis aux Etats-Unis, elle reste persuadée de la force émancipatrice de la littérature.

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Publié le 06 juin 2016 à 13h02, modifié le 16 juin 2016 à 15h32

Temps de Lecture 6 min.

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L’écrivaine d’origine iranienne Azar Nafisi, en 2009.

Serait-ce là le triste paradoxe de la littérature ? Désirée et savourée lorsqu’elle est interdite, elle serait dédaignée, ou simplement oubliée, dans les sociétés qui y ont librement accès ? Telle est l’une des conclusions que l’on serait tenté de tirer du nouveau livre d’Azar Nafisi, grande érudite d’origine iranienne et professeure de lettres anglophones, d’abord à Téhéran, puis à Washington.

Refusant de souscrire à cette vision trop simple, Azar Nafisi nuance : « J’ai aujourd’hui en cours, aux Etats-Unis, des étudiants [elle dit affectueusement des « kids »] qui m’envoient des Tweet “Just discovered Henry James !” Et qui en parlent avec le même naturel et le même enthousiasme que s’ils venaient de découvrir une marque de café. »

« Le ciment de la démocratie »

Pourtant, elle admet qu’elle est inquiète. « La littérature est une formidable “colle sociale” », dit-elle en citant James Baldwin (1924-1987). Or, personne ne la voit plus comme telle. « Je me demande comment nos élites ont pu laisser se désagréger à ce point ce qui constitue le ciment de la démocratie. »

Azar Nafisi sait de quoi elle parle. Pendant dix-huit ans, elle a survécu à la révolution et à la répression islamistes en enseignant les chefs-d’œuvre « décadents » de la littérature occidentale à ses étudiants. Née en Iran en 1955 et partie faire ses études aux Etats-Unis – un doctorat de littérature anglaise et américaine à l’université d’Oklahoma –, elle s’apprête à regagner son pays natal lorsqu’en 1979 l’ayatollah Khomeyni accède au pouvoir à Téhéran.

Elle décide tout de même de rentrer. Ce n’est pas facile. Son père, Ahmed Nafisi, a été maire de Téhéran – il a d’ailleurs accueilli naguère le général de Gaulle en visite officielle. Quant à sa mère, Nezhat Nafisi, elle fut la première femme membre du Parlement iranien.

« Les œuvres d’imagination sont comme les canaris des mines de charbon, c’est à leur aune qu’on évalue la santé de toute une société »

La jeune Azar revient pourtant et se lance dans ce pour quoi elle a été formée, l’enseignement de la littérature anglophone. A l’université de Téhéran, ses choix d’auteurs – Mark Twain en particulier –ne sont guère du goût des gardiens de la révolution. Ni de ceux des mollahs. Mais elle « tient ». Deux ans. Contre vents et marées.

En 1981, pourtant, comme elle refuse de se voiler, on la démet de ses fonctions. Autres universités, autres postes. La situation devient intenable. Alors, Nafisi, qui n’a plus rien à perdre, décide de se « faire plaisir ».

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