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La fusion mastodonte Boulogne-Billancourt/Issy-les-Moulineaux

André Santini (Issy-les-Moulineaux) et Pierre-Christophe Baguet (Boulogne-Billancourt)
André Santini (Issy-les-Moulineaux) et Pierre-Christophe Baguet (Boulogne-Billancourt) devant le pont de Billancourt qui sépare encore les deux villes. © Baptiste Giroudon
Par Bruno Jeudy

Ce processus inédit de rapprochement entre deux grosses communes des Hauts-de-Seine sera engagé le 9 juillet. Le 1er janvier 2018, Boulogne-Issy deviendra la 12ème ville de France.

Sur le pont de Billancourt, entre l’île Seguin, jadis écrin de l’usine Renault, et la tour TF1, André Santini et Pierre-Christophe Baguet prennent la pose pour Match. Plus qu’une photo, ce geste entre deux maires (Ndlr, celui d’Issy-les-Moulineaux et celui de Boulogne-Billancourt) qui se connaissent de longue date, symbolise la plus grande fusion de communes jamais engagée en France. Hier, la Seine les séparait. Demain, elle sera le lien entre ces deux territoires situés aux portes ouest de la capitale. Leur décision est sans aucun doute historique dans un pays où chaque édile se bat bec et ongles pour conserver son petit territoire. Cette fusion mastodonte devrait aboutir en principe le 1er janvier 2018 à la création d’une nouvelle commune –son nom reste à déterminer Boulogne-les-Moulineaux? Issy-Billancourt?- de 182 456 habitants. Soit la 12ème ville de France, juste entre Rennes et Reims. Et surtout un puissant acteur économique avec quelque 150 000 emplois!

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Quelle mouche a donc piqué ces deux maires confortablement installés dans leurs fiefs respectifs? L’ancien ministre centriste André Santini (75 ans) dirige sans partage Issy depuis 1980 tandis que son ancien collaborateur Pierre-Christophe Baguet (61 ans) a pris les rênes de Boulogne en 2008. «La révolution est en marche, se réjouit Pierre-Christophe Baguet. Nous en avons marre de gérer la pénurie. Le but de la fusion est de nous redonner des marges de manœuvre et du sens à notre action politique de proximité.» Il y a deux ans, le projet visait à fusionner les huit villes de cette communauté de communes des Hauts-de-Seine. Raisonnable et pressé, André Santini a suggéré à son collègue de Boulogne de «marier» seulement Boulogne et Issy. Ça les rajeunira: Issy avait déjà fusionné avec Les Moulineaux en 1893 et Billancourt avait été rattaché à Boulogne en 1926. 

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Baisse des impôts

Evidemment, tout ne va pas être simple. Boulogne dispose d’une police municipale, pas Issy. Les coûteux aménagements de l’île Seguin ont endetté Boulogne. Issy ne doit presque rien: 8 euros par habitant. Quid, enfin, des doublons de rues?

Les deux élus ne s’inquiètent pas. Leur calendrier est arrêté. Ils consulteront la population sur le futur nom d’ici l’été. Le 9 juillet, ils réuniront simultanément leurs conseils municipaux pour engager le processus de fusion. Ensuite, si tout se passe bien, la «nouvelle commune» sera installée le 1er janvier 2018. Baguet en sera le premier maire tandis que Santini dirigera la communauté de communes. Les 104 élus (49 à Issy et 55 à Boulogne) seront maintenus jusqu’aux élections municipales de 2020 date à laquelle les conseils municipaux fusionneront et le nombre d’élus ramené à 59. Pour convaincre leurs administrés, les deux élus ont déjà en tête leur martingale: «La nouvelle ville rimera avec baisse des impôts.» Une baisse qui sera en vigueur dès 2017. Avec des taxes fiscales assez proches, les deux maires ont choisi de les réduire grâce aux économies générées par le rapprochement de leurs administrations. Boulogne compte aujourd’hui 2800 agents municipaux et Issy 1400. «A Rennes, il y a 700 agents de moins. On peut rationaliser, remarque Baguet. Mais cela ne doit pas inciter l’Etat à nous piquer encore davantage de dotations. Nos deux villes ont déjà perdu 186 millions.» 

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Des opposants à Boulogne 

Dans le pays des 36 000 clochers, cette démarche très audacieuse est suivie de près par l’Etat car elle rompt avec la frilosité des élus locaux. Le préfet d’Ile-de-France a d’ores-et-déjà donné son feu vert. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve recevra les deux édiles. L’ancien maire de Cherbourg –qui a réussi en 2000 la dernière fusion de taille entre Octeville et Cherbourg- devrait parrainer la même opération dans le «92». Si les habitants ne réalisent pas encore la portée de cette transformation, des voix s’élèvent pour s’opposer et se concentrent à Boulogne. Le député Thierry Solère, en guerre contre le maire bien que du même parti, réclame un référendum. Comme l’opposition socialiste. Guère plus unie, car les élus socialistes d’Issy, eux, ont décidé de soutenir le projet. «A condition qu’on prenne le temps de résoudre tous les problèmes», commente le chef de file de l’opposition Thomas Pujalon. Craignant ces difficultés, André Santini défend l’idée d’une fusion blitzkrieg: «Napoléon disait "je décide et les juristes exécuteront". Nous devons faire vite afin d’être opérationnels avant la présidentielle.» La future ville Issy-Boulogne n’a sans doute pas fini d’étendre son rayonnement. Et peut être de susciter des vocations de fusion.

La Google Map des 1090 communes qui vont fusionner



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