"Avortement pire que le viol?": un chargé de cours convoqué devant les autorités de l'UCL

Un professeur anti-avortement à l'UCL

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Par Jean-Claude Verset et Ju. Vl.

Stéphane Mercier, chargé de cours invité à l’UCL a publié un texte qui laisse peu de doutes sur son opposition radicale à l’avortement. Une situation qui dérange, alors qu’il enseigne la philosophie en première année de bac. Selon Tania Van Hemelrijck, conseillère du recteur à la politique du genre, le dossier concernant le chargé de cours est à l’instruction auprès des autorités de l’UCL. "Avant de nous prononcer sur le fond, nous voulons entendre le professeur, et déterminer dans quel cadre cette note a été utilisée." L’autre argument avancé par l’UCL est que "le droit à l’avortement est inscrit dans la constitution, et qu’il n’y a pas à sortir de là".

Une note plutôt qu'un syllabus

La porte-parole de l’UCL tient encore à préciser que le document incriminé n’est pas un syllabus, mais une note remise aux étudiants ingénieurs en Bac 1. Ce qui représenterait une centaine de personnes.

C’est le site Synergie Wallonie, qui défend l’égalité des sexes qui a révélé un texte non équivoque. Un document de 15 pages d’un texte serré et largement documenté intitulé "La philosophie pour la Vie". On peut notamment y lire " La vérité est que l’avortement est le meurtre d’une personne innocente. Et c’est même un meurtre particulièrement abject, parce que l’innocent en question est sans défense". Le professeur invité argumente ensuite que, comme le viol, l’avortement n’est pas un acte immoral, mais illégal. "Si l’avortement est un meurtre, n’est-il pas encore plus grave que le viol ? Le viol est immoral et heureusement il est aussi illégal "

Ce mardi matin, il nous était impossible de contacter Stéphane Mercier.

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Une question d'argumentation

Le document consiste, pour une large part, en un essai philosophique sur l’argumentation, le vrai et le faux, le bien et le mal.

L’auteur entre ensuite dans le cœur du sujet: "Je vais proposer ici un argumentaire pour défendre le droit de toute personne innocente à la vie dès le moment de sa conception. Cela implique un rejet absolu de tout prétendu droit à l’avortement avec lequel on ne cesse de nous rebattre les oreilles."

Il assure ne pas vouloir se crisper d’entrée de jeu, mais "proposer un argumentaire rationnel et raisonnable." Son argument est qu'un adolescent est un être humain parvenu au stade de développement qu’on appelle adolescence. "Un vieillard, un être humain parvenu à un âge avancé. Et un embryon, est un être humain qui a atteint le stade de développement embryonnaire."

Voici le document incriminé en intégralité

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Réaction rapide et sans ambiguïté de l'UCL: le chargé de cours convoqué par les autorités

L'UCL a très rapidement réagi. Par voie de communiqué, les autorités de l’université catholique ont fait savoir qu'elles avaient pris connaissance de ces écrits et qu'elles "ont immédiatement convoqué la personne concernée afin de l’entendre et d’instruire le dossier. La personne sera entendue afin d’éclaircir le statut de cet écrit et l’usage éventuel qui en est fait dans le cadre de son enseignement".

"Quelle que soit l’issue de l’instruction, le droit à l’avortement est inscrit dans le droit belge", rappelle le communiqué. "Et la note dont l’UCL a connaissance est en contradiction avec les valeurs portées par l’université. Le fait de véhiculer des positions contraires à ces valeurs dans le cadre d’un enseignement est inacceptable".

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