Blé noir breton. Une identité à sauvegarder

Flore Limantour

Par Flore Limantour

Que les crêpiers ne s'avisent pas d'annoncer une farine de sarrasin bretonne si la graine vient de Chine ! Le fameux goût du blé noir breton est garanti par une IGP, gage de qualité et traçabilité pour les amateurs de « galettes ».

Christine Larsonneur, directrice de Blé noir Tradition Bretagne, au milieu d'un champ de blé noir où la présence d'abeilles peut améliorer le rendement de plus de 20 %.
Christine Larsonneur, directrice de Blé noir Tradition Bretagne, au milieu d'un champ de blé noir où la présence d'abeilles peut améliorer le rendement de plus de 20 %. (Photo F.L.)

Cette année encore, 3.000 tonnes de blé noir devraient être récoltées en Bretagne historique (cinq départements). Fort peu au regard des crêpes, chips et autres palets bretons dont la composition annonce du sarrasin. « Il faudrait produire au moins 15.000 tonnes », évalue Christine Larsonneur, la directrice de Blé noir Tradition Bretagne. Une association créée il y a tout juste 30 ans, afin de « garantir au consommateur un produit authentique ». Car les producteurs bretons cultivent une variété particulière de sarrasin, « la harpe de type argenté », très proche du « petit-gris de type argenté » que leurs ancêtres ont semé pendant les siècles précédents. Rien à voir avec la variété « zita » parfois cultivée ailleurs en France ni avec la graine sélectionnée par les Chinois « beaucoup plus grosse, au goût bien moins prononcé ».

Tiges rouges et fleurs blanches


Au-delà de la typicité en bouche du blé noir breton, l'association a souhaité garantir la qualité et la traçabilité « de la graine... au paquet de farine ». Les semences de cette belle polygonacée aux tiges rouges et aux fleurs blanches - qui n'est pas au sens botanique une céréale comme le blé - sont produites et certifiées en Loire-Atlantique. Elles sont ensuite semées, récoltées, séchées, stockées et moulues, selon un cahier des charges exigeant qui a permis d'obtenir une Identité géographique protégée (IGP) en 2010. Christine Larsonneur est ferme : « Il est exclu d'utiliser un défoliant pour se débarrasser des feuilles avant récolte ou de produits phytosanitaires pour détruire des adventices, les plantes indésirables. La présence de datura toxique au milieu des parcelles est interdite. Nous organisons des contrôles inopinés. Ceux qui ne respectent pas les conditions sont inscrits sur une black-list. Ça peut aller jusqu'à la destruction de leur récolte ! ». Autant d'exigences qui ne s'appliquent pas au sarrasin chinois, souvent transporté dans des conditions sanitaires qui laissent Christine Larsonneur « sceptique ». Ni au blé noir des pays de l'Est « où on retrouve souvent des traces de métaux lourds ».

Tout est bon dans le blé noir breton


Lancée en 1987 par une poignée de producteurs, l'association Blé noir Tradition Bretagne a, depuis, agréé 1.400 producteurs bretons (bio et conventionnels). 350 d'entre eux ont semé cette année leur blé noir en mai-juin « et pas nécessairement dans les terres pauvres ». Par choix et aussi parce que « cette culture permet de réduire les produits phyto dans les sols, c'est une bonne tête d'assolement et même un répulsif pour le taupin de la pomme de terre ! ». La récolte se fera fin septembre-mi- octobre par des coopératives adhérentes. Et neuf des trente meuniers bretons fabriqueront 2.100 tonnes de farine. Les déchets - les cosses - seront utilisés en couvre sol et dans les oreillers pour les allergiques aux plumes. Tout est bon dans le blé noir breton. Mais pas question pour l'association de tolérer la contrefaçon ou la concurrence déloyale. L'association n'hésite pas à porter l'affaire en justice. Un meunier breton, qui n'a pas joué le jeu, s'en mord encore les doigts.

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