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Avec 8,3 millions de voyageurs en France, Airbnb a battu ses records de fréquentation en 2016

Face aux critiques, la plate-forme de location met en avant son poids économique dans l’Hexagone.

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Publié le 06 avril 2017 à 06h36, modifié le 06 avril 2017 à 15h59

Temps de Lecture 5 min.

En 2016, ce sont 300 000 « hôtes », comme les appelle Airbnb, qui ont mis en ligne 400 000 annonces.

Accusé de concurrence déloyale par les hôteliers, pointé du doigt par de nombreuses villes pour qui l’essor des plates-formes de location contribue à créer une pénurie de logements, Airbnb cherche à se présenter sous ses plus beaux atours.

Le site a publié, jeudi 6 avril, son bilan de l’année écoulée en France, dans lequel il met en avant son poids économique pour l’Hexagone. Moins de dix ans après son lancement en 2008, cette figure de proue de l’économie partagée s’est imposée comme un acteur majeur du secteur du tourisme. Son impact économique est évalué à 6,5 milliards d’euros en 2016, selon les calculs réalisés par le cabinet Asterès pour l’entreprise, contre 2,5 milliards l’année précédente. Un chiffre obtenu en additionnant les revenus des loueurs d’appartements et les dépenses des touristes. Airbnb aurait dès lors un effet positif sur les emplois, dont 30 600 seraient soutenus par les dépenses des touristes dans la restauration et les loisirs.

Ce poids économique s’explique par l’engouement des Français pour la plate-forme, qui a attiré 8,3 millions de voyageurs en 2016, contre 4,7 millions l’année précédente. Une performance, car, en 2016, la destination France a perdu plus de deux millions de touristes étrangers, notamment en raison de la menace terroriste. Grâce à cette « dynamique de croissance, alors que le pays est à maturité, la France est restée le deuxième marché d’Airbnb derrière les Etats-Unis », se félicite Emmanuel Marill, directeur de la plate-forme en France.

Paris, « premier marché d’Airbnb au monde »

Cet afflux de touristes va de pair avec une explosion de l’offre d’hébergements. En 2016, 300 000 « hôtes », comme les appelle Airbnb, contre 180 000 douze mois auparavant, ont mis en ligne 400 000 annonces – deux fois plus que l’année précédente.

Les hébergements sont loués en moyenne trente-cinq jours par an. Selon l’étude, le client type d’Airbnb est un Européen (88 %), et surtout un Français (59 %). Plutôt jeune, 37 ans, il dépense 167 euros par jour en moyenne, lors d’un séjour qui ne dépasse pas, en moyenne, 3,6 jours. Côté propriétaires, le revenu annuel s’est établi, en moyenne, à 2 100 euros en 2016.

Si Paris est restée en 2016 « le premier marché d’Airbnb au monde devant New York et Londres », selon le directeur France (50 000 Parisiens proposent 65 000 logements), cette montée en puissance d’Airbnb en France s’explique par sa diffusion à l’ensemble du territoire. Il y avait un Airbnb des villes, il y a désormais un Airbnb des champs. Depuis dix-huit mois, la plate-forme a affermi sa présence dans les campagnes. Des territoires « périurbains à une heure des grandes villes », précise M. Marill. « L’urbain était l’ADN d’Airbnb, mais, aujourd’hui, le rural est le secteur qui connaît la croissance la plus rapide. » En 2016, il a capté 15 % des voyageurs.

La société a aussi étendu son influence sur les chasses gardées de l’industrie hôtelière. Les « zones touristiques », les Alpes, la Côte d’Azur, ou encore le Pays basque, ont profité d’une « dynamique de fort développement avec 50 % de croissance ». Les stations de sports d’hiver ont même bénéficié d’un petit coup de fouet grâce à Airbnb. Sur les 25 000 hébergements disponibles sur le site, un quart était des « lits froids ». Des logements qui auparavant n’étaient pas proposés à la location, poids morts pour les stations. L’an dernier, 400 000 touristes ont choisi la montagne avec Airbnb.

Les seniors font un tabac

La compagnie américaine pourrait-elle aider à relancer le tourisme dans des régions dépourvues d’infrastructures hôtelières ? En 2016, 15 % des voyageurs d’Airbnb ont trouvé un hébergement dans des communes ne disposant pas d’hôtels. Ce phénomène devrait s’amplifier à l’avenir, au fur et à mesure de la progression de son maillage du territoire : l’an dernier, les annonces d’hébergements se sont réparties sur 19 000 communes dont 70 % de moins de 2 000 habitants.

Autre signe du développement d’Airbnb, les propriétaires qui louent leurs appartements ne sont pas que des jeunes ultra-connectés. « Le segment des seniors est celui qui croît le plus vite », souligne M. Marill, 16 % des hôtes ayant passé le cap de la soixantaine.

Agnès Combier, fondatrice de la société de conciergerie Checkinthecity, confirme le phénomène. Ces derniers mois, les cheveux gris sont majoritaires parmi les propriétaires qui lui confient le soin de gérer l’accueil, le séjour et le départ des voyageurs de leur logement. Le dernier en date est âgé de 75 ans. Les seniors feraient même un tabac auprès des clients d’Airbnb, ils obtiendraient les meilleures notes et les commentaires les plus flatteurs, selon M. Marill, pour qui les plus de 60 ans cherchent un « complément de revenu » et à recréer du « lien social ».

Face à cette progression inexorable, le secteur de l’hôtellerie accuse le site de location entre particuliers de concurrence déloyale. L’Association pour un hébergement et un tourisme professionnels (AhTop) estime que ce « phénomène de location a comme conséquence directe une baisse d’activité des hôtels ». Un phénomène que relativise toutefois l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). « On ne peut pas dire qu’il y a un transfert de notre clientèle vers les plates-formes », reconnaît Roland Héguy, son président, tout en réclamant plus de transparence aux plates-formes.

Discrétion sur les bénéfices

Prompte à promouvoir son apport à l’industrie touristique, la direction d’Airbnb est, en effet plus discrète sur son chiffre d’affaires et ses bénéfices. « Nous ne sommes pas cotés en Bourse », se défend-elle.

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En coulisse, une véritable bataille oppose Airbnb à certaines organisations professionnelles et municipalités, Paris en tête. « Notre souci, c’est l’impact sur le logement », explique Ian Brossat, adjoint au maire chargé du logement à Paris. Pour preuve de sa bonne volonté, Airbnb France a proposé de limiter à 120 jours la durée de location d’un appartement par un particulier. « C’est déjà ce que la loi ALUR [loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové de 2014] prévoit », rétorque M. Brossat.

En revanche, Airbnb a tenté, en vain, de s’opposer au décret qui veut imposer un numéro d’enregistrement aux particuliers qui louent leur appartement sur les plates-formes comme celle-ci. « Ce sera le moyen de séparer le bon grain de l’ivraie entre les particuliers et les professionnels de la location », plaide M. Brossat, qui se défend de vouloir « faire la guerre à Airbnb ». La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) doit rendre son avis sur le projet de décret d’ici au 13 avril. Le gouvernement devrait le mettre application dans la foulée.

Le texte permettra d’attaquer les plates-formes et les propriétaires indélicats au portefeuille. Selon un rapport du Sénat, seulement 15 % des utilisateurs d’Airbnb déclarent leurs revenus. L’UMIH veut aussi mettre les plates-formes à contribution pour collecter la taxe de séjour : « Si les plates-formes jouaient le jeu, elles pourraient rapporter plus de 300 millions d’euros » par an. Très loin des 7,3 millions d’euros versés par Airbnb.

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