Devoirs à la maison : toute la famille s'y colle

En principe interdits en primaire, incontournables au collège, les devoirs écrits à la maison occupent 90 % des enfants... et près de 60 % des parents selon une étude que nous révélons.

Devoirs à la maison : toute la famille s'y colle

    Le cahier de textes est ouvert tous les soirs ou presque à la page du lendemain sur la toile cirée de la cuisine... Et la bande-son est assez classique. Il y a les parents patients : « Attends, je vais essayer de te réexpliquer. » Les largués : « Mais j'en sais rien, c'est vieux pour moi les divisions euclidiennes ! » Et ceux qui sortent de leurs gonds : « T'es bouché ou quoi ? »

    Les devoirs écrits à la maison, quasi généralisés bien qu'officiellement bannis du primaire, sont une véritable « affaire de famille » en France. Si l'on en croit une édifiante étude OpinionWay pour l'association ZupdeCo qui milite pour la fin des devoirs à la maison (lire ci-dessous), 97 % des parents constatent que leurs enfants rentrent de classe lestés d'exercices à faire, dont plus de la moitié « chaque jour »... Et 58 % de ces mêmes parents retroussent leurs manches pour les épauler, le plus souvent entre un quart d'heure et une demi-heure chaque soir.

    Source de stress et de disputes

    Et pourtant, tous les enseignants qui ont un jour tenté de gommer les devoirs le savent bien : l'ambivalence parentale est totale sur le sujet. La FCPE, première association de parents d'élèves, en a fait les frais, qui prêche régulièrement en faveur de leur réelle suppression en primaire, contre l'avis (silencieux mais sans appel) d'une majorité de ses adhérents. Car les familles sont très attachées à cette classe après la classe, grignoteuse de temps et pourvoyeuse de frictions. Seulement moins de 2 parents sur 10 estiment que les devoirs à la maison ne sont pas importants dans le cadre de l'acquisition des connaissances. Et il y en a même 30 % pour s'inquiéter quand l'enfant rentre avec le cartable trop léger. D'ailleurs, parmi la minorité qui assume de ne pas y mettre son nez, tous ne sont pas forcément confiants dans la capacité de leur progéniture à se débrouiller seule : 18 % délèguent (grands-parents, baby-sitter...) et 11 % avouent ne pas avoir le temps de s'en occuper.

    Pour la quasi-totalité des parents, pétris de culpabilité et d'angoisse par rapport à la scolarité, les devoirs restent un fil essentiel entre eux- mêmes et l'école : un moyen de contrôler, d'identifier les difficultés de leur enfant (48 %) ou « un lien qui permet de se tenir au courant de ce qu'il fait en classe » (42 %).

    Et pourtant, ces devoirs sont vécus très diversement ; un gros tiers y voit un moment de partage, un autre tiers une routine et le dernier tiers... une source de stress et de disputes, voire d'angoisse pour un parent sur dix « qui ne sait pas comment aider ». Soit trois millions de familles pour lesquelles l'épreuve tourne souvent au cauchemar...

    Sans surprise, plus l'élève avance en âge, plus la maman débordée sèche, perd du temps et/ou s'énerve. En gros, la moitié des parents se sent capable d'assister son enfant dans certaines matières seulement, pour une autre moitié qui parvient à se débrouiller (y compris grâce à Internet) dans toute la palette des disciplines. Si ce n'est pas une inégalité à la source, ça y ressemble.

    QUESTION DU JOUR. Ecole primaire : faut-il suppimer les devoirs à la maison ?