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Les tops et les flops des reprises de PME françaises par des entreprises chinoises

Des moteurs Beaudouins à la transformation de tomates Chalkis, l’histoire des relations franco-chinoises est mouvementée.

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Adiseo repris par Cinachem s’est doté d’une nouvelle unité de ­production de MMP, un acide aminé soufré complément ­nutritionnel pour l’élevage de volailles sur son site des Roches à Saint-Clair-du-Rhône (Isère).

Par Paul Molga, Christine Berkovicius, Philippe Legueltel, Gabrielle Serraz

Publié le 15 sept. 2014 à 16:38

La reprise d’une PME française par des investisseurs chinois est presque devenue un « non événement ». Des moteurs Beaudouins à la transformation de tomates Chalkis, l’histoire des relations franco-chinoises est mouvementée. Repris en 2006 par le groupe chinois Bluestar, Adisseo, l’un des leaders mondiaux de la nutrition animale, n’a pas ralenti ses investissements. En 2013, son site des Roches à Saint-Clair-du-Rhône (Isère) s’est doté d’une nouvelle unité de ­production de MMP, un acide aminé soufré complément ­nutritionnel pour l’élevage de volailles. Cet investissement de 112 millions d’euros a permis d’abaisser le prix de revient. Autre projet en cours : une nouvelle installation de production ­multivitaminée à Commentry (Allier) pour 25 millions d’euros. Adisseo a aussi ouvert un centre de recherche, de développement de procédés chimiques à Saint-Fons (Rhône), en 2013. Cinachem « transforme des curiosités de laboratoire en procédés industriels, rentables et durables », explique son directeur Patrick Rey. En six ans, le chiffre d’affaires d’Adisseo a doublé, à plus de 1,1 milliard en 2013.

Même bilan plus que positif pour les Moteurs Baudouin. Emporté par la crise bancaire en 2008, le constructeur de propulsions diesel rapides pour les bateaux de pêche et de transport a été sauvé de la liquidation en janvier 2009 par le motoriste Weichai Power, un des acteurs industriels chinois. Implantée à Cassis, l’usine a profité de plus de 50 millions d’euros d’investissement. Les effectifs ont doublé et la production est passée de 20 à plus de 40 moteurs par mois. Pas question de délocalisation : la marque française presque centenaire complète la gamme de motorisation du chinois qui a installé en Provence son centre international de recherche dans la filière des moteurs rapides. L’usine sert de base de négoce pour ses moteurs en Europe, mais le tiers de la production cassidenne alimente désormais les marchés asiatiques.

Le mouvement touche aussi des start-up

Lisa Airplanes, qui s’est trouvée en 2012 à court de capitaux pour finaliser le développement de son avion amphibie, l’Akoya, capable de décoller ou d’atterrir sur l’eau, la neige ou la terre, a été reprise par des investisseurs chinois, Tiri Maha et Yao Zhang, qui, moyennant 15 millions d’euros, ont pris 70 % du capital. Aujourd’hui, ces industriels préparent l’ouverture d’une entité commerciale en Chine. « Pékin libéralise son espace aérien et ces actionnaires nous ouvrent le marché chinois en sécurité », explique Benoît Senellart, directeur de Lisa Aiplanes. La mise en production de l’Akoya est programmée pour 2016 et, en sus des 15 salariés actuels, une dizaine sera recrutée pour produire 30 avions par an. La société prépare le lancement d’un autre avion qui nécessitera une centaine de millions d’euros pour son lancement et un appel à de nouveaux partenaires financiers.

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Il y a deux ans, la société Suzhou Kingswood, basée à Shanghai, a repris le fabricant français d’encres d’imprimerie Brancher, situé à Tremblay-les-Villages en Eure-et-Loir, en préservant 90 emplois sur 120. Spécialisé dans les résines et les pigments entrant dans la composition des encres, mais aussi fabricant d’encres offset, ce groupe chinois de 250 personnes a investi plus de deux millions d’euros depuis 2012 pour faire de Brancher « sa vitrine R&D ». La PME réalise un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros. Le nouveau propriétaire s’intéresse aux encres techniques, comme les encres à séchage UV ou les encres pour les emballages alimentaires, dont il ne maîtrisait pas la technologie. Son objectif est de doper les ventes – en France et à l’export, où Brancher réalise déjà 40% de son activité – et de cibler la Chine, en s’appuyant sur le réseau commercial de Kingswood.

Plysorol : un échec cuisant

Les rachats ne se déroulent pas tous comme prévu. L’exemple de Plysorol en est l’illustration. En avril 2009, le leader du contreplaqué Oloumé en France Plysorol a été racheté par un groupe chinois, représenté par deux sociétés (Shandong Longsheng Import & Export et Honest Timber Gabon) après un dépôt de bilan. A son arrivée, il annonce le maintien des 450 emplois répartis sur trois sites (outre Lisieux, Epernay, dans la Marne, et Fontenay-le-Comte, en Vendée) ainsi qu’un plan d’investissement de 20 millions d’euros. La liquidation judiciaire est ­prononcée l’année suivante. L’échec de la reprise chinoise laisse un goût amer : les sommes ­promises n’ont jamais été investies en France mais au Gabon, où le groupe est déjà implanté. C’est en fait le « trésor » de Plysorol, leader du contreplaqué okoumé (600.000 hectares de droits ­d’utilisation de la forêt gabonaise), qui avait attiré le repreneur. Dix ans après sa prise de contrôle par le géant chinois de la transformation de tomate Chalkis, la coopérative agricole Le Cabanon a finalement été placée en liquidation judiciaire ce printemps , avant de retrouver un propriétaire européen, le portugais Unitom. Une cinquantaine d’emplois sur 77 ont été maintenus. En 2004, la reprise avait été facilitée par l’Agence française pour les investissements internationaux. Aux termes de l’accord, le chinois avait acheté 55 % du capital et s’était engagé à maintenir une production de 60.000 tonnes de tomates locales, ce qui n’a jamais été réalisé. Depuis 2012, les opérations de transformation avaient même été totalement interrompues au profit de la commercialisation de concentré produit en Asie. L’effondrement de la demande en tomate chinoise a mis l’usine vauclusienne à l’arrêt.

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