France : en dix ans, les plus pauvres se sont... encore appauvris

Les inégalités de revenus ne s'accroissent plus seulement par le haut : les catégories les plus modestes de la population ont vu leur niveau de vie diminuer sur une période de dix ans, selon un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi.

Les inégalités de revenus en France
Les inégalités de revenus en France (AFP/Thomas SAINT-CRICQ)

    S'il y a de plus en plus d'inégalités en France, ce n'est pas seulement parce que les plus favorisés deviennent de plus en plus riches : c'est aussi parce que les plus défavorisés... deviennent de plus en plus pauvres. C'est du moins le constat d'un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi.

    Entre 2003 et 2014, les 10% de Français les plus favorisés (de plus de 3 000 euros nets mensuels après impôts et prestations sociales pour une personne seule) ont vu leur niveau de vie s'améliorer globalement (+ 272 euros par mois en moyenne), malgré une nette diminution entre 2011 et 2013 sous l'effet notamment des hausses d'impôts, selon ce rapport indépendant.

    Une trentaine d'euros par mois en moins

    Les classes moyennes, dans le même temps, ont plutôt connu une période de stagnation sur la même période. Quant aux 10% des plus pauvres, leur niveau de vie a évolué en dents de scie mais, au total, il a diminué en moyenne d'une trentaine d'euros par mois.

    Ce mouvement, qualifié de «retournement historique» dans le rapport, ne s'est cependant «pas accentué» depuis deux ans, a tempéré Louis Maurin, directeur de l'Observatoire, lors d'une conférence de presse. «Le modèle social français a un peu amorti le choc».

    Une réforme de l'école préconisée

    Le «rapport sur les inégalités» de 175 pages recense les données disponibles dans d'autres domaines (éducation, chômage, logement, patrimoine, santé ...) et dresse un constat qui se veut «nuancé». Il présente dans un tableau des domaines où les inégalités sont en hausse (+ 950 000 personnes pauvres entre 2004 et 2014, taux de chômage des 20-24 ans en hausse de 3,3 points entre 2005 et 2015), d'autres où elles stagnent et des domaines où elles diminuent (part des filles à l'université, part de femmes maires, écart d'espérance de vie entre hommes et femmes).

    Le rapport ne fait pas de recommandations, se voulant un outil de réflexion et d'action pour la nouvelle majorité. Mais pour Louis Maurin, une réforme utile pour réduire les inégalités serait une profonde «modernisation» de l'école, avec «beaucoup moins de notation» et plus d'encouragement des élèves, pour lutter contre le «tri social» qui s'y fait.