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«Le gouvernement n’a pas su restaurer l’autorité républicaine», regrette Jean-Pierre Chevènement

+VIDEO. Manifestations policières, autorité de l’Etat... Jean-Pierre Chevènement, qui publie « Un défi de civilisation » (Fayard, octobre 2016), est « L’Invité des Echos ».

Par Les Echos

Publié le 20 oct. 2016 à 10:45

Alors qu’une nouvelle nuit de manifestations policières a eu lieu dans plusieurs villes de France, afin de réclamer davantage de moyens, Jean-Pierre Chevènement, qui a été plusieurs fois ministre, dont celui de l’Intérieur, déclare comprendre ce mouvement et s’en inquiéter. « Le gouvernement est pris face à la multiplication des fronts  : les attentats terroristes dont la prévention requiert beaucoup de moyens, les manifestations de violence, les zadistes (...), la jungle de Calais... ». Considérant que les forces de l’ordre sont trop sollicitées, il dénonce «  l’attitude violente à l’égard de la police [ce qui], est hautement répréhensible ».

Dans ce contexte, le gouvernement, qui tente de réagir à l’exaspération des forces de l’ordre, a proposé une concertation avec les acteurs concernés dès lundi prochain. Des réunions qui doivent se tenir dans chaque département. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a indiqué, cité par l’AFP, qu’un « plan sécurité publique dédié aux policiers et aux gendarmes », sera présenté dès le mois prochain.

« L’idée d’ateliers départementaux, c’est le souci de restaurer une capacité de dialogue », salue Jean-Pierre Chevènement. « Mais le problème ne ressort pas seulement du dialogue  : c’est la somme des efforts que la police doit consentir pour faire face à cette radicalisation violente de la société, particulièrement de la jeunesse ». Au-delà de l’actualité récente, l’homme politique pointe le climat politique et social  : « La police ne peut pas être le dernier rempart de l’ordre dans tous les domaines. (...) Si on ne restaure pas quelques valeurs républicaines, comme le civisme, le patriotisme - l’un et l’autre allant de pair -, le sens des responsabilités... ».

« Cela aurait été de la responsabilité du gouvernement de le faire. Mais il ne l’a pas vraiment fait car il n’a pas compris que nous étions au bout de ce cycle libéral-libertaire dont il procède largement lui-même. (...) Le gouvernement n’a pas pris le virage de la restauration de l’autorité républicaine », ajoute-t-il.

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« L’Invité des Echos »  : l’émission intégrale

Extrait n°1 - « Les forces de l’ordre sont trop sollicitées, c’est presque inhumain ».

« Les forces de l’ordre sont trop sollicitées et je pense que les Français devraient avoir conscience de l’effort que cela demande au ministre de l’Intérieur d’abord, mais aussi à l’ensemble des forces de police. C’est presque inhumain », estime Jean-Pierre Chevènement.

Extrait n°2 - « Il faut clore la parenthèse du cycle Mai 68 »

Pour décrire le climat dans lequel se trouve la France, Jean-Pierre Chevènement, qui publie « Un défi de civilisation » (Fayard, octobre 2016), estime que ce n’est pas le quinquennat de François Hollande qui est en cause, mais le « cycle des idées libérales-libertaires »  : « On a mis en avant des slogans passablement absurdes - « il est interdit d’interdire » - et c’est devenu en quelque sorte la doxa générale. Tout le monde trouvait cela bien, sympathique, moderne... Nous sommes au bout de ce cycle. La France entre dans une période difficile ».

Répondant à la question de savoir si la France arrive au bout du cycle de Mai 68, M. Chevènement considère que « oui. Et je pense que nous avons intérêt à clore la parenthèse et à aller vers un redressement du pays à la lumière des grandes valeurs républicaines, solides ».

Extrait n°3 - « La politique est aujourd’hui absorbée par les exigences de la communication »

« La politique est aujourd’hui absorbée par les exigences de la communication. Un homme politique, avant d’avoir une idée qui réponde à une situation et à une vision d’ensemble de long-terme, se dit qu’il a un coup à faire et appelle un journaliste qu’il connaît bien (... afin de) lancer dans les médias une boule qui va surprendre tout le monde », critique Jean-Pierre Chevènement. « On est dans le court-terme, nous sommes partout dans le court-terme (...) ».

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