C'est un Jean-Pierre Raffarin déchaîné qui a déboulé au pupitre. Entre les piques adressées à Nicolas Sarkozy - "je me souviens lui avoir donné des cours de leadership, malheureusement il ne les a pas suivis" - et les compliments envoyés à Emmanuel Macron, l'ancien Premier ministre, grand sinophile, n'avait pas de mots assez forts pour tresser des lauriers à Pékin. "J'adore les Chinois, ce sont les seuls qui applaudissent les discours avant qu'on les prononce", a-t-il ironisé en préambule avant de se faire plus prosélyte et de louer le "multilatéralisme" et "le sens des responsabilités" de son ami chinois. Après lui, d'autres personnalités comme le président du Club Med, Henri Giscard d'Estaing ou le Directeur général d'Axa, Thomas Buberl, ont rivalisé de formules positives - et assez convenues - pour dire tout le bien qu'ils pensent de la Chine.
Ce grand barnum qui a réuni près de 300 personnes était organisé par la China Europe International Business School (CEIBS) et la la CCI Paris-Ile-de-France. Il intervenait trois jours après les déclarations offensives de Xi Jinping et Emmanuel Macron pour renforcer la coopération franco-chinoise. En marge du G20 de Hambourg, le président chinois a ainsi appelé à ce que les deux pays renforcent leur coopération en matière d'énergie nucléaire, d'aérospatiale, d'agriculture et de développement durable. Le président français avait de son côté rappelé que les relations bilatérales "n'ont jamais été aussi bonnes". Un avis que confirme un diplomate français. "Macron veut que la France et la Chine deviennent de vrais partenaires. Et l'inverse est aussi vrai. La Chine tente de profiter de l'isolement des Etats-Unis sur la question du climat pour devenir un partenaire de confiance et montrer qu'elle est prête à reprendre le flambeau de la lutte contre le réchauffement climatique".
Macron à Pékin début 2018
Au cours de leur entretien samedi, Emmanuel Macron et Xi Jinping ont justement exprimé leur volonté de mener à bien des projets communs dans les énergies renouvelables. Le chef de l'Etat français a par ailleurs insisté lors de sa conversation avec son homologue pour que "la relation franco-chinoise se fasse sous le signe de la franchise, de la réciprocité et de la prévisibilité". Il a accepté de se rendre en Chine "à la fin de l'année ou au début de 2018". "Ce sera un moment important, poursuit ce même diplomate. L'objectif sera d'aller encore plus loin dans cette relation de confiance et d'officialiser plusieurs contrats, notamment en matière environnementale".
Une visite qui pourrait encore booster des échanges commerciaux franco-chinois dans le vert ces dernières années. Après un léger repli en 2013, ils sont aujourd’hui en forte progression (+9,3% en 2015). La Chine reste ainsi l’une des zones les plus dynamiques pour le commerce extérieur français, avec une croissance de +10,9% de nos exportations en 2015, bien supérieure à celle de nos exportations totales (+4,0%). Si l’aéronautique continue de constituer plus d’un tiers (36%) de nos ventes vers la Chine, nos exportations de biens de consommation dans les secteurs identifiés comme prioritaires (agroalimentaire, santé et cosmétiques notamment) sont en forte hausse depuis plusieurs années.