Les jouets ont-ils un sexe ?
Lucien Fauvernier
Sciences Humaines N° 261 - Juillet 2014
L’industrie du jouet propose aux plus jeunes un monde fait de rose et de bleu. Elle semble ainsi faire le lit de stéréotypes éculés. Problème : les enfants en redemandent…
Des petits garçons jouant à la poupée ou à la dînette, des petites filles avec une grue ou une voiture télécommandée… À l’approche de Noël 2012, le catalogue de jouets édité par les supermarchés Super U détonnait : il était « non sexué ». Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux et les médias s’embrasent : d’un côté, on se félicitait qu’une enseigne rompe enfin avec les stéréotypes. De l’autre, on dénonçait une « propagande » en faveur de la « théorie du genre ».
L’origine des catalogues roses et bleus
Les initiatives comme celle de Super U (renouvelée en 2013) restent marginales dans le monde du jouet, ou les clivages filles/garçons continuent de jouer à plein. Et à ceux qui penseraient que ce n’est là que le reflet de la réalité, la sociologue Mona Zegaï (1), qui mène des enquêtes sur les catalogues et leur histoire, rappelle qu’ils n’ont pas toujours été déclinés en pages roses et bleues. Il y aurait même, dans cette catégorisation, une forme de retour en arrière, puisqu’à l’issue des événements de mai 1968, la plupart des catalogues de jouets pour enfants étaient relativement neutres dans un contexte social de promotion de l’égalité des sexes. Le recours massif aux couleurs rose et bleu, indiquant « aux enfants à quel sexe s’adresse tel [...]
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De plus, si les enfants sont contents de ces stéréotypes il me semble qu'il faut pousser l’investigation plus loin : pourquoi sont ils contents ? Peut être parce que nous sommes conditionnés dès notre naissance à être un homme ou une femme.