C’est la fête au musée d’Orsay

Cette année c’est la fête impériale au musée d’Orsay, les crinolines sont de sorties, les lumières brillent de mille feux et la musique chante. Le Second empire dévoile ce qu’il a de plus festif pour redorer son image parfois décriée.

Comme souvent le musée du XIXème siècle qui fête ses 30 ans, ne fait pas les choses à moitié. A travers une scénographie spectaculaire, le visiteur est plongé en immersion dans les fastes des fêtes de ce Second Empire dont la force reposait sur son image.

Le Prince président, neveu de Napoléon Ier, arrive au pouvoir par les urnes et par la force, mais il n’a que son nom pour asseoir

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Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873, d’après) 1855 Versailles, Musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

sa légitimité, pas de batailles glorieuses ou de gloires personnelles. Louis Napoléon, devenu Napoléon III en 1852 va donc se construire lui-même une image de pouvoir, s’appuyant sur sa belle et douce épouse, Eugénie, puis son fils, le future de l’Empire. Il magnifie chacune de ses apparitions, transformant son règne en festivités joyeuses et attrayantes et en mettant en avant la modernité de son régime.

 

Tous les aspects de cette société de représentation, de spectacles et d’arts sont mis en avant. Les aspects les plus positifs seulement, la misère du peuple, la souffrance des campagnes, la censure, tout cela il n’en est pas question dans cette exposition. Rien que ce qui brille ! On découvre les luxueux décors éphémères élevés dans Paris pour célébrer les victoires de l’armée en Italie et associer la population à la fête. Mais il y a aussi les décors permanents, tous ces palais impériaux décorés avec fastes (Tuileries, Fontainebleau, Compiègne, Pierrefonds). C’est le retour du goût pour le fastueux XVIIIème siècle, lié entre autres à la fascination de l’impératrice Eugénie pour la personne de Marie-Antoinette. Elle cherche chez les antiquaires des meubles et des objets liés à la souveraine et quand elle ne trouve pas, elle commande des copies. Mais le XVIIIème siècle n’est pas la seule période historique à recevoir les faveurs du goût impérial. C’est un goût finalement très éclectique qui se met en place, avec une re-re-redécouverte de l’Antiquité et les décors à l’antique dont La villa pompéienne du prince Napoléon-Jérôme est la parfaite illustration ; mais il y a aussi le néo-gothique dont l’architecte Viollet-le-Duc est le chantre. Cet éclectisme se retrouve dans la richesse des décorations des intérieurs.

On rencontre les personnalités de l’époque à travers une galerie de portraits virtuoses. Tantôt réaliste et sobre comme chez Cabanel ou d’une grande modernité avec Monet et Manet. C’est l’image d’une société de cour où l’image de soi est primordiale qui se reflète dans cette galerie.

On plonge dans les merveilles du théâtre de l’époque, on croise la fabuleuse Rachel, l’Opéra de Garnier se construit et symbolise parfaitement la grandeur du régime, et on y entend la musique de Verdi, Wagner ou Bizet ; la folie des bals bat son plein et la comtesse de Castiglione exhibe ses plus beaux costumes.

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Gustave Boulanger Répétition du « Joueur de flûte » et de la « Femme de Diomède » chez le prince Napoléon © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Adrien Didierjean

On rentre dans une petite salle où l’accrochage est fidèle à ceux du XIXème siècle, avec des tableaux plein les murs, du sol au plafond. On plonge dans l’effervescence des Salons où les peintres présentaient leurs œuvres dans l’attente de commandes officielles et de reconnaissance, et où il était de bon ton de se montrer. Voici le goût académique de Cabanel, Gérôme ou Bougereau qui longtemps souffrirent de cette image avant d’être redécouvert il y a quelques années. Mais face au nombre croissant de peintres de la modernité refusé, l’Empereur autorise l’ouverture d’un Salon des refusés en 1863 où nous retrouverons Manet et Le déjeuner sur l’herbe… L’exposition se termine dans un tourbillon de beaux objets, hommage au savoir-faire français présenté lors des Expositions universelles de 1855 et 1867 au Palais de l’Industrie. Le succès croissant des objets manufacturés annonce le rôle croissant de l’industrie dans l’histoire des arts décoratifs au XXème siècle.

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Henri Baron Fête officielle au palais des Tuileries pendant l’Exposition Universelle de 1867 © RMN-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Droits réservés

Puis vient déjà le temps de sortir de cette bulle de fêtes et de retrouver la vraie vie, mais pas une seconde je ne me suis ennuyée. Le musée d’Orsay renoue avec sa tradition de grande exposition sténographiée et c’est un plaisir, car c’est un véritable voyage qui nous ai proposé. Même si les défauts de son régime sont occultés, cela fait aussi parfois un peu de bien de se concentrer sur les points positifs et la lumière.

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L’Impératrice Eugénie en costume du XVIIIe siècle WINTERHALTER Franz-Xaver

Spectaculaire Second Empire Musée d’Orsay 27 septembre 2016 – 15 janvier 2017

Commissariat général
Guy Cogeval, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Commissariat
Yves Badetz, conservateur général au musée d’Orsay et directeur du musée Ernest Hébert Paul Perrin, conservateur au musée d’Orsay Marie-Paule Vial, conservateur en chef du patrimoine honoraire

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