Deux ans requis contre un présumé jihadiste

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BellinzoneDeux ans requis contre un présumé jihadiste

Le verdict sera rendu vendredi en début d'après-midi mais le jeune accusé a bénéficié du témoignage favorable d'un policier.

Le Tribunal pénal fédéral va juger ce djihadiste présumé de 25 ans.

Le Tribunal pénal fédéral va juger ce djihadiste présumé de 25 ans.

photo: Keystone

Le Ministère public de la Confédération a requis jeudi devant le Tribunal pénal fédéral une peine de deux ans de prison avec sursis contre un présumé jihadiste. Ce jeune Libano-Suisse de 26 ans avait été arrêté à Kloten en avril 2015 avant de prendre un vol pour Istanbul.

Selon la représentante du Ministère public de la Confédération (MPC), tout indique que l'accusé à bien vouloir rejoindre l'Etat islamique (EI). La procureure fédérale n'accorde aucun crédit à la version du jeune homme, qui dit avoir voulu se rendre en Syrie dans un but humanitaire.

Ce procès doit être considéré comme un «précédent». Il importe de faire barrage à toute action de soutien aux organisations terroristes, a déclaré la procureure fédérale.

Selon elle, l'accusé ne s'est pas contenté de témoigner sa sympathie pour l'EI. En prenant contact avec un intermédiaire qui se trouvait sur la frontière entre la Syrie et la Turquie, il a «psychiquement soutenu» l'organisation terroriste, a affirmé la procureure, qui a stigmatisé l'«énergie criminelle élevée» du jeune homme.

Acquittement demandé

L'avocat de l'accusé a demandé l'acquittement de son client et a contesté les charges retenues contre lui. Même un voyage en Syrie ne signifie pas obligatoirement que l'accusé a voulu rejoindre l'Etat islamique, a déclaré le défenseur.

S'il avait été réellement considéré comme un combattant potentiel, le jeune homme aurait dû passer un test. Or, ce test n'a jamais eu lieu, a déclaré l'avocat. Le secret qui entourait ses préparatifs de départ ne prouve pas qu'il voulait aider l'EI, a ajouté l'avocat.

Rien ne prouve, selon lui, que son client aurait fait sienne l'idéologie de l'EI. Les documents retrouvés dans la mémoire de son téléphone portable n'apportent aucune preuve. Il faudrait sinon considérer que chaque personne en possession du «Capital» a des convictions marxistes.

Mon client n'a pas voulu mourir en martyr même s'il s'est longtemps occupé de cette question. Conclure qu'il voulait aller en Syrie pour rejoindre l'EI n'est pas crédible. Il souhaitait rendre visite à ses amis qui s'y trouvaient, a affirmé l'avocat.

Sympathie pour les martyrs

Lors de son audition, le jeune Libano-Suisse a lui aussi contesté les accusations portées contre lui. S'il n'a pas caché sa sympathie pour les musulmans qui choisissent de mourir en martyr, il a toutefois tenu à relativiser ses propres intentions.

En fin de compte, seul Allah décidera si je mourrai aussi en martyr, a-t-il déclaré. Le jeune musulman a aussi expliqué qu'il avait eu l'intention de quitter la Suisse pour se rendre utile et a affirmé qu'il n'avait eu aucune intention de tuer.

Réagissant à ces déclarations, la représentante du Ministère public de la Confédération (MPC) a relevé qu'une analyse du profil Internet de l'accusé a mis en évidence «d'intenses recherches en rapport avec l'EI». En revanche, il n'y avait rien qui pourrait démontrer une éventuelle préoccupation d'oeuvrer à un soutien humanitaire, a déclaré la procureure fédérale.

Témoignage favorable

Un représentant de la police cantonale de Zurich, également auditionné, a donné un témoignage plutôt favorable à l'accusé. Chargé d'un programme de prévention d'actes de violence, l'agent avait réussi à établir un rapport de confiance avec l'accusé.

Il a affirmé que ce dernier s'est toujours comporté correctement et qu'il était ponctuel. S'il est bien encadré, ce jeune homme peut respecter l'ordre juridique suisse, a affirmé l'agent.

Verdict vendredi

Selon le policier, le jeune accusé est une personne qui a eu passablement d'échecs dans la vie et qui n'a eu qu'une formation plutôt rudimentaire.

Le verdict sera rendu vendredi en début d'après-midi. Tant le Ministère public de la Confédération que la défense pourront ensuite recourir en dernière instance au Tribunal fédéral. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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