Côte-d'Or - Faits divers Dijon : les amis de Mika, jeune SDF décédé, sont "abasourdis"

Suite au décès d’un jeune sans domicile fixe, survenu jeudi rue Faubourg-Raines à Dijon, ses amis sont perdus entre incompréhension et tristesse.
N. R. - 02 sept. 2014 à 05:08 - Temps de lecture :
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Devant les panneaux de bois placés devant un commerce, rue de la Liberté, figurent des dizaines d’inscriptions en l’hommage du jeune SDF. Photo N. R.
Devant les panneaux de bois placés devant un commerce, rue de la Liberté, figurent des dizaines d’inscriptions en l’hommage du jeune SDF. Photo N. R.

Rue de la Liberté, 10 heures. Alors que les passants sont nombreux à circuler en ce lundi matin, en face des Galeries Lafayette, quatre jeunes sont assis à même le sol. L’un d’entre eux, le visage sombre, a les yeux fixés sur un mur. Les autres échangent trois mots, roulent une cigarette. Trois chiens sont à leurs côtés. Derrière eux, une forme de paravent en bois est recouvert de dizaines d’inscriptions au marqueur noir en l’hommage de Mika. Ce dernier, âgé de 26 ans, s’est donné la mort vendredi dernier rue Faubourg-Raines.

Les amis du jeune homme sont abasourdis. « Je savais qu’il n’allait pas bien, mais de là à faire ça… », lance Tino. Ce dernier évoque l’interpellation de son « pote », survenue jeudi, à quelques mètres de là où il est assis. « Des policiers sont venus nous contrôler, Mika s’est levé et a pris son sac pour partir. Un policier lui a mis la main sur l’épaule pour le retenir, c’est là que Loubard, son chien, a mordu. Ensuite, plusieurs policiers sont venus en renfort et ont emmené Mika en dégrisement. »

Pour les amis du défunt, remis en liberté vendredi matin, ce n’est pas son interpellation qui a amené le jeune SDF à se suicider, mais surtout la séparation de son chien, placé dans un refuge SPA. L’un d’eux, Fred, explique : « C’était sa seule famille, toute sa vie. Et puis son meilleur pote, Seb, 28 ans, est mort dans la rue il y a trois semaines. Mika ne s’en est jamais remis. » Un autre jeune arrive. Dom, 30 ans, est dans la rue depuis le mois de mars. Il connaissait Mika depuis deux mois. Lorsque ses amis lui annoncent le décès de ce dernier, il demeure prostré, incrédule. Aux bords des larmes, il balbutie : « Deux morts en un mois, c’est trop, c’est trop… De toute façon, quand on disparaît, c’est dans l’indifférence totale. Ça a été le cas pour Seb, il n’y avait quasiment personne pour ses obsèques. Dans la rue, les gens font mine de ne pas nous voir. C’est comme si on était transparents… »

Fred se rapproche et lâche : « On en a marre des contrôles de police incessants. Tout l’été, ils ont été sur notre dos. Il paraît qu’ils ont reçu des consignes. Il y a des jours où on a trois ou quatre amendes en une journée, juste pour avoir tenu une bière à la main ! »

Parmi les passants, nombreux sont ceux qui ne sont pas au courant du décès de Mika. Certains l’ont lu dans le journal. « C’est triste », lâche un retraité qui glisse que les groupes de jeunes avec des chiens sont « intimidants ». Stéphanie, 25 ans, estime quant à elle que les jeunes SDF « qui sont souvent rue de la Liberté » sont « plus à plaindre qu’à blâmer ».

Un cycliste arrête son vélo à hauteur du groupe de jeunes. Il explique : « J’ai vécu dans la rue, mais j’ai fini par m’en sortir. Mika, je ne le connaissais pas. Mais ça fait un mort de plus, un mort de trop. Ça me fait penser à la chanson de Calogero qui dit « Pour nos frères plus jamais ça ». Dans une ville comme Dijon, seuls ceux qui paient leurs taxes sont intéressants. On ne tolère plus tout ce qui dépasse. »

Ce samedi, les amis de Mika comptent organiser une marche blanche dans les rues de Dijon pour leur pote disparu.