BFMTV
Gouvernement

Affaire des assistantes parlementaires: Le Roux convoqué par Cazeneuve

Bruno Le Roux a embauché ses deux filles comme collaboratrices parlementaires alors qu'il était député de Seine-Saint-Denis. Deux jeunes filles encore lycéennes ou étudiantes.

La réaction a été immédiate. Bruno Le Roux, l'actuel ministre de l'Intérieur, est convoqué mardi matin par Bernard Cazeneuve à Matignon après les révélations sur l'emploi de ses filles comme assistantes parlementaires lorsqu'il était député de Seine-Saint-Denis. Une affaire suivie de très près par l'Elysée. François Hollande et le Premier ministre se sont appelés à deux reprises lundi soir et mardi matin, selon l'entourage du président de la République.

Preuve du malaise, l'agenda de Bruno Le Roux de ce mardi a été largement modifié. Présent au Sénat, le ministre de l'Intérieur avait annoncé un point-presse à 10 heures, un rendez-vous annulé au dernier moment. Il devait ensuite rejoindre Bernard Cazeneuve à une inauguration à l'Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice, à l'Ecole militaire dans le VIIe arrondissement de Paris. Evénement auquel le Premier ministre est arrivé seul. Enfin, une visite à Cergy-Pontoise a aussi été annulée.

Des dates de contrat qui interpellent

Lundi soir, l'émission de TMC, Quotidien, révélait l'existence de contrats, des CDD, au nom des deux filles de Bruno Le Roux. L'une a accumulé 10 CDD, l'autre 14. Si la pratique n'a rien d'illégale, c'est la véracité de ces emplois comme collaboratrices parlementaires de leur père qui resterait à prouver. L'aînée a débuté ces missions dès l'âge de 15 ans à la fin de son année de seconde. La cadette à 16 ans. 

"Bien entendu, j'ai mes filles qui ont travaillé avec moi sur des étés, notamment, ou des périodes de vacances scolaires, mais jamais en permanence", a rétorqué Bruno Le Roux, qui, selon RTL, n'avait pas prévenu Bernard Cazeneuve de la diffusion de l'information.

Outre l'âge des collaboratrices, ce sont certaines dates de ces missions qui interrogent. En effet, entre juin et septembre 2013, déjà en stage en entreprise chez Yves Rocher à Bruxelles, l'aînée était également embauchée par l'Assemblée nationale. En mai 2015, sa soeur cadette était, elle, scolarisée en classe préparatoire aux grandes écoles et ne disposait que de deux semaines de vacances. Suffisant, semble-t-il, pour conjuguer avec des tâches de travail parlementaire.

"Chaque contrat faisait l'objet de missions qui ont été honorées (...), puisque ces missions ont pu être effectuées en horaires renforcés avant et après le stage, et en travail à distance durant le stage (travail de rédaction, mise à jour de fichiers, recherches, etc.) et durant plusieurs jours supplémentaires à l'automne", a répondu le cabinet du ministre, selon des propos rapportés par Quotidien.

55.000 euros

Au total, entre 2009 et 2016, les deux filles de Bruno Le Roux, aujourd'hui âgées de 20 et 23 ans, auraient touché 55.000 euros. "Pas d'amalgame" avec l'affaire Fillon, a martelé le ministre auprès des journalistes de l'émission. "On parle d'un boulot d'été auprès d'un parlementaire, a -t-il également insisté. Et quand il faut faire du classement, quand il faut faire un certain nombre de tâches parlementaires, je trouve que c'est une bonne école de faire ça."

Même son de cloche du côté des proches du locataire de place Beauvau: "Je considère que si ses filles ont travaillé, à ce moment-là, nous sommes dans la légalité. Il ne faut pas confondre légalité et moralité", rappelle Kader Arif, député PS de Haute-Garonne.

Dans l'opposition, sans lancer de pique virulente, on en appelle à la justice. Selon nos informations, le parquet national financier n'a pas encore ouvert d'enquête mais étudie les éléments diffusés dans la presse.

Justine Chevalier