Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« La Ve République reste profondément sexiste »

Dans une tribune au « Monde », la docteure en sciences politiques Eugénie Mérieau estime que, même si la nouvelle Assemblée nationale compte 38,8 % de députées, la fin de la division sexuelle du travail politique n’est pas pour demain.

Publié le 20 juin 2017 à 06h38, modifié le 31 juillet 2017 à 15h00 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Dans la salle des Quatre-Colonnes à l’Assemblée nationale.

TRIBUNE. La parité : juste un nombre ou plutôt un pourcentage érigé en indépassable horizon. Cinquante pour cent de femmes. Pour la première fois dans l’histoire de la France, l’Assemblée nationale compte plus d’un tiers de députées : 38,8 %. La quinzième législature sera donc « presque paritaire ».

Ce record historique propulse la France parmi les vingt pays comptant le plus de femmes au Parlement, entre l’Angola et le Timor oriental. Le Rwanda, Cuba et les pays nordiques trustent le haut du classement, sans qu’aucun jamais n’atteigne la barre des 50 %. Comme tout horizon, la parité, dans son essence même, n’a pas vocation à être atteinte, et encore moins dépassée. Le plafond de verre des 50 %, asymptote mondiale, rappelle le caractère universel de la domination masculine sur les processus politiques.

En France, depuis l’avènement de la Ve République, la proportion de femmes à l’Assemblée a progressé, d’un peu plus de 1 % durant la première législature en 1958 à 27 % au cours de la législature sortante, ce qui plaçait la France en 63e position (sur 191 pays), à égalité avec l’Algérie et le Turkménistan.

Hiérarchie « genrée » du pouvoir

Le vote de la loi sur la parité, en 2000, a indéniablement permis d’accélérer le processus de féminisation de l’Assemblée. Néanmoins, le texte ne porte que sur le nombre de candidates effectivement présentées, non sur le nombre d’élues. L’article premier de la Constitution, qui en résume l’esprit, dispose en effet que « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». C’est ainsi qu’au niveau local, les femmes figurent rarement en tête de listes par ailleurs paritaires. Le résultat est éloquent : 84 % des maires sont aujourd’hui des hommes, tout comme plus de 90 % des présidents d’intercommunalités.

De la même manière, aux élections législatives, les partis politiques peuvent se targuer de respecter la lettre de la loi tout en réservant les circonscriptions « gagnables » à leurs candidats masculins. Lors des élections législatives de 2017, la progression du nombre d’élues n’est pas l’effet d’une application plus rigoureuse de la loi sur la parité – la proportion de candidates étant sensiblement la même qu’en 2012, comme le souligne un rapport du Haut Conseil à l’égalité –, mais de l’inflexion notable du ratio candidates/élues, notamment pour les candidates de La République en marche.

Mais le nombre de femmes au Parlement n’est pas tout. Tout comme la parité du foyer n’implique pas une répartition paritaire des tâches, au Palais-Bourbon, la parité numérique ne se mue pas mécaniquement en parité réelle ou « qualitative ».

Il vous reste 45.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.