Hauts-de-Seine : pour qui voteront vos maires au second tour ?

L’écrasante majorité des élus utilisera le bulletin Macron. Sans hésitation pour certains, de mauvaise grâce pour d’autres. Et quelques-uns ont décidé de ne pas se dévoiler.

 Illustration. Parmi les 36 maires du département, peu utiliseront le vote blanc.
Illustration. Parmi les 36 maires du département, peu utiliseront le vote blanc. LP/Olivier Corsan

    « Les Français n'ont pas besoin de consignes de vote. Mais les électeurs ont le droit de savoir le vote de leurs élus ». La phrase est signée Patrick Devedjian, président (LR) du conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui a appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le soir du premier tour. Si certains élus ont pris publiquement position comme lui, d'autres préfèrent ne pas nommer le candidat d'En Marche ! Et appellent plutôt à faire barrage au FN. D'autres encore envisagent le vote blanc… ou ne souhaitent pas se dévoiler. Voici la position de 35 des 36 maires des Hauts-de-Seine.

    Macron nommément

    Pour le maire (LR) de Boulogne Pierre-Christophe Baguet, le choix est fait depuis le premier tour : ce sera Macron.(LP/P.L.)

    Le plus « macroniste » des maires est sans aucun doute Denis Badré (MoDem), à Ville-d'Avray, qui a commencé à faire campagne avant même l'issue du premier tour. Il espère que « les électeurs ont compris l'incompétence de Madame Le Pen après le débat » de ce mercredi soir. Dès les résultats du premier tour connus, d'autres élus ont décidé de faire connaître leur position. Comme Pierre-Christophe Baguet, maire (LR) de Boulogne-Billancourt, qui a clairement exprimé ses intentions sur sa page Facebook. « Je voterai Emmanuel Macron au second tour », a-t-il écrit.

    A Rueil-Malmaison, le choix est « clair » pour Patrick Ollier, député-maire (LR). A Suresnes, Christian Dupuy (LR) « appelle ceux qui [lui] font confiance à voter Macron sans hésiter ». Idem pour Grégoire de la Roncière, maire (LR) de Sèvres, qui apportera son suffrage à Emmanuel Macron. « A titre personnel, mais aussi en tant que maire », précise l'édile (LR) qui assure néanmoins ne jeter « aucunement l'opprobre aux électeurs qui n'ont pas la même opinion ».

    A Antony, Jean-Yves Senant (LR) n'a pas donné publiquement de consigne à ses administrés parce qu'il « s'occupe de la politique locale ». Mais il a fait son choix : Emmanuel Macron. « Il n'est pas bon d'être flou sur le sujet, estime-t-il. Il ne faut laisser aucune chance à Marine Le Pen ». Fervent soutien de François Fillon, le maire (LR) de Clamart Jean-Didier Berger votera « sans illusion » pour Emmanuel Macron, comme il l'explique dans un billet posté sur son blog.

    Même état d'esprit pour Jean-Jacques Guillet, député-maire (LR) de Chaville, et Philippe Juvin, député européen (LR) et maire de La Garenne-Colombes. « Voter pour le candidat de François Hollande Emmanuel Macron ne doit pas m'obliger à l'applaudir même quand il est mauvais », écrit ce dernier sur son compte Twitter.

    « Il n'est pas bon d'être flou sur le sujet », estime Jean-Yves Senant, maire (LR) d'Antony. (LP/J.Va.)

    Les centristes du département épousent résolument la position de l'UDI. Comme Hervé Marseille, à Meudon, qui assure la direction du parti dans le département. « Dès le soir du premier tour, nous avons appelé à faire barrage à madame Le Pen et à voter pour monsieur Macron », rappelle-t-il. Un « choix évident » également pour le maire (UDI) de Montrouge Etienne Lengereau, et pour celui (UDI) de Vanves Bernard Gauducheau, qui a appelé à titre personnel à « voter et faire voter » pour Emmanuel Macron. Idem pour Patrick Donath (UDI) à Bourg-la-Reine, tout comme Laurent Vastel (UDI) à Fontenay-aux-Roses. A Sceaux, où Philippe Laurent (UDI) fustige l'abstention ou le vote nul, qui « revient à donner sa voix à Marine Le Pen ». Le député-maire (UDI) d'Issy-les-Moulineaux André Santini appelle quant à lui à voter pour Emmanuel Macron « sans lui donner de blanc-seing ».

    Le maire (DVD) de Neuilly Jean-Christophe Fromantin a été critiqué de façon virulente sur les réseaux sociaux après sa prise de position pour Macron. (LP/F.H.)

    Il a fallu qu'il se défende : le député-maire (DVD) de Neuilly Jean-Christophe Fromantin a indiqué qu'il voterait pour Emmanuel Macron et qu'il souhaitait ensuite s'inscrire dans une opposition constructive. Pour répondre aux réactions très violentes que sa prise de position a suscité sur les réseaux sociaux, il a ensuite posté un message sur Twitter « à tous ceux qui donnent des leçons derrière leur PC ».

    A tous ceux qui donnent des leçons derrière leur PC

    Et du côté de la gauche? A Gennevilliers, où Mélenchon a fait son meilleur score d'Ile-de-France au premier tour (47 %), pas question pour le maire Patrice Leclerc (PCF) de voter blanc ou de s'abstenir. Il faut « infliger une écrasante défaite à l'extrême droite ».

    Le maire de Nanterre Patrick Jarry (Gauche citoyenne), également soutien de Mélenchon, agira aussi « sans hésitation » : « J'utiliserai le bulletin de vote Emmanuel Macron dans le seul but d'empêcher le Front national d'arriver au pouvoir, ou même de réaliser un score qui défigure la France ».

    Macron du bout des lèvres

    A Colombes, Nicole Goueta (LR) va « faire barrage au FN » et « appliquer les consignes du parti ». Mais elle ne se risquera pas à donner une consigne de vote, même à sa majorité municipale. Le maire (LR) d' Asnières Manuel Aeschlimann a également indiqué qu'il « appliquera les consignes de son parti. »

    Joëlle Ceccaldi-Raynaud (LR), à Puteaux, ne demande pas à ses sympathisants de voter nommément pour Emmanuel Macron. Tout en nuance, l'élue appelle néanmoins sur son compte Twitter « au rassemblement contre toutes les formes d'extrémisme ».

    A Levallois, Patrick Balkany (LR) ne donne pas non plus explicitement de consigne « puisqu'il ne l'a jamais fait » : « Les Levalloisiens sont suffisamment intelligents pour savoir ce qu'ils doivent faire, il suffit de regarder le score de Marine Le Pen qui fait moins de 7 % au premier tour ». Jacques Kossowski, maire (LR) de Courbevoie, invite les électeurs de la droite à faire preuve de « responsabilité ».

    Dans une déclaration commune, Marie-Hélène Amiable et Jacqueline Belhomme, maires PCF de Bagneux et de Malakoff, appellent à « barrer la route à l'extrême-droite » et appellent à utiliser le « seul bulletin disponible pour cela. »

    Ne se prononcent pas

    Il a été « profondément dégoûté » par la campagne. Alors le maire (LR) de Châtillon, Jean-Pierre Schosteck, optera « vraisemblablement » pour le vote blanc. « Les deux équipes me révulsent. Le FN pour des raisons évidentes, mais Emmanuel Macron est un produit marketing. Il représente le flou absolu », tacle-t-il. Bulletin blanc également pour Yves Révillon, maire (LR) de Bois-Colombes, qui ne souhaite pas « voter par défaut ».

    « Les deux candidats me révulsent », avance le maire (LR) de Châtillon, Jean-Pierre Schosteck, qui votera sûrement blanc. (LP/P.A.)

    Manifestement également tenté par le vote blanc, Eric Berdoati, maire (LR) de Saint-Cloud, qui « n'a jamais voté de sa vie pour le FN, ni pour la gauche », ne donne pas de consigne. « C'est une pratique d'un autre âge, lâche-t-il. Je n'appelle pas à voter Macron, mais à éliminer Le Pen. J'ai eu honte pour mon pays en suivant leur débat télévisé ».

    Moins disert, Jacques Gautier, sénateur-maire (LR) de Garches, ne s'exprime pas « publiquement » sur ses intentions de vote. Même position pour Christiane Barody-Weiss, maire (DVD) de Marnes-la-Coquette,Virginie Michel-Paulsen, la maire (DVD) de Vaucresson et Rémi Muzeau, maire LR de Clichy. « Aucun des deux candidats ne me convient mais je voterai pour éviter le pire », répond seulement l'élu.

    Au Plessis-Robinson et à Villeneuve-la-Garenne, où le FN a fait ses moins mauvais scores dans le département, les maires ne se prononcent pas non plus. Au Plessis, Philippe Pemezec (LR) est resté muet sur le sujet. « Il ne prend pas de position publique. Chacun vote en conscience », précise son entourage. Et à Villeneuve, Alain-Bernard Boulanger (LR) « ne donne aucune consigne de vote », font savoir ses services.

    Manque le maire (LR) de Châtenay-Malabry, Georges Siffredi, qui n'a pas pu être joint.