L'épisode de pollution aux particules fines dans le ciel parisien a remis la question de l'environnement, de la place de la voiture, du diesel au cœur de la campagne municipale à Paris. Au-delà des invectives, au-delà des polémiques, que proposent les candidats pour lutter contre la pollution de l'air ? Revue des programmes
ENCOURAGER LE VÉLO, LA MARCHE À PIED, LE COVOITURAGE
Tous les prétendants s’attachent à vouloir changer les modes de déplacements en facilitant la pratique du vélo, la marche à pied, le covoiturage. Le candidat d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Christophe Najdovski, promet de multiplier par cinq l’investissement en faveur du vélo, qui passera de 25 à 125 millions d’euros sur la mandature. Après la création d'Autolib, Anne Hidalgo propose un système de scooter électrique partagé, la multiplication du nombre des Vélib et le doublement du nombre de pistes cyclables, quand NKM veut faire de la petite ceinture « la première boucle cyclable intégrale de 43 km, en site protégé, avec des passerelles vers le centre de Paris ».
Danielle Simonnet, la candidate du Front de gauche s’engage, pour sa part, à développer de vraies pistes cyclables en site propre, à augmenter le nombre de stationnement des vélos et propose même de municipaliser les Vélib pour les rendre gratuits, ainsi que les parkings aux portes de Paris pour développer une tarification incitant les Franciliens à abandonner leur véhicule au profit des transports en commun.
DOPER LES TRANSPORTS EN COMMUN
Mise en place de navettes fluviales, achèvement du bouclage du tramway des boulevards des Maréchaux pour Christophe Najdovski et Anne Hidalgo, et même construction d’une nouvelle ligne de tram longeant la Seine pour l’écologiste, extension des horaires du métro pour NKM… : les concurrents promettent de doper les transports en commun. Anne Hidalgo, Christophe Najdovski et Danielle Simonnet défendent la même idée d’un « pass » donnant accès à tous les modes de transport, Vélib et Autolib compris.
Pour sortir du tout-voiture, les candidats PS et EELV offriraient à ceux qui renoncent à leur véhicule, un an d’Autolib gratuit ou de « Pass Mobilités ». Danielle Simonnet, promet la gratuité des transports toute l’année à ceux dont les revenus sont inférieurs au smic et entend instaurer une tarification unique en Ile-de-France basée sur les zones 1 et 2.
ECARTER LES VÉHICULES LES PLUS POLLUANTS
Reste la question essentielle de la circulation automobile. Anne Hidalgo comme Christophe Nadjovski veulent limiter à 30km/heure la vitesse de circulation dans la majeure partie des rues de Paris, à l’exception des grands axes de circulation, quand Danielle Simonnet veut tripler le nombre de rues piétonnes à Paris « en les ouvrant à la culture et aux associations ».
Au-delà de la vitesse, les candidats entendent évacuer de Paris les véhicules les plus polluants. Tous promettent d’éradiquer le diesel de la flotte municipale et s’engagent à travailler avec la RATP pour que les bus actuels soient remplacés par des hybrides et des électriques.
Pour le reste du trafic, la candidate UMP entend mettre en œuvre une « zone d'actions prioritaires pour l'air » (ZAPA) pour interdire l'entrée dans Paris aux poids lourds et aux cars de tourisme les plus polluants. Solution qu’Anne Hidalgo rejette, qualifiant les ZAPA d’« usine à gaz ». La candidate PS assure néanmoins qu’elle limitera la circulation des poids lourds les plus polluants pour atteindre zéro diesel en 2020.
Et elle affirme réfléchir à un « système de pastilles indiquant le degré de pollution du véhicules », sans plus de précision. La candidate du Parti de gauche, Danielle Simonnet, propose, quant à elle, de « taxer les véhicules selon leur puissance » et d’interdire le transit des poids lourds sur le périphérique via un ferroutage réalisé avec la région Ile-de-France.
Seul Christophe Nadjovski conçoit d’étendre ces restrictions à l’ensemble des véhicules, utilitaires comme individuels. Il souhaite la mise en place « comme à Berlin d’une zone écologique pour la qualité de l’air où les véhicules diesel seront interdits progressivement en commençant par les plus polluants et les plus anciens ». Une mesure qui pourrait s’appliquer à Paris intramuros, puis à la métropole entière en 2016, et qui irait de pair avec la fermeture de la voie Georges-Pompidou.
A rebours de ses adversaires, le candidat du FN, Wallerand de Saint-Just, défend l'automobile, et promet de « rompre avec douze ans de dictature antivoiture », en remettant les voie sur berges rive gauche en circulation, en améliorant la fluidité de la circulation, en réduisant les zone 30, et en augmentant la vitesse sur le périphérique de 70 à 80 km/h. Dès le lendemain de l'élection, 35 000 places minimum de stationnement seraient créées, assure le candidat.
VÉGÉTALISER LA VILLE
C’est aussi par une plus grande végétalisation de la ville, que les candidats entendent améliorer la qualité de l’air à Paris. Anne Hidalgo souhaite que cette source d’oxygène soit plus présente à Paris avec 20 000 arbres supplémentaires sur l’espace public, la création de 200 nouveaux espaces plantés de toutes tailles et de 100 hectares de toitures et façades végétalisées. Danielle Simonet veut créer un troisième bois dans Paris au niveau de la friche industrielle de Chapelle internationale au nord de Paris, et compte fermer toutes les berges de la Seine à la circulation automobile pour les « renaturer ».
Proposant de créer un million de m2 d’espaces verts supplémentaires, NKM s’engage à garantir à 95 % des Parisiens de disposer d’un espace vert à moins de 250 mètres de leur domicile, quand Christophe Najdovski leur promet la présence d’un espace vert « à moins de 5 minutes à pied sur l’ensemble du territoire parisien ».
Le candidat EELV entend pour cela convertir un tiers de l’espace de voirie réservé au stationnement et faire des bois de Vincennes et de Boulogne des « poumons verts » de Paris en les fermant progressivement à la circulation. Au cœur de Paris, il ambitionne de construire un « Central Park » de cinq hectares le long des berges de la Seine.
Seule Anne Hidalgo s'est engagée sur des objectifs chiffrés : une diminution d'ici à 2020, de 40 % les oxydes d’azote, de 28 % les particules fines, et de 40 % les particules très fines.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu