Un faux nom et l'évadé touche l'aide sociale

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LausanneUn faux nom et l'évadé touche l'aide sociale

Un Français de 40 ans a mené une double vie et accumulé les infractions durant sa cavale, de 2003 à 2012. Il a été condamné mercredi.

En septembre 2003, un détenu qui purgeait une peine de 3 ans et 10 mois pour infractions contre le patrimoine s'échappe de la prison de Bellechasse, à Sugiez (FR). Il rejoint une bande qui effectue des virées sur sol helvétique pour voler des voitures de luxe. Selon le Ministère public, entre septembre 2003 et janvier 2004, Mike* a dérobé dix berlines d'une valeur de 814'000 francs. C'est le début d'une époustouflante saga entre la Suisse, la France, l'Argentine et le Maroc. Ses activités délictueuses connaissent une pause en février 2004: la justice hexagonale l'épingle pour vol et violence. Il purge sa peine, puis va s'installer en Amérique du Sud.

Mais la beauté et la quiétude du Léman manquaient trop à cet homme de mère française et de père suisse. En 2007, il réussit la prouesse de se faire délivrer un passeport suisse authentique. En s'octroyant le prénom d'un frère décédé? Le procureur le subodore, mais n'est pas formel. Mike devient Frank*. Cette nouvelle identité offre à l'évadé âgé de 40 ans la virginité judiciaire dont il rêvait. Jusqu'en 2012, il réside, peinard, à Lausanne. Ultime pied de nez aux autorités, il touche le revenu d'insertion d'août à novembre 2009 et deux mois en 2010. Il travaillait comme intérimaire dans des EMS.

L'échafaudage s'écroule en mai 2012, quand un résident signale que le veilleur de nuit a abusé sexuellement de lui. Avant son interpellation, Mike s'enfuit en Argentine. C'est là que les autorités découvrent à quel point elles ont été bernées. En 2013, le délinquant est revenu en Suisse et s'est constitué prisonnier.

* Prénoms d'emprunt

«Aucune considération pour la justice»

Vols en bande et par métier, faux dans les titres, escroquerie, abus de confiance, actes d'ordre sexuel sur une personne incapable de discernement... C'est une liste d'infractions longue comme le bras que le président du Tribunal de Lausanne a énumérée hier. «Vous n'avez aucune considération pour l'ordre social et juridique», a-t-il lancé au prévenu déchu de sa nationalité suisse. Le magistrat n'a pas retenu les accusations de menaces contre les autorités. Mike* va purger une peine de 4 ans ferme.

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