«Les commentaires appellent au secours, parfois les mots sont des larmes/les claviers ça tire, les ordis sont des armes» chantaient Patrick Bruel et La Fouine dans «Maux d’Enfants» pour dénoncer le cyberharcèlement chez les jeunes. Le cyberharcèlement? «Une agression perpétrée par un individu ou un groupe d’individus via des canaux numériques, de façon répétée, à l’encontre d’une victime isolée, dans un but malveillant.»

Ce phénomène, qui impacterait jusqu’à 40% des jeunes selon le ministère de l’Education nationale, est actuellement mis en lumière à l’occasion du Safer Internet Day, le 9 février. Une journée mondiale destinée à sensibiliser le grand public aux risques liés à Internet. En France, de nombreux événements sont organisés, parmi lesquels une journée d’étude «Réagir face aux théories du complot» initiée par Najat Vallaud-Belkacem, des ateliers de code ou encore un colloque «Stop au cyberharcèlement des mineurs» avec la spécialiste en cybersécurité Aroua Biri.

■ Trois conseils de Aroua Biri, spécialiste du cyberharcèlement

Aroua Biri, experte en cybersécurité

Aroua Biri, 34 ans, a abandonné les grands groupes dans lesquels elle a travaillé durant une dizaine d’années en tant qu’architecte sécurité pour se lancer dans l’entrepreneuriat. «Je me consacre désormais à la lutte contre le cyberharcèlement. Via ma future start-up, je voudrais créer une espèce d’ange gardien qui aiderait les jeunes victimes de ce phénomène ainsi que leurs proches» déclare la jeune experte en cybersécurité, qui a livré au Figaro Etudiant ses conseils pour affronter le cyberharcèlement. Et en sortir.

■ 1. En parler à un tiers, parent ou enseignant

«Généralement, la jeune victime est isolée par son harceleur. Il faut absolument rompre cet isolement, soit en parlant à des tiers avec lesquels le jeune est à l’aise, comme les parents ou les enseignants, soit en se tournant vers d’autres interlocuteurs moins proches comme des psychologues ou des dispositifs d’aide par téléphone comme Net Ecoute. L’essentiel est de sortir de la solitude.»

■ 2. Se couper des réseaux pendant quelques temps

«Il ne faut pas se laisser harceler sans réagir. Le mieux, c’est de répondre une fois, fermement, car le harceleur ne risque pas de s’arrêter si sa victime reste sans rien faire. Ensuite, et c’est souvent très difficile pour les jeunes, il faut couper les réseaux sociaux pendant un temps. Le harcèlement est quelque chose qui va très vite, comme une vague qui déferle: en quelques jours, le jeune se replie. C’est à ce moment qu’il faut sortir de cette dynamique, couper Internet pendant quelques jours le temps que ça se calme et en profiter pour en parler autour de soi.»

■ 3. Réfléchir avant de publier du contenu

«L’objectif n’est surtout pas de culpabiliser le jeune victime de harcèlement mais de l’inciter à plus de prudence et l’amener à renouer avec de bonnes pratiques sur Internet. L’idéal est de faire comprendre au jeune qu’il est nécessaire de créer une étape de plus avant de publier du contenu, en se demandant notamment si ce contenu pourrait être utilisé contre lui par une personne malveillante.»