L'Américaine Janelle Monáe et la Britannique Ebony Bones ont chacune sorti leur deuxième album, à une semaine d'intervalle, les 16 et 23 septembre. Deux disques qui redéfinissent, une fois de plus, les contours de la musique noire anglo-saxonne. The Electric Lady (Warner) et Behold, a Pale Horse (La Baleine) proposent des chansons politiques, loin des niaiseries du R'n'B actuel, tout en puisant dans le psychédélique ou dans le punk. Et en allant chercher des musiciens au-delà des frontières : joueurs brésiliens pour Janelle Monáe, orchestre philharmonique en Inde pour Ebony Bones.
Toutes deux ont aussi en commun des origines populaires. Elevée à Kansas City, l'Américaine est la fille d'un éboueur de la ville, la Britannique celle d'un disquaire jamaïquain qui vendait ses vinyles reggae et punk sur le marché de Brixton à Londres. A l'adolescence, elles ont suivi les cours d'une école d'art, the American Musical and Dramatic Academy à New York, où Janelle est entrée comme boursière ; the Sylvia Young Theater School pour Ebony Bones, qui était dans la même classe qu'Emma, des Spice Girls, et qu'Amy Winehouse – "pas vraiment une copine", avoue-t-elle.
Ces deux femmes, que l'on pourrait très facilement qualifier d'afro-punk, tant elles évoluent en dehors des formats et des clichés collés aux chanteuses noires, ont pourtant deux personnalités totalement différentes. Présente à Paris pour donner un concert à la qualité inégale à l'Alhambra le 16 septembre, Janelle Monáe est glaciale en entretien : tirée à quatre épingles, figée dans une attitude robotique qu'elle emprunte au personnage de son disque, l'androïde Cindy Mayweather.
Au lendemain d'une soirée (le 22 septembre) où elle a fait le DJ à 3 heures du matin au Bataclan, Ebony Bones, maquillée comme une voiture volée, coiffure afro blonde, est plutôt pétillante. Et solidaire : "Janelle Monáe fait partie de ces femmes qui ont redéfini la musique, comme Nina Hagen, Siouxsies and the Banshees, Grace Jones, Annie Lennox..., dit-elle. Comme je suis une jeune femme noire, on pourrait croire que les Supremes feraient partie de mes influences, mais non. Moi j'ai toujours trouvé plus de soul dans le punk."
Il vous reste 45.42% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.