Ces jeunes qui refusent le placard
Des adolescents heureux qui vivent ouvertement leur homosexualité à l’école... ça existe
Ils sont jeunes et ouvertement gais, lesbiennes, bisexuels et trans. Nous avons rencontré deux adolescentes qui refusent le placard, se fichent des préjugés, du jugement et des railleries. Gais et heureux à l’école? C’est possible.
Sarah-Maude Roy et Dalhia St-Laurent déambulent main dans la main dans les corridors de l’école Paul-Arseneau, à L’Assomption. En couple depuis décembre dernier, les adolescentes s’imaginent mal retenir un élan d’affection.
«Si ça me tente d’embrasser ma blonde en public, je l’embrasse, je n’y pense même pas. On se fout un peu des commentaires», résume Sarah-Maude, 15 ans.
L’an dernier, lorsque l’adolescente s’est ouvertement affichée lesbienne et amoureuse d’une autre élève, Sarah-Maude a perdu tous ses amis.
«Plusieurs élèves étaient sous le choc», confie-t-elle.
«Au même moment, je me suis fait couper les cheveux très courts. À l’école on me disait: “tu ressembles à un garçon, vas-tu devenir un transsexuel?” Ils sont un peu mêlés avec tout ça», raconte Dalhia en souriant.
Même si elles choisissent de les ignorer, les deux adolescentes observent certaines réactions qui ne sont pas toujours tendres à leur endroit.
«On entend parfois des rires ou des commentaires du genre: “C’est déguelasse!” ou “Tiens! V’là les gouines”, mais généralement, ça se passe bien», raconte Sarah-Maude qui affirme sans broncher ne pas regretter ses choix.
«Si ça peut faire comprendre aux gens qu’il ne faut pas avoir peur de s’afficher, tant mieux. Si on ne le fait pas maintenant, on va avoir peur toute notre vie», argue-t-elle.
Dans l’ensemble, le personnel enseignant a plutôt bien réagi en présence du couple de jeunes lesbiennes.
«La prof d’éthique est très ouverte. Elle est contente que l’on s’affiche. En histoire, l’an dernier, c’était autre chose. Le prof ne voulait pas que l’on s’assoie ensemble, ni que l’on se parle», se souvient Dalhia.
Les deux élèves de troisième secondaire ne sont pas les seules adolescentes à afficher ouvertement leur relation homosexuelle à leur école.
«Il y a un autre couple en secondaire II et l’an dernier, il y avait un couple en secondaire V», décrit Sarah-Maude.
Le directeur Martin Garceau se montre fier de cette avancée.
«Il peut arriver de les voir s’embrasser dans la salle des casiers. Nous sommes ouverts et tolérants, je n’ai pas vu ça dans toutes les écoles», confie le responsable des groupes de deuxième et troisième secondaires à l’école Paul-Arseneau.