La campagne de désobéissance civile qui couve depuis des semaines dans l'ancienne colonie britannique s'est brutalement accélérée au cours du week-end et Hongkong a connu les plus importants troubles civils depuis son passage sous tutelle chinoise en 1997.
Alors que Pékin a annoncé au mois d'août que le président de l'exécutif local serait élu au suffrage universel en 2017, parmi des candidats « patriotes » sélectionnés par le gouvernement chinois, le mouvement d'oppostion ne faiblit pas.
A la veille du 1er octobre, jour de la fête nationale et jour où était initialement prévu le rassemblement du mouvement prodémocratique Occupy Central (« Occupons le quartier des affaires »), la plupart des quartiers de Hongkong sont désormais devenus des terrains de manifestation.
Selon un sondage réalisé par l'Université chinoise de Hongkong, 21 % des quelque 7 millions habitants envisageraient de quitter le territoire autonome sous administration chinoise en raison de son avenir politique incertain. Dans les années ayant précédé la rétrocession de 1997, Hongkong avait été déserté par quelque 60 000 de ses habitants chaque année.
Si, en 1997, la Chine comptait 216 fois plus d'habitants que Hongkong, elle n'avait un poids économique que moins de 6 fois supérieur. Mais, en moins de vingt ans, l'économie chinoise s'est développée à un rythme bien plus rapide. En 2013, le produit intérieur brut (PIB) chinois représentait 33,7 fois celui de Hongkong.
3 %
En d'autres termes, elle pesait pour plus de 18 % dans l'économie chinoise il y a dix-sept ans ; elle n'arrive pas à la barre des 3 % aujourd'hui.
Souveraineté économique
Depuis la rétrocession, Honkong a réintégré la République populaire de Chine, mais la région administrative spéciale a conservé presque tous les attributs traditionnels de souveraineté économique (monnaie, douanes, système juridique et budget).
Hongkong dispose de sa propre mini-Constitution, dite « Basic Law », qui dispose que « le système capitaliste et le mode de vie du territoire demeureront inchangés pour les cinquante ans à venir » – concrètement, seules la défense et les affaires étrangères ont été confiées à Pékin.
Considéré comme entité économique propre, Hongkong exerce une influence qui va bien au-delà de sa taille très modeste (7 millions d'habitants pour 1 000 km²), confirme le ministère des finances français dans sa fiche pays.
« On estime que les hongkongais contrôlent environ 60 000 entreprises employant plus de 10 millions de personnes en Chine du Sud. Dans le même temps, Hongkong s'est transformé en un centre de services de classe internationale ; (...) on estime ainsi que 30 % du commerce extérieur entre la Chine et le reste du monde continue à être géré, directement ou indirectement, par Hongkong. »
Les grandes entreprises tricolores y sont pour la plupart bien établies et la ville abrite l'une des communautés françaises les plus importantes d'Asie estimée à 17 000 ressortissants environ, ajoute Bercy.
La ville est classée en 7e position dans le classement mondial de la compétitivité, établi tous les ans par le Forum économique mondial, la Chine n'arrivant qu'en 28e place.
Vulnérabilité du secteur financier
Reste que l'économie du territoire, largement dépendante des services financiers, est vulnérable à tout revirement des investisseurs. Selon le rapport annuel sur l'investissement dans le monde de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Hongkong demeure la deuxième destination des investissements étrangers en Asie... juste derrière la Chine.
En mars dernier, le géant chinois du commerce Alibaba avait annoncé qu'il ferait son entrée en Bourse à New York et non à Hongkong, un camouflet pour la place financière asiatique.
Les affrontements des derniers jours ont ralenti l'activité économique, de nombreux magasins et entreprises restant fermés, tandis que la Bourse clôturait mardi en baisse de 1,28 %. Depuis un mois, l'indice phare du Hongkong Exchange (HKEx), le Hongkong Hang Seng Index, a perdu environ 8 %.
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