Au commencement...

Au commencement… (Séries) The Night Manager 1×01 & 02

3,5 STARS TRES BIEN

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The Night Manager est un des gros cartons de 2016 pour AMC, qui n’a pas lésiné sur les millions pour s’offrir les plus grands talents du moment. On ose à peine imaginer les sommes négociées par la chaîne pour convaincre Tom Hiddleston et Hugh Laurie de se lancer dans l’aventure et le fait que les deux acteurs soient crédités en tant que producteurs exécutifs n’y est certainement pas pour rien. Réalisé par la danoise Susanne Bier (à qui l’on doit le tristement célèbre Serena avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper), The Night Manager est une adaptation en six épisodes du roman éponyme de John Le Carré, qui raconte comment Jonathan Pine (Hiddleston), ex-militaire devenu gérant d’hôtel est recruté par Angela Burr (Oliva Colman), agent du MI6 qui cherche à coincer Richard Roper (Laurie) trafiquant d’armes super riche et super-méchant. Pour cela, Pine doit infiltrer le cercle intime de Roper, ce qui s’avère ne pas être de tout repos.

Le roman, paru en 1993, est quelque peu dépassé question géopolitique contemporaine, et la série se permet donc d’y faire quelques entorses. On déplace le trafic d’armes d’Amérique du Sud au Moyen-Orient, on fait de Burr une femme (un principe qui avait fort bien marché pour Battlestar Galactica et qui fait encore ses preuves ici) et on déplace le premier acte de l’histoire durant le Printemps Arabe pour moderniser un peu tout ça. Le résultat ? Un thriller étincelant porté par un duo d’acteurs superbes. Si la photographie de Michael Snyman est fabuleuse et les designs de Tom Burton impeccables, le fait est que c’est l’affrontement Hiddleston-Laurie qui fait des étincelles. Celui que le monde a découvert sous les traits de Loki est un peu trop bien élevé pour jouer les brigands de haut vol, ce qui s’accorde parfaitement avec le fait que Pine est un peu trop « parfait » pour plaire à criminel aussi roublard que Rober, une manière intelligente de mettre le physique de gentleman de la star au service de l’intrigue (ou l’intrigue au service de la star). Quant à Laurie, jouer les patrons du crime lui va comme un gant. Il émane de lui un mélange de menace et de moquerie qui rend sa performance fascinante et la façon qu’il a d’analyser le visage de Pine nous fait bien comprendre que la pire erreur que notre héros puisse commettre serait de sous-estimer son adversaire. Du Caire à l’Angleterre, en passant par l’Espagne et la Suisse, les deux hommes vont se livrer une guerre sans merci, et dès le premier épisode, il est très clair que l’un des deux n’en sortira pas vivant.

The Night Manager ne manque pas de talents. De l’équipe de production à la distribution, il n’y a pour ainsi dire pas un seul faux pas et il n’est pas étonnant qu’un million et demi de spectateurs se soient rassemblés devant leurs téléviseurs pour voir le pilote. Quel est le hic, alors ? Eh bien, pour être honnête, c’est un petit peu prévisible tout ça. Le scénario est extrêmement conventionnel et respecte trop scrupuleusement les codes du genre pour créer l’effet de surprise. Depuis la grande blonde exhibitionniste à la marche des évènements conduisant au recrutement de Pine, c’est tout un ressassement de péripéties qui manquent cruellement d’originalité, à tel point que l’intrigue en devient interchangeable. Rien de mal en soi, après tout, la même chose est vraie pour les comédies romantiques, un genre tellement prisonnier de sa formule que tout effet de surprise est devenu impensable, mais quand on parle de trafic d’armes international, d’espionnage et de vie ou de mort, il faut avouer qu’un peu de tension serait la bienvenue. Reste un thriller hyper convenu, pas franchement haletant, mais tellement joli à regarder qu’on lui pardonne d’être banal.

Crédits: AMC/France 3

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