Commencée depuis quelques jours, la saison des allergies s'annonce particulièrement féroce cette année selon certains allergologues. «Il faudra attendre la fin de la saison pour avoir un portrait réel. Mais jusqu'à maintenant, je dirais que c'est la saison la plus difficile des 10 dernières années», indique le Dr Jean Paradis, allergologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Explication d'un phénomène qui touche environ 1,6 million de Québécois.

Un phénomène en hausse

Au Québec, le pourcentage de la population souffrant d'allergie saisonnière est passé de 6% en 1987 à environ 20% aujourd'hui, selon l'«État des connaissances sur le pollen et les allergies» publié en 2013 par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

L'augmentation de la prévalence des allergies est en partie due aux changements climatiques, ajoute Magali Canuel, épidémiologiste à l'INSPQ. La hausse des températures enregistrée prolonge notamment la saison de croissance des plantes et augmente la production de pollen, compliquant du coup la vie des personnes allergiques.

«La saison pollinique de l'herbe à poux est passée de 42 jours en 1994 à 63 jours en 2002. Ça rallonge le fardeau chez les personnes allergiques», note Mme Canuel.

Dure année en vue

Allergologue à l'Hôpital de Montréal pour enfants, la Dre Christine McCusker note qu'un nombre anormalement élevé d'enfants s'est plaint d'allergie saisonnière ces derniers jours. «Il semble qu'avec les jours chauds de la semaine passée, beaucoup de pollen se soit retrouvé subitement dans l'air», note-t-elle.

«Le printemps est arrivé tard et subitement. Les arbres ont pollinisé tous en même temps, ce qui rend la situation plus difficile pour les gens allergiques», affirme le Dr Paradis.

Directeur de la santé publique pour la Montérégie, le Dr Jean Rodrigue croit pour sa part qu'on ne peut dire pour l'instant que la saison des allergies sera plus difficile cette année. «Les gens auront plus de symptômes si le temps est sec et très venteux. Mais il faut se garder de faire des généralisations. Les conditions varient beaucoup», dit-il.

Que faire?

Les personnes souffrant d'allergies devraient garder leurs fenêtres fermées, surtout lors des périodes où la production de pollen est à son plus fort, comme très tôt le matin. «Il faut aussi limiter son exposition. Car le problème, il est dehors», ajoute le Dr Paradis. Différents médicaments peuvent aider à soulager les symptômes, comme les antihistaminiques, les gouttes ophtalmiques et les vaporisateurs nasaux. Il est également possible de se soumettre à un processus de désensibilisation.

Vers un remède?

Une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), publiée dans le dernier numéro de Mucosal Immunology, laisse entrevoir la possibilité de créer un vaccin pour prévenir les allergies. L'étude de l'équipe de la Dre McCusker montre que lorsqu'on administre un type précis de peptide à des animaux, ceux-ci ne développent pas d'allergie. «Environ 70% des gens ne développent pas de réaction allergique quand ils sont exposés au pollen. Mais chez les gens allergiques, le corps réagit violemment. En injectant le peptide, on suggère au corps d'être plus tolérant et de ne pas réagir exagérément», explique la Dre McCusker. D'autres études doivent encore être menées avant que l'on en arrive à un vaccin. «Mais c'est vraiment une belle découverte», note la Dre McCusker, qui ajoute qu'un tel vaccin pourrait potentiellement être utilisé également pour prévenir les allergies alimentaires.

La saison du mouchoir

Il existe trois «saisons polliniques» au Québec

Avril à fin juin: saison des arbres et des arbustes

Mi-mai à fin juillet: saison des graminées

Fin juillet à mi-octobre: saison de l'herbe à poux et des herbacées Durant les saisons polliniques, l'être humain inhale plusieurs milliers de grains de pollen chaque jour. Pour les gens allergiques, les conséquences sont pénibles.

Réactions possibles chez les gens allergiques

Rhinite allergique (picotement du nez et des yeux, éternuements, écoulement, congestion nasale, larmoiement)

Asthme