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Culture Mères 3/7. Judith : parcours de la combattante

La cause des mères 3/7 Pour aider son fils dyslexique, Judit a suivi un chemin cahoteux : psy, CMPP, négociations avec des directeurs d’école, de lycée… Elle a tenu bon, et espère qu’il n’aura bientôt plus besoin d’elle

Le Monde Idées

Publié le 04 juillet 2014 à 16h09, modifié le 19 août 2019 à 14h49

Temps de Lecture 7 min.

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«J’ai bassiné mes amis », reconnaît Judith dont le grand fils aura bientôt 20 ans. Avec des succès d’auditoire variables : « Les gens qui n’ont pas vécu ces situations jugent facilement : “Si j’étais toi…” “Tu y es bien pour quelque chose…” “Tu exagères…” Mais il existe une communauté secrète des mères d’enfants fragiles. Elles partagent le “comment faire” et le “on s’y met”. » C’est qu’elles connaissent les étapes du récit pour les avoir franchies. Voici donc un petit garçon né un peu trop tôt et qui a parlé un peu trop tard. Il est en maternelle, gaucher indifférencié. L’enfant bute sur les phrases longues. L’apprentissage de la lecture est difficile. Très vite, il est suivi par une psycho­motricienne à l’hôpital, par une orthophoniste libérale chez qui son père l’accompagne. Et par sa mère. « Si j’avais écouté, il aurait fallu qu’il redouble toutes ses classes depuis la maternelle. Pas question. S’il devait redoubler, je voulais que ce soit le plus tard possible. »

Judith a fait des études littéraires, elle s’occupe d’une petite maison d’édition qu’elle a contribué à créer. Elle revendique une double ascendance pied-noir et arménienne qui lui donne, pense-t-elle, l’énergie de se battre. « Tout ça demande de résister au système. J’ai puisé dans mes racines. » Son mari travaille « à la maison ». Il écrit. Mais c’est elle qui, au début, s’investit dans le suivi scolaire. « Les devoirs, c’était affreux. Son stress le paralysait. Ça me rendait agressive – je ne comprenais pas. Dès qu’il a eu 7-8 ans, j’ai délégué. Les gens qui l’ont soutenu avaient une patience que je n’avais plus. » Elle aurait pu avoir la tentation du privé. Mais non. « J’ai toujours voulu qu’il reste dans le public. Un lycée privé hors contrat m’aurait pourtant coûté moins cher. »

En CE2, l’école dirige la famille vers la case CMPP (Centre médico-psycho-pédagogique). « On tombe sur un psy qui me dit : “Il garde les mots parce que vous ne l’avez pas allaité au sein. Il a besoin d’un téton dans la bouche”. » Cet allaitement au sein, elle a dû y renoncer à cause de l’ictère du bébé : « Je me revois en larmes à la pharmacie en train de dire : “Je l’empoisonne.” » Mais elle se souvient aussi de la dernière remarque du spécialiste : « On sent que vous vous aimez dans cette famille. » Elle la conserve comme une balise. Le psy quitte le centre. Il est remplacé par « une femme mutique. Elle ne s’adressait qu’à mon fils : “Bonjour, comment ça va aujourd’hui ?” Quand il rentrait, il disait : “Elle n’a rien dit, on n’a rien fait” ». La personne qui rencontre l’enfant ne parle jamais aux parents. C’est la directrice du centre qui les reçoit. « Tout s’est terminé quand elle m’a dit devant mon mari que tout était de ma faute. Je crois que je lui ai lancé une boîte de Kleenex à la tête et voilà, la thérapie, c’était fini. »

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