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Les bienfaits de la gratitude démontrés pour la santé

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Une étude menée chez des insuffisants cardiaques prouve que cet état d'esprit positif est bon pour le cœur.

Tout le monde gagne à se montrer reconnaissant pour ce qu'il a… Mais les insuffisants cardiaques y gagnent peut-être un peu plus que les autres. Le Pr Paul Mills et ses collègues de l'université de Californie, à San Diego, ont ainsi examiné les liens entre la gratitude éprouvée dans un groupe de 186 malades et le bien-être spirituel, le sommeil, l'humeur, la fatigue, mais aussi des marqueurs biologiques de l'inflammation. L'âge moyen du groupe était de 66 ans et demi, et l'insuffisance cardiaque était encore aux premiers stades, avec des modifications des parois cardiaques (hypertrophie ventriculaire) mais sans symptômes.

Les participants devaient répondre à un questionnaire d'orientation reconnaissante (le GQ-6, validé scientifiquement) avec des questions telles que «J'ai de nombreuses raisons d'être reconnaissant dans la vie», «Je suis reconnaissant envers une grande diversité de personnes», ou encore «En vieillissant, je me trouve davantage capable d'apprécier les personnes, les événements et les situations qui ont fait partie de ma vie». Les résultats ont montré que ceux qui éprouvaient le plus de gratitude étaient aussi ceux chez qui les différents paramètres cités plus haut étaient les plus favorables.

Psychologie positive

Pourquoi s'intéresser à la gratitude? «La psychologie s'est depuis longtemps focalisée sur la prise en charge psychologique de la souffrance ou encore à l'identification des talents (psychométrie), mais avait un peu délaissé le troisième volet de la psychologie positive: l'identification des conditions d'épanouissement des personnes pour chercher à les améliorer», rappelle Charles Martin-Krumm, président de l'Association française et francophone de psychologie positive.

«Les personnes qui éprouvent de la gratitude repèrent davantage les événements positifs de la vie et les retiennent plus que les personnes moins reconnaissantes», explique Rébecca Shankland, maître de conférences à l'université de Grenoble-Chambéry et auteur de La Psychologie positive (Dunod). «Elles ont ainsi une représentation plus positive de leur environnement social et de leurs conditions de vie. La gratitude réduit la tendance au matérialisme et à la comparaison sociale et augmente l'empathie, ce qui génère des relations de meilleure qualité», ajoute la psychologue.

Une disposition d'esprit naturelle chez certaines personnes qui éprouvent fréquemment de la gratitude pour un grand nombre de petites choses. Même lorsqu'elles sont malades. L'an dernier, une étude menée en Allemagne (universités de Herdecke et de Fribourg) sur 461 individus souffrant de sclérose en plaque, de dépression ou de trouble psychiatrique, montrait qu'un tiers d'entre eux éprouvait souvent de la gratitude.

Mais on peut aussi apprendre à être plus reconnaissant. «Il existe une pratique toute simple et pourtant très efficace qui consiste à noter, chaque soir pendant deux semaines consécutives, trois choses pour lesquelles on est reconnaissant, explique Rébecca Shankland. Il s'agit d'apprendre à réorienter son attention vers les choses positives qui se produisent au cours d'une journée et d'identifier grâce à qui ou à quoi cela a pu nous arriver.»

La méthode n'est évidemment pas réservée aux malades ou aux adultes, comme l'explique la psychologue: «Dans une étude récente financée par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, nous avons pu montrer qu'à partir de la classe de CP, la pratique du journal de gratitude pendant deux semaines est réalisable. À l'école maternelle, une étude est en cours pour tester l'efficacité de cette pratique à l'oral (“Aujourd'hui j'ai envie de dire merci à… Parce que...”) en fin de journée.»

Conseil d'enfant

Pour les chercheurs américains, l'une des explications des bienfaits de la gratitude sur la santé vient bien de la perception positive des événements quotidiens. La gratitude est aussi l'un des paramètres qui atténuait les symptômes de stress post-traumatique dans une étude menée sur les policiers de Louisiane confrontés à l'ouragan Katrina en 2005, l'un des plus violents de l'histoire des États-Unis.

Dans le traité de psychologie positive qu'ils ont coordonné (Éditions De Boeck) en 2011, Charles Martin-Krumm et Cyril Tarquinio ont consacré un chapitre entier à la gratitude et un autre aux liens entre la santé et le bien-être. Ils devront peut-être réunir les deux dans la prochaine édition.

D'ores et déjà, chacun peut suivre le conseil que le psychologue Martin Seligman, ensuite devenu le fondateur de la psychologie positive, avait reçu de sa fille alors âgée de 5 ans: «Si j'ai décidé de ne plus jamais chouiner, tu peux arrêter d'être grincheux.»

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4 commentaires
  • Papounmp

    le

    Après avoir fichu à la poubelle en 68 le catéchisme et la pratique religieuse qui prônaient tout simplement la pratique de la charité chrétienne (amour d'autrui, reconnaissance pour les bienfaits reçus de toute part, etc.), on en retrouve maintenant les vertus, comme s'il s'agissait d'une découverte fondamentale et inédite. C'est pareil dans un autre domaine : on a fichu à la porte la religion soi-disant culpabilisante, or lorsque l'on chasse le (sur)naturel il revient (aussi) au galop, et, aujourd'hui, poussés par la même culpabilité qui hante le genre humain toute tradition confondue, les politiques et autres n'arrêtent plus de demander pardon aux autres pays pour des faits qui ne sont absolument plus d'actualité (colonisation, croisades, etc.). C'est comme si, au travers de ces démarches, nos dirigeants exorcisaient et compensaient (pénitence) leurs propres agissements, dont le souvenir mêlé de culpabilité hante leur existence. Cela me rappelle un Voltaire qui, après avoir fustigé la religion toute sa vie ou presque, suppliait dans les délires de sa fin de vie ses meubles de lui accorder le pardon de ses péchés ! Ce qui me laisse dire avec d'autres, que finalement, qu'on le veuille ou non, que ce soit de manière reconnue et avouée, ou de façon cachée et plus ou moins inconsciente, tout est religieux chez l'homme…

  • JP Revault

    le

    Cela semble aller de soi...
    Egalement, quand on est en meilleure santé, on est plus à même d'éprouver de la gratitude. Quelle est la cause, quelle est la conséquence ?
    Cercle vertueux ?

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