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La fécondité « made in France »

La France affiche la natalité la plus forte d’Europe. Les raisons sont inattendues : des modèles familiaux très divers et un fort taux de travail des femmes.

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Publié le 07 janvier 2015 à 19h20, modifié le 19 août 2019 à 14h06

Temps de Lecture 12 min.

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Le cocktail qui a fait ses preuves en France allie une famille moderne fondée sur l’égalité hommes-femmes et de fortes politiques publiques en faveur de la parentalité.

Depuis une dizaine d’années, ils voient défiler dans leur bureau des cohortes de députés coréens et d’universitaires japonais qui tentent de percer le mystère de la fécondité française. Les chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (INED) leur projettent des graphiques sur la natalité et leur expliquent les grands principes des politiques publiques françaises. « Au cours des quatre ou cinq dernières années, nous avons reçu plus d’une dizaine de délégations coréennes ! », sourit le démographe Olivier Thévenon. Hantés par le spectre de la dépopulation, ces experts venus d’Asie sont à la recherche de la recette magique qui fait de la France la championne d’Europe de la fécondité.

Depuis le début des années 2000, l’Hexagone règne en effet en maître sur les classements européens. Après deux décennies de baisse, dans les années 1970 et 1980, la natalité est repartie à la hausse à la fin des années 1990. Depuis cette date, la France navigue juste en dessous du seuil mythique de 2,1 enfants par femme, qui correspond au taux de renouvellement des générations – elle l’a encore confirmé, en 2014, en affichant un indicateur conjoncturel de fécondité de 2,01. « En économie, l’Allemagne est l’homme fort de l’Europe. En démographie, la France est la femme forte de l’Europe », résume en plaisantant le démographe Ron Lesthaeghe, membre de l’Académie royale de Belgique et professeur émérite à l’Université libre de Bruxelles.

Le reste de l’Europe est entré dans un étrange hiver démographique

Le reste de l’Europe est entré dans un étrange hiver démographique. Cinquante ans après le baby-boom de l’après-guerre, le taux de natalité des Vingt-Huit s’est effondré : en 2012, il est tombé à 1,58 enfant par femme. Les pays méditerranéens démentent, année après année, toutes les idées reçues sur la généreuse fécondité des cultures catholiques : l’Espagne, le Portugal et l’Italie ont enregistré, ces dernières années, une chute dramatique de leur natalité (1,4, voire 1,3 enfant par femme). Les pays germanophones – Allemagne, Suisse, Autriche – ne font guère mieux, pas plus que ceux de l’ancien bloc communiste – Pologne, République tchèque, Slovaquie ou Hongrie. Partout en Europe, les élites s’interrogent avec inquiétude sur ce reflux de la natalité.

Le cocktail qui a fait ses preuves en France, mais aussi dans les pays scandinaves, n’a pourtant rien de mystérieux : il allie une famille moderne fondée sur l’égalité hommes-femmes et des Etats qui mènent de fortes politiques publiques en se comportant en « bons pères de famille », selon l’expression de Laurent Toulemon, démographe à l’INED. « Aujourd’hui, la natalité a besoin de ces deux ingrédients, confirme Ron Lesthaeghe. Au premier abord, la recette a l’air simple mais elle n’est pas facile à mettre en œuvre : il faut beaucoup de temps pour dessiner et installer un nouveau modèle familial. »

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