Droit de vote. 70 ans après, les femmes en redemandent

70 ans après le droit de vote des femmes, la longue bataille de la parité leur a permis d'accéder aux responsabilités, mais force est de constater que la gent féminine reste sous-représentée dans la sphère politique.

La date est gravée dans les mémoires (surtout celles des femmes) : le 21 avril 1944, à la suite d'un amendement du communiste Fernand Grenier, l'ordonnance portant sur l'organisation des pouvoirs publics à la Libération accorde aux femmes le droit de voter et d'être élues... près d'un siècle après les hommes.

« Par une porte dérobée »

« Leur entrée dans la République s'est ainsi faite par une porte dérobée », analyse Réjane Sénac, chargée de recherche CNRS au Cevipof et présidente de la commission parité au Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.

Il faut dire que la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1789, « censée proclamer l'égalité de chaque individu », a instauré en réalité « un universalisme unisexué ne s'appliquant qu'à la moitié masculine de la population », souligne-t-elle. Cette exclusion des femmes de la citoyenneté explique, selon la chercheuse, pourquoi, malgré l'obtention du droit de vote, elles sont longtemps restées écartées du monde politique.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 1993, elles ne sont que 5,7 % à siéger au Parlement, à peine plus qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale. « On a assisté entre 1945 et les années 1990 à une baisse permanente du nombre de femmes élues à l'Assemblée nationale », relève aussi Françoise Picq, spécialiste de l'histoire du féminisme.

Le poids de la loi

Alors, pour contrer cette tendance, la France est le premier pays à adopter une législation se fondant sur le principe de parité. La Constitution est révisée et une première loi, en 2000, contraint les partis politiques à présenter un nombre égal de femmes et d'hommes lors des scrutins de liste. « Quand la loi n'oblige pas, le temps ne suffit pas et il n'y a pas de réelle évolution », affirme Danielle Bousquet, la présidente du Haut conseil à l'égalité et ancienne députée costarmoricaine.

Si les scrutins de liste favorisent la parité, les têtes de liste sont encore majoritairement masculines : 83 % aux dernières municipales. Et 95 % des présidents de conseils généraux, 73 % des députés et 78 % des sénateurs sont des hommes.

Pas qu'en politique...

L'autre enjeu est de réussir à étendre la parité dans les sphères professionnelles et sociales, mais aussi au sein de l'ensemble des instances citoyennes (associations, organisations patronales et syndicales...). « Plus il y aura de femmes dans les lieux de pouvoir, plus on fera évoluer la réflexion et la mauvaise conscience », avance Marie-Jo Zimmermann, députée UMP, vice-présidente de la délégation de l'Assemblée aux droits des femmes. « Nous sommes dans une période favorable qui va nous permettre d'aller de l'avant », juge Yvette Roudy, qui fut ministre des Droits des femmes sous François Mitterrand, avant de conclure sans ambages : « On a eu 2.000 ans de machisme, et cela ne fait que 50 ans que les femmes se battent. »

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