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Pourquoi les Brésiliens ne supportent pas les Argentins

Des supporters argentins à la Coupe du monde

Des supporters argentins à la Coupe du monde - -

La présence de l’Argentine en finale de la Coupe du monde ce dimanche à Rio a de quoi irriter les Brésiliens. Une question de rivalité sportive, mais aussi d’histoire économique et d’approche culturelle.

Sao Paulo, mercredi. Quelques minutes avant la demi-finale de la Coupe du monde entre l’Argentine et les Pays Bas, des dizaines de Brésiliens se maquillent avec les couleurs du drapeau néerlandais et portent des maillots orange. Ils ne sont évidemment pas supporters des « Oranje », mais anti-argentins. Dès les premières minutes du match, les passes néerlandaises sont d'ailleurs accompagnées de « olé, olé ». Les Argentins les avaient bien stimulés en comptant jusqu'à sept, en espagnol, avant le coup d’envoi. Une allusion claire à l'humiliation brésilienne face à l’Allemagne. Mais pourquoi se cherchent-ils autant ? Pourquoi voir la présence de l’Argentine en finale dimanche au Maracana irrite-t-elle à ce point les Brésiliens ?

Ce n’est pas vraiment qu’ils les détestent, ces Argentins. En tout cas, la plupart des Brésiliens n’ont rien contre eux. Certains les trouvent juste un peu arrogants. Une image qui remonte aux années 80, quand l’Argentine avait une meilleure économie. Les Brésiliens se sentaient méprisés par ces voisins jugés hautains, qui passaient leurs vacances chez eux en dépensant leur argent ostensiblement. « Cela a changé car aujourd'hui, le Brésil est dans une situation économique meilleure que l'Argentine, explique Mauricio Mura, directeur du département sport à l’Université de sociologie de Rio. Mais au cours de l'histoire, ça a fluctué. Parfois, l'Argentine est au-dessus. Et parfois le Brésil est au-dessus. »

« Buenos Aires a autant de librairies que le Brésil tout entier »

Si le match économique s’est renversé, un autre domaine reste dominé par l’Argentine. Celui de la culture. « Nous avons un sentiment un peu collectif que les Argentins sont un peu arrogants parce que Buenos Aires se prend pour le Paris de l'Amérique du Sud, analyse ce sociologue. Ils se sentent un peu plus européens que le Brésil. Mais ils ont un peu raison. Ils ont un vrai développement culturel. Buenos Aires a autant de librairies que le Brésil tout entier. Donc tout cela fait que les Argentins nous regardent un peu de haut. Et parallèlement nous avons la beauté, la joie et cette intense culture populaire, qui est différente de l'Argentine. » Mais c’est dans le foot que cette rivalité entre Brésiliens et Argentins est la plus forte.

Avec une question qui divise toujours les deux peuples : qui est le meilleur, Pelé ou Maradona ? « Entre nos représentants politiques, les relations sont bonnes car il y a des intérêts commerciaux et économiques, souligne Mauricio Mura. Des deux côtés, il y a un effort diplomatique pour rapprocher les deux pays. Je pense qu'aujourd'hui, la rivalité est seulement par rapport au foot. Mais elle est un peu plus du côté argentin, parce que Maradona a déclaré qu’il était meilleur que Pelé. Et puis l’orchestre dans les rues de Buenos Aires qui chante que Maradona est meilleur que Pelé, c'est un peu trop de la provocation. » Alors en réponse, dimanche, les Brésiliens espèrent compter « eins, zwei, drei » (un, deux, trois) en regardant le tableau d’affichage…

NJ à Rio