Les pro-barrage dégagent une barricade à Sivens
Nouveau barbecue improvisé ce samedi aux abords de Sivens. Une soixantaine d'agriculteurs du Tarn et du Tarn-et-Garonne en salopettes partagent la saucisse grillée, sur une aire de parking de la D999. Il est 15 heures passées, un peu tard pour pique-niquer, mais auparavant, le groupe s'est arrêté à l'orée de la départementale 132 qui mène au site du barrage controversé à Lisle-sur-Tarn. Munis de deux tracteurs dont l'un avec fourche télescopique, les participants ont enlevé une barricade faite de deux platanes abattus, de palettes et de pneus, qui obstruait la chaussée. «Je voulais mettre de l'azote sur le ray-grass, dans un champ de six hectares situé à l'entrée de la zone. On avait dégagé à cet effet les obstacles vendredi soir. Samedi matin, les zadistes les ont remis en place. La solidarité a joué et des collègues sont venus m'aider à libérer la voie à nouveau. Maintenant, on peut passer», résume Jean-Pierre Lagasse, exploitant de 85 ha dont cette parcelle.
«C'était improvisé. La mobilisation s'est faite très vite, par textos. On essaie de faire respecter l'état de droit», plaide Bernard Boulze, à la fois riverain et conseiller régional, venu en soutien. Une opération de nettoyage menée en présence de gendarmes mobiles. «Les forces de l'ordre nous ont empêchés de poursuivre jusqu'à la Zad comme certains parmi nous le voulaient, et ils ont eu raison dans ce contexte tendu», considère Bernard Boulze.
«Moyen de se protéger»
Reprochant «aux probarrage d'avoir brûlé aussi des affaires et des outils personnels près de la barricade», un représentant des zadistes y voit de son côté «un moyen vital de se protéger des attaques permanentes des antizadistes. Nous n'avons jamais empêché aucun agriculteur d'aller sur ses terres, contrairement à ce qui se dit. M. Lagasse peut s'y rendre par l'autre côté. En réalité, nous assistons plutôt à une lutte identitaire, menée par des gens qui ne supportent pas ceux qui sont différents d'eux.»
Réplique de Jean-Pierre Lagasse : «L'autre accès m'oblige à passer par une autre parcelle en pointe et à y faire des ornières, à force d'aller et venir. Il y a une grande route. C'est quand même un peu logique de passer par là. Les zadistes avaient promis qu'ils rouvriraient les routes. Alors, nous l'avons rouverte, et nous la rouvrirons.»
JeanTkaczuk : «Sivens, comment sortir de l'impasse?»
J'ai pris connaissance dans les colonnes de ce journal de la démarche d'élus de la vallée du Tescou et de Sivens pour alerter l'État du ras-le-bol des populations riveraines de la zone du Testet….
Je trouve regrettable que le Conseiller Régional que je suis, également ancien Maire de Lisle, n'ait pas été convié, comme cela aurait été légitime. Peut-être peut-on relier cela au fait que je ne suis pas en course pour les élections départementales ?
Quoi qu'il en soit je tiens à affirmer ici mon soutien aux riverains qui vivent avec un sentiment permanent d'insécurité et pour qui la liberté de circuler tranquillement est un lointain souvenir ! On ne doit pas non plus oublier les difficultés d'exploitation que connaissent les éleveurs de la zone, difficultés qui n'ont que trop duré et qu'on a trop souvent passées aux oubliettes.
Depuis la prise en main de la procédure quant au fond du dossier par l'État, les choses ont empiré ! Après l'exposé de la position de la Ministre de l'environnement, on est entré dans une période de tension plus grande, dangereuse donc, car les hypothèses de solution avancées aujourd'hui ne conviennent à aucune des parties ! Comment sortir de l'impasse ? Il faut tout d'abord affirmer qu'il y a un préalable incontournable à toute discussion ou compromis, qui est le retour à la normale sur le terrain : cela passe par le rétablissement au plus tôt de la liberté de circulation : sans cela rien ne pourra être débloqué !
Par ailleurs le gouvernement aurait pu assumer la totalité de la procédure ; mais la Ministre a trouvé dans les règles de démocratie représentative qui nous gouvernent une bonne raison de reporter sur le Conseil Général du Tarn, la prise de décision sur le fond.
Or là est le nœud du problème de l'acceptabilité du choix émis. En effet un vote de l'actuelle assemblée départementale qui est en fin de mandat, a de fortes chances d'être contesté ce qui alimentera indéfiniment la polémique. Ce serait aussi le cas d'ailleurs demain avec une nouvelle assemblée parce qu'issue d'une campagne électorale qui n'a pas mis à l'arbitrage des Tarnais la question de Sivens dans tous les cantons. De plus se profile la réforme des compétences du département avec la loi NOTRE, qui pourrait faire un sort à la clause de compétence générale.
Pourquoi alors ne pas recourir à un référendum local ou mieux à une consultation locale (à l'initiative de l'assemblée départementale et pour avis), rendue possible par la loi du 13 août 2004 qui l'a inscrit dans le code général des collectivités territoriales. Ainsi une majorité pourrait dire enfin de façon démocratiquement indiscutable, ce qu'elle veut qu'il soit fait sur le fond ?
Mme le maire de Lisle souhaite «une cellule psychologique»
Dans un courrier adressé le 26 février au préfet du Tarn, la maire de Lisle sur Tarn lui demande la mise en place d'une cellule d'urgence médico-psychologique. Maryline Lherm, elle aussi venue rencontrer les agriculteurs qui ont dégagé de leur propre initiative une voie d'accès estime que «la situation de crise subie depuis deux ans sur et aux environs de Sivens par les populations locales a des incidences traumatogènes indéniables».
La dernière fois que cette cellule a été mise en place dans le Tarn remonte à un peu plus d'un an. En réponse à l'assassinat de la directrice de l'école Edouard-Herriot à Albi.
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