Genève serait au coeur d'une filière jihadiste

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Petit-Saconnex (GE)Genève serait au coeur d'une filière jihadiste

La plus grande mosquée de suisse abriterait un noyau de jeunes radicalisés. Certains seraient partis en Syrie. La direction de l'institution se défend.

La mosquée du Grand-Saconnex a été inaugurée en 1978.

La mosquée du Grand-Saconnex a été inaugurée en 1978.

L'enquête de la «Tribune de Genève» démarre avec le témoignage de parents genevois désespérés. Leur fils de 20 ans, converti à l'islam depuis deux ans, s'est évaporé en avril. Il disait se rendre au Maroc. Il est en fait parti en direction de la Turquie. Depuis, impossible de savoir où il se trouve. Mais un faisceau d'indices laisse penser qu'il a pu gagner la Syrie.

Car depuis un an, son comportement a changé. L'apprenti s'est radicalisé, notamment au contact d'un groupe de jeunes aux idées extrêmes fréquentant la mosquée du Petit-Saconnex, la plus grande du pays. Ce groupe se tiendrait à l'écart de la majorité des fidèles, qui sont loin de partager leurs idées. «Ils sont en perdition, souffle l'un d'entre eux au quotidien genevois. Ils disent qu'il faut faire la hijra, soit l'exode vers un pays musulman. C'est une catastrophe.» Ces jeunes gens regarderaient des vidéos de Daech sur leurs portables dans la salle de prière.

La présence de ce noyau dur inquiète notamment les autorités françaises. Une note confidentielle de la Direction départementale de la police aux frontières de l'Ain, publiée par la «Tribune», dit que la mosquée «jouerait un rôle de premier ordre dans l'organisation d'une filière jihadiste qui recruterait et enverrait de jeunes Français et Suisses en Syrie». Deux imams en fonction au Petit-Saconnex font également l'objet d'une surveillance. L'un d'entre eux avait été en contact avec Mohamed Merah, auteur de sept meurtres à Toulouse en 2012. Le numéro de téléphone du religieux avait été retrouvé dans le portable du tueur. Les autorités suisses n'ont pas commenté ces informations.

De son côté, Ahmed Beyari, directeur général de la Fondation culturelle islamique de Genève, qui gère la mosquée, se défend de favoriser la radicalisation de certains de ses fidèles. «On ne ferme pas les yeux! Il n'y a pas d'endoctrinement de jeunes. Nous ne pouvons pas contrôler les 2500 à 3000 personnes qui viennent chaque vendredi à la prière. Si certains vont en Syrie, ce n'est pas de notre responsabilité. On n'est pas dans la tête des gens.» Il assure lutter contre les extrémistes, «le radicalisme, le terrorisme, c'est contre l'islam».

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