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Le nouveau patron de Credit Suisse veut transformer le groupe en profondeur

Tidjane Thiam met le cap sur la gestion de fortune et l’Asie et recentre l’activité de sa banque d’investissement. Le groupe va lever 6 milliards de francs suisses pour renforcer son bilan et supprimer 5.000 emplois.

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Le groupe Credit Suisse va lever 6 milliards de francs suisses pour renforcer son bilan et supprimer 5.000 emplois.

Par Jean-Jacques Franck

Publié le 21 oct. 2015 à 18:25

Quatre mois après son arrivée aux commandes de Credit Suisse, et confronté à une performance boursière parmi les pires du secteur, Tidjane Thiam imprime sa marque. Alors que la deuxième banque helvétique affiche au troisième trimestre un bénéfice imposable décevant, en recul de 34 %, à 861 millions d’euros, l’opération « reboot de Crédit Suisse », selon les mots du dirigeant franco-ivoirien, passe par une refonte en profondeur de sa stratégie, une levée de capital de 6 milliards de francs suisses (5,5 milliards d’euros) et le remaniement de l’équipe de direction. Sans oublier l’introduction en Bourse à terme d’une partie des activités de banque de détail en Suisse.

Credit Suisse vise l’Asie et la gestion de fortune

Tidjane Thiam veut résolument mettre le cap sur la gestion de fortuneet la croissance en Asie. « Là-bas, les très riches ont 5.300 milliards de dollars d’actifs, et ça augmente de 14 % par an », justifie-t-il. Outre-Atlantique en revanche, où il a écopé d’une amende record de 2,6 milliards de dollars, le groupe va se séparer de sa clientèle dans le domaine de la gestion de fortune, en lui proposant au début de l’année prochaine de passer chez l’américain Wells Fargo.

Fin de la banque d’investissement ?

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En parallèle, Tidjane Thiam réduit la voilure dans la banque d’investissement. Une réduction, mais pas une sortie. D’une part, parce que cette activité est l’ADN de la banque, et d’autre part, « être bon en banque d’affaires est vital pour réussir dans la gestion de fortune à haut niveau. Les ultra-riches sont de très bons hommes d’affaires, qui veulent exclusivement ce qu’il y a de mieux. D’où l’importance pour la banque privée d’avoir une banque d’affaires pour apporter le meilleur au client. Notre objectif, c’est de réaligner la banque d’affaires pour qu’elle puisse mieux soutenir les efforts de la banque privée, qui devient le cœur de notre activité. C’est une des forces de l’industrie bancaire suisse », a précisé le patron de Credit Suisse.

Suppressions d’emplois

Cette réorientation aura des conséquences importantes en termes d’emplois. Crédit Suisse pourrait ainsi perdre jusqu’à 10 % de ses effectifs. 1.800 postes sont dans la balance à la City, et 1.600 emplois vont disparaître en Suisse, « sans doute par fluctuation naturelle », indique Tidjane Thiam. Le groupe bancaire veut aussi délocaliser une partie de ses activités londoniennes au profit d’autres places meilleur marché, comme l’Inde ou la Pologne. Au total, Crédit Suisse va économiser 3,5 milliards de francs suisses d’ici à la fin 2018. « Nous avons aussi prévu 1,5 milliard d’investissements. Tout ceci va renforcer la rentabilité de la banque d’affaires, qui va passer de 9 à 19 % avec ces changements. Et à partir de là, on pourra faire croître le business sans problème », a promis Tidjane Thiam.

Augmentation de capital

Tirant les conclusions du durcissement de la régulation depuis la crise financière de 2008, le nouveau patron de Credit Suisse va en parallèle faire appel aux marchés. « Aujourd’hui, il faut reconnaître qu’avec 10 % de ratio de fonds propres pro forma, nous sommes en queue de peloton. L’augmentation de capital nous amènera au-dessus de 12 %, soit en bonne place parmi les grandes banques de grand standing international. C’est un seuil confortable, qui donnera confiance à nos investisseurs, à nos régulateurs, mais aussi à nos clients », a déclaré le patron de la deuxième banque suisse, qui s’aligne, en la matière, sur sa rivale UBS.

L’augmentation de capital comporte deux volets. L’un, qui a déjà eu lieu, consiste en un placement privé de 58 millions d’actions nominatives auprès d’un groupe d’investisseurs « qualifiés », à hauteur de 1,35 milliard. L’autre, pour 4,7 milliards de francs, interviendra via l’émission de droits de souscription permettant d’émettre près de 261 millions de titres.

Enfin, l’opération « reboot » ne serait pas complète sans des changements de personnes. Pierre-Olivier Bouée, Iqbal Khan et Lara Warner sont promus au comité exécutif tandis que Gaël de Boissard, Hans-Ulrich Meister et Robert Shafir quittent la direction.

Jean-Jacques Franck

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