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EAN : 9782757871850
168 pages
Points (04/10/2018)
4.34/5   678 notes
Résumé :
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque cland... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (213) Voir plus Ajouter une critique
4,34

sur 678 notes
Donne-moi des mots.
Donne-moi un sujet, un verbe.
Donne-moi des guillemets.
Donne-moi une histoire.
Donne-moi un livre.

Juste un livre.

Pour oublier la poussière des ruines.
Pour panser les plaies.
Pour inventer une autre réalité.

Juste des pages et des mots.

En place des maux.
« Un mémorial de mots, sans-domicile-fixe, pour la génération d'après. »
En place des tombes, des barbelés.

Des livres, s'il te plaît, juste un livre.

Pour rester humains. Dignes. Vivants. Nourris. Éclairés.

Quoi de plus beau qu'une bibliothèque au milieu de la guerre.
Comme une fleur sur les tombes.

« Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. »

Donne moi l'histoire de Daraya, de la Syrie, du Battaclan, de Nices, de Bruxelles, de Manchester, de Liège, pour que le verbe s'offre à la mémoire, pour que le mot conjure l'obscurantisme, donne-moi l'histoire, celle de ces mots qui tiennent la main à la vérité, celle qui élève les mains contre l'absurdité.
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Les passeurs de livres de Daraya-une bibliothèque secrète en Syrie - Delphine Minoui - Edition Points - lu en janvier 2019.

Présentation de l'auteure : "Delphine Minoui , grand reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. Prix Albert-Londres 2006 pour ses reportages en Iran et Irak, elle sillonne le monde arabo-musulman depuis 20 ans. Après Téhéran, Beyrouth et le Caire, elle vit aujourd'hui à Istanbul, où elle continue à suivre de près l'actualité syrienne. Elle a écrit : Pintades à Téhéran, Moi, Nojoud, dix ans, divorcée et Je vous écris de Téhéran".

D'Istanbul, Delphine Minoui découvre sur" Facebook, la
page "Humans of Syria" sur laquelle elle voit une photo d'un collectif de jeunes photographes syriens. Sous la photo, une légende évoquant une bibliothèque secrète à Daraya.
Daraya la rebelle, Daraya l'assiégée, Daraya l'affamée."

"Banlieue de Damas, un des berceaux du soulèvement pacifique de 2011, le Printemps Arabe, est bombardée par les forces de Bachar-al-Assad depuis 2012".

Après maintes recherches, Delphine finit par trouver la trace d'Ahmad Moudjahed, auteur et co-fondateur de cette fameuse bibliothèque secrète. Commencent alors de multiples échanges qui dureront plusieurs années via Whats App et Skype quand ça fonctionne. Au tout début de leurs échanges, elle lui dit : " J'aimerais écrire un livre sur la bibliothèque de Daraya". Elle n'entend qu'un grand bruit sourd, une bombe sans doute, et puis, enfin, la voix d'Ahmad : "Al ahlan wa Sahlan !" (Bienvenue).

Delphine apprend ainsi que quelques jeunes syriens Ahmad, Shadi, Hussam, Omar... , ils sont une quarantaine, avec comme mentor, un professeur, Ustez, vétéran de la désobéissance civile de Daraya, découvrent dans les ruines des maisons, des milliers de livres et décident de créer une bibliothèque secrète pour les mettre à l'abri, ayant pour objectif de remonter le moral d'une maigre population (il ne restait plus que 12.500 habitants à Daraya, les autres ayant fui ou étant morts) qui n'avait plus que la mort comme espoir.
Le temps passe, Delphine recueille sans cesse les nouvelles au jour le jour quand c'est possible, elle est leur messagère fidèle au poste.

Le 14 juillet 2016, le Conseil local de Daraya adresse au Président François Hollande un appel de détresse lancé à la face du monde, mais François Hollande a d'autres soucis et pas des moindres, un camion-bélier vient de foncer à travers la foule à Nice, 86 morts et beaucoup de blessés. Un an plus tôt, il y a eu l'attentat de Charlie Hebdo le vendredi 13 novembre 2015 "Qui ne serait pas ému à la lecture d'une telle lettre?
Ahmad vit sous une pluie de bombes. Il a perdu tant d'amis, n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. A Daraya, son quotidien est une montagne d'urgences. Il a pris le temps pourtant de rédiger ce message, de partager sa compassion.
Un terroriste ne s'excuse pas.
Un terroriste ne pleure pas les morts.
Un terroriste ne cite pas Amélie Poulain et Victor Hugo."
(pge 61/62)

Ces jeunes syriens ne sont pas des terroristes.

Un livre de 165 pages, on pourrait dire qu'il n'est pas gros, mais quel document, quelle découverte, quel témoignage, j'en suis renversée.

Une histoire de résistance, une bouffée d'air pur dans cette cave où "vit" une bibliothèque clandestine, un lieu de rencontres, un lieu de paix relative. Un livre écrit avec un ton juste, avec beaucoup d'empathie, c'est un livre à la fois tellement poignant et tellement porteur d'espoir dans lequel Delphine Minoui, au travers de ses échanges avec ces jeunes syriens a récolté les éléments qui lui ont permis de coucher sur papier cette incroyable et pourtant véridique histoire sur fond de guerre.
Comme bien d'autres que j'ai lus, je constate le pouvoir des livres passeurs de mémoire dans ce que l'humain a de pire et de meilleur. J'ai été profondément remuée à sa lecture, j'ai découvert une ville assaillie, j'ai découvert des jeunes pacifistes qui par leur seule volonté et bravant les interdits ont pu apporter un peu d'humanité aux habitants de Daraya.
François Busnel de la Grande Librairie a écrit : UNE ARME D'INSTRUCTION MASSIVE.
A coup sûr, un énorme coup de coeur pour moi, à lire.
Absolument.



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Ce que j'ai ressenti:… Un Fulgurant Coup de Coeur…

Je n'entends rien en politique internationale, en conflits mondiaux, et en stratégies planétaires, mais j'ai entendu comme un murmure dans le chaos, un message de paix et d'espoir qui s'est élevé au dessus du bruit des bombes, qui a réussi à passer entre les barils d'explosifs, qui s'est envolé plus haut qu'une attaque au napalm…Ce murmure, il vient de Syrie, et il avait le doux son des pages qui se tournent, la force des mots qui apaisent, le pouvoir de la liberté de penser, la magie d'un livre ouvert…

Quand j'ai lu ce passage, j'ai senti comme un déchirement…(et ce n'était que la page 12…).

« Des heures durant, il évoque en détail ce projet de sauvetage du patrimoine culturel, né sur les cendres d'une cité insoumise. Puis il me parle des bombardements incessants. Des ventres qui se vident. Des soupes de feuilles pour conjurer la faim. Et de toutes ses lectures effrénées pour se nourrir l'esprit. Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive. »

Je suis admirative qu'un tel témoignage ait pu franchir les frontières, la barbarie, l'intolérable…Ce n'est pas une lecture comme les autres, elle est de loin la plus difficile que j'ai pu lire, et pourtant, c'est un coup de coeur violent et nécessaire qui m'a bouleversée plus que ce que je pouvais imaginer…C'est avec une grande émotion que j'écris ce retour de lecture…Malgré l'état de siège asphyxiant, un petit groupe d'hommes décident de privilégier l'amour de la littérature, l'amour des mots, l'amour de la poésie comme un souffle d'espoir… C'était tellement désespéré, désintéressé et fondamentalement altruiste que cet élan vous chavire au plus profond…Au delà des larmes que tu verses au fil des pages, il te vient un respect serein qui t'unit à cette incroyable bibliothèque, petite bulle pacifiste cachée sous les décombres…

"Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit. "

S'il y a des passeurs de livres à Daraya, nous pouvons bien nous, lecteurs et blogueurs, faire passer aussi ce témoignage d'une force et d'une luminosité éblouissante…A vous, maintenant, de faire passer…Pour ma part, c'est fait, et je m'en vais lire encore une fois, L'alchimiste de Paulo Coelho et le petit Prince de Antoine de Saint-Exupéry mais découvrir aussi La coquille de Moustapha Khalifé puisque ce sont ceux là, qui ont été leur port d'attache au milieu de cet océan déchaîné de violence…Ceux là, et tous les autres, qui les ont tenu debout, et plus fort contre la haine…

"Lire pour s'évader. Lire pour se retrouver. Lire pour exister…"




Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Il est des livres qui me donnent de l'espoir ; de ces livres qui font que je crois en la force de mes frères humains, et en la mienne, par voie de conséquence.
"Les passeurs de livres de Daraya " en fait incontestablement partie. Daraya ! Cette ville qu'exècre Bachar al Hassad. Daraya sa bête noire. Daraya qui ose lui tenir tête et qu'il entend bien mater, quitte à avoir recours à l'impensable ...
Omar, Hussam, Shadi, Hammad et bien d'autres, sont autant de jeunes étudiants syriens, qui au péril de leur vie, défient ce régime dictatorial. Par la voix de Delphine Minoui, Ils nous racontent l'indicible. Nous dépeignent leur quotidien dans une ville en état de siège, dans une ville qui ne vit plus qu'au rythme des bombardements et des attaques au gaz chimique.
La mort y est omniprésente. Elle rode et fauche à tour de bras une population affamée, moribonde, car même les organisations humanitaires ne sont plus autorisées à intervenir. Alors, dans ce redoutable bras de fer, elle déploie la plus farouche des forces, celle du désespoir. C'est ainsi qu'une bibliothèque souterraine verra le jour à Daraya, et dans ces centaines de livres récupérés sous les décombres, elle puisera la force de vivre. Vivre malgré tout... se perdra dans des écrits qui soutiendront ses espoirs, et ne feront qu'attiser ses rêves de démocratie. Ce livre est une ode à la vie, une ode à la lecture, cette petite fenêtre ouverte sur le monde que Shadi, Hammad, Hussam, Omar et leurs compagnons auront poussée, et qui les aura pétri de la rage de vivre, les aura pétri de la certitude que la vie, quelle qu'elle soit, est un miracle auquel nous nous devons de nous accrocher.
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A Daraya, les jeunes résistants anti-Assad sont souvent des étudiants ou des fils de paysans devenus par la force des choses des passeurs d'informations, journalistes improvisés médiateurs d'une information inaccessible aux reporters étrangers. Ils sont aussi des passeurs de culture : Ahmad et ses compagnons ont décidé, eux qui lisaient peu avant la guerre, de sauver les livres, convaincus qu'ils sont les garants de la liberté. Ainsi, au fond du trou noir de Daraya — une ville à l'agonie — la bibliothèque clandestine encerclée par les ruines est devenue le sanctuaire de la réflexion, de l'intelligence et de la liberté.

C'est ce que raconte avec empathie et sensibilité la journaliste franco-iranienne, Delphine Minoui, en contact régulier depuis Istanbul, pendant quatre ans via internet, avec des jeunes opposants au président syrien, Bachar el Assad. Comme elle, on ne peut qu'être touché par l'énergie, la fraîcheur, la volonté d'aller de l'avant de ces jeunes gens en danger de mort permanent. Parce qu'elle passe par les livres, refusant de répondre à la violence par la violence, et repousse toute tentative d'embrigadement politique ou religieux, cette résistance exemplaire est une célébration de la vie, à découvrir.

" Nuit et jour, ces jeunes côtoient la mort. La plupart d'entre eux ont tout perdu : leur demeure, leurs amis, leurs parents. Au milieu du fracas, ils s'accrochent aux livres comme on s'accroche à la vie. Avec l'espoir de meilleurs lendemains. Portés par leur soif de culture, ils sont les discrets artisans d'un idéal démocratique. Un idéal en gestation, qui brave la tyrannie du régime. "

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
23 novembre 2017
Delphine Minoui raconte l’histoire magnifique d’une bibliothèque sous les bombes à Daraya, la martyre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (236) Voir plus Ajouter une citation
(...) je finis par retrouver la trace d'Ahmad Moudjahed, son auteur. Ahmad est l'un des confondateurs de cette agora souterraine. A travers les mailles d'une mauvaise connexion internet, unique lucarne sur le monde extérieur, il me raconte sa ville dévastée, les maisons en ruine, le feu et la poussière, et dans tout ce fracas les milliers d'ouvrages sauvés des décombres et rassemblés dans ce refuge de papier auquel tous les habitants ont accès. Des heures durant, il évoque en détail ce projet de sauvetage du patrimoine culturel, né sur les cendres d'une cité insoumise. Puis il me parle des bombardements incessants. Des ventres qui se vident. Des soupes de feuilles pour conjurer la faim. Et de toutes ces lectures effrénées pour se nourrir l'esprit. Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive. (p. 12)
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Avant l'inauguration restait une dernière tâche à remplir : numéroter minutieusement chaque recueil et y apposer le nom de son propriétaire sur la première page. (...) Notre but, c'est que chacun puisse récupérer ce qui lui appartient une fois la guerre terminée, insiste Ahmad.
A ses mots, j'ai posé mon crayon. Impressionnée par son civisme. Muette devant un tel sens du respect de l'autre.
Des autres. Nuit et jour, ces jeunes côtoient la mort. La plupart d'entre eux ont tout perdu : leur demeure, leurs amis, leurs parents.
Au milieu du fracas, ils s'accrochent aux livres comme on s'accroche à la vie. Avec l'espoir des meilleurs lendemains. Portés par leur soif de culture, ils sont les discrets artisans d'un idéal démocratique. Un idéal en gestation, qui brave la tyrannie du régime. (p.19)
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Page 15
En une semaine, ils sauvent six mille ouvrages. Un exploit ! Un mois plus tard, la récolte atteint les quinze mille exemplaires. Des petits, des grands, des cabossés, des écornés, des illisibles, des très rares, des très recherchés. Il faut désormais trouver un lieu pour les stocker. Les protéger. Préserver cette petite miette du patrimoine syrien avant qu’il ne parte en fumée. Après une concertation générale, un projet de bibliothèque publique voit le jour. Sous Assad, Daraya n’en a jamais eu. Ce serait donc la première. « Le symbole d’une ville insoumise, où l’on bâtit quelque chose quand tout s’effondre autour de nous », précise Ahmad. Il s’interrompt, pensif avant de prononcer cette phrase que je n’oublierai jamais :

- Notre révolution s’est faite pour construire, pas pour détruire.

Par crainte des représailles, ce musée de papier serait maintenu au plus grand secret. Il n’aurait ni nom, ni enseigne. Un espace souterrain, à l’abri des radars et des obus, où se retrouveraient petits et grands lecteurs. La lecture comme refuge. Une page ouverte sur le monde lorsque toutes les portes sont cadenassées.
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Ahmad vit sous une pluie de bombes.Il a perdu tant d'amis, n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. A Daraya, son quotidien est une montagne d'urgences. Il a pourtant pris le temps de rédiger ce message, de partager sa compassion.
Un terroriste ne s'excuse pas.
Un terroriste ne pleure pas les morts.
Un terroriste ne cite pas - Amélie Poulain- et Victor Hugo.(p. 60)
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Bachar al-Assad avait fait le pari de les enterrer tous vivants. D’ensevelir la ville, ses derniers habitants. Ses maisons. Ses arbres. Ses raisins. Ses livres.
Des ruines, il repousserait une forteresse de papier.
La bibliothèque secrète de Daraya.
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"L'Alphabet du silence" de Delphine Minoui, Avril 2023 Éditions de l'Iconoclaste Pour commander : https://bit.ly/40UP7Cp
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