Éducation Belfort : l’association d’aide aux victimes forme cette semaine des élèves du lycée Follereau au harcèlement et cyberharcèlement

Karine FRELIN - 22 mai 2015 à 05:02 - Temps de lecture :
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Les terminales de cette classe qui ne compte qu’un garçon ont découvert, à travers leurs débats, les notions de victime, d’agresseur, et les conséquences que peut avoir le harcèlement sur un élève, même grand adolescent : violence, suicide, repli sur soi… Photo ER
Les terminales de cette classe qui ne compte qu’un garçon ont découvert, à travers leurs débats, les notions de victime, d’agresseur, et les conséquences que peut avoir le harcèlement sur un élève, même grand adolescent : violence, suicide, repli sur soi… Photo ER

LE DÉBAT est d’emblée très intense dans cette classe dominée par des filles. « Chaque séance est différente », glisse Farida Brouk, directrice de l’Avadem, association d’aide aux victimes, accès au droit et médiation, qui a monté, à la demande du lycée Follereau, cette formation sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement (lire l’encadré) à destination des délégués de classe. Toute la semaine, 88 élèves se sont ainsi succédé pour relayer l’information, dont quelques classes dans lesquelles des incidents ont été identifiés par la direction, et des élèves isolés, déjà ciblés comme victimes ou agresseurs.

« On est des filles, c’est comme ça »

Les filles qui s’expriment ont entre 17 et 20 ans et puisqu’aucun adulte du lycée n’est présent, la parole se libère. « Le terme qui revient souvent parmi vous, c’est embrouilles », remarque Farida Brouk, accompagnée d’Alice Dudkowiak, en 2e année de DUT Carrières sociales à Belfort, qui a travaillé avec elle. « Le questionnaire distribué au préalable ne reflète pas la réalité. Il y a en fait plus de cas que ce que nous pensions », constate-t-elle.

Mais les élèves déploient une certaine facilité pour se dédouaner lorsqu’une camarade de classe leur rappelle quelques incidents passés : « Vous savez bien qu’aucune fille ne va dire en face ce qu’elle pense », conclut l’une d’elles. « On est des filles, c’est comme ça. Les garçons, ils règlent ça en se cassant la figure ». L’Avadem ne s’arrête pas à ces considérations fatalistes : « Avant d’arriver à cet engrenage, il faut discuter », indique Farida Brouk. « Quand vous êtes agressive, la personne en face n’a qu’une envie, c’est vous répondre de la même façon ». Et la directrice de l’Avadem évoque un jeune homme dont elle a eu à traiter le dossier quand, de victime de harcèlement à cause de son habillement « différent », il a fini par agresser la dernière personne qui lui a fait une remarque. Et s’est retrouvé devant la justice.

Les lycéens restent ancrés dans l’instant présent et éprouvent des difficultés à mesurer la gravité du sujet. La direction de l’établissement, qui s’appuiera sur le compte-rendu de l’Avadem après les huit rencontres de cette semaine, veut s’en servir : « Pour nous, c’est un point de départ pour mettre en place des actions dans le champ de la vie scolaire », indique Élisabeth Lévêque, proviseur adjoint.

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