Bref, la compétitivité export est (encore plus) mal barrée (qu’avant)

Avant, la France avait des exportateurs (dont pas mal appartenaient à des intérêts étrangers, délocalisaient pour la compétitivité et/ou la fiscalité, et/ou vivaient leur vie avec ou sans taille critique mais le plus loin possible des politiciens nationaux ou territoriaux, bureaucrates, consultants et assimilés), des entrepreneurs souhaitant/pouvant/devant exporter pour se développer et/ou survivre, et un petit ministère croupion de Bercy tentant de coordonner un tant soit peu des paquets de machins nationaux, territoriaux, publics, parapublics, subventionnés et/ou réputés privés plus ou moins inefficaces.

Mais c’était avant.

Maintenant, on a BusinessFrance (le machin résultant de la fusion du truc chargé d’aider les PME ne parlant pas anglais à l’export et du bidule supposé attirer des investisseurs étrangers ne parlant pas français autour des pôles de compétitivité), une compétence de développement économique au niveau des régions (évidemment aussi incompétentes que désorganisées et en rivalité les unes avec les autres en attendant les über-régions et autres métropoles) parce que l’état n’a plus le fric pour rien faire et que c’est à la mode de régionaliser alors même que la France n’avait pas la taille critique, et le secrétariat d’état au commerce extérieur est rattaché au Quai d’Orsay avec pour rôle essentiel d’essayer de savoir ce que Bercy essaye de faire avec la relance des « protocoles » et ce que contient le projet TAFTA négocié par Bruxelles parce que la diplomatie économique est une compétence européenne (pas totalement, le truc a été monté par un quarteron de fonctionnaires politisés qui ont fait en sorte de rester abonnés au Thalys en First, d’être invités permanents aux raouts genre Forum de Davos à la saison du ski ou Rencontres des Déconomistes d’Aix en Provence avant la tournée des universités d’été aux frais du tribuable, et de pouvoir squatter la Première d’Air France sur les vols Paris-Washington quand les fat cats du FMI et les lobbyistes n’y sont pas).

Bien entendu, le déficit du commerce extérieur est en mode Titanic comme l’emploi, la croissance et tout ce qui marcherait tellement mieux si les ministres de Chirac et Sarkozy avaient pu faire leur boulot sans être coincés entre les marteaux syndicaux (no comment, c’est quoi déjà le fromage républicain où on a parachuté l’ex patron du syndicat le moins fermé au dialogue social ?), les enclumes patronales (quand on voit le PtiGro du Medef, on se dit qu’on mettrait Hollande, Aubry ou n’importe quel sous-préfet de chambre de commerce, ça ne pourrait pas être pire), et les hauts fonctionnaires plus soucieux de se préserver des sièges confortables et jetons rémunérateurs dans l’économie ex-mixte (lire la banque, les trucs encore plus ou moins publics, et toutes les boites dépendant de la commande publique, de la régulation étatique, et/ou de réseaux de pouvoirs plus ou moins visibles), et le sciage de branche de salariés consommateurs préférant les bagnoles étrangères, les fringues et gadgets fabriquées par des esclaves, et la malbouffe industrielle globale.

Hommage à l’exportateur français inconnu (et aux chômistes et futurs chômistes dont l’emploi en France est/était peu ou prou connecté à la compétitivité export et/ou à l’absence sur ses marchés accessibles de concurrent(s) étranger(s) subventionné(s) pour s’implanter en France) et à toutes les victimes des Frenchonomics.

RF – 27 novembre 2015

A propos renaudfavier

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2 commentaires pour Bref, la compétitivité export est (encore plus) mal barrée (qu’avant)

  1. Ping : Vae Victis | Renaud Favier : Café du matin à Paris

  2. Jacques Alain vermeulen dit :

    risk management L enjeu est de gérer de manière optimale les risques opérationnels tout en développant à l export sa flexibilité et ses revenus pour adapter sa croissance aux évolutions du marché Provider of intl business french – speaking europ consultant Brussels Belgium

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