Parti de gauche, un militantisme d'un nouveau genre

Eric Coquerel et Danielle Simonnet chantent sous la pluie en manifestant contre le 49.3 ©AFP - CITIZENSIDE / Samuel Boivin / Citizenside
Eric Coquerel et Danielle Simonnet chantent sous la pluie en manifestant contre le 49.3 ©AFP - CITIZENSIDE / Samuel Boivin / Citizenside
Eric Coquerel et Danielle Simonnet chantent sous la pluie en manifestant contre le 49.3 ©AFP - CITIZENSIDE / Samuel Boivin / Citizenside
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Rencontre avec des militants du parti de Jean-Luc Mélenchon, très actifs, formés à des techniques de propagande singulières

A quatre jours de la convention du Mouvement des Insoumis qui se tiendra ce week-end à Lille, rencontre avec des militants de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat qui fait jeu égal dans les sondages avec Francois Hollande n'a qu'un petit parti derrière lui, le Parti de gauche. Mais avec des militants très actifs, formés à des techniques de propagande singulières.

Exemple d'action. Nous sommes à Lyon près de la place Bellecour, dans un petit café historique du centre-ville, La Cloche, menacé de fermeture parce que le propriétaire vient d'exiger un déplafonnement du bail de 300% (il a depuis obtenu gain de cause).

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Sur le trottoir de la rue de la Charité, ça ne s'invente pas, Julian Augé militant du parti de gauche et membre de la coopérative citoyenne forme de nouveaux venus à la technique du porteur de parole. Une corde, des pinces à linge, une grande feuille sur laquelle il est écrit "Un café qui ferme c'est...":

Julian Augé :
"Cette zone là c’est la zone moineau : le moineau, il est intrépide, mais pas trop quand il s’approche. Là c‘est pareil, les gens s’approchent, on les laisse regarder et on évite d’être comme les militants politiques qui vient vendre sa camelote. On a banni les 'Vous avez deux minutes à m’accorder, parce que ça fait fuir tout le monde'…"

Les gens passent, s'arrêtent, commencent à discuter, acceptent qu'on écrive leurs réflexions sur un papier qui va rejoindre une pince à linge sur la corde. Et là, ni vu ni connu, on parle politique

Julian Augé :
"Les gens savent beaucoup de choses, ce qui les tue c’est leur propre autocensure et leur sentiment d’illégitimité qui est typique des dominés. Nous on essaie d’émanciper et libérer. Notre façon de faire a tout de suite intéressé Mélenchon qui nous a donné carte blanche. Là, dans la logique de faire une campagne différente, libérante, une campagne faite par 500 groupes d’appuis -et il leur faut des billes pour agir autrement que par prosélytisme, avec des grands meetings - nous, on va directement dans la rue et c’est hyper difficile. Alors il faut trouver des dispositifs pour que tout le monde se sente bien."

Le porteur de parole, c'est une technique développée par les militants des coopératives de l'Education populaire qui remonte à Condorcet. Plus proche de nous, elle concerne Franck Lepage, libertaire, fondateur d'une coopérative d'éducation populaire, la Scop du pavé. Cette Scop s'est auto-dissoute mais a essaimé, avec cette idée simple : "la démocratie ne tombe pas du ciel, elle s'apprend, s'enseigne. Pour être durable elle doit être choisie. Il faut donc que chacun puisse y réfléchir. L'instruction scolaire des enfants n'y suffit pas".

Parmi ses outils, la conférence gesticulée

Danielle Simonnet, conseillère de Paris et co-coordinatrice du Parti de gauche donnait une 'conférence gesticulée' jeudi 6 octobre au théâtre Clavel dans le XIXe arrondissement de Paris. 12 euros l'entrée, une affiche, un titre : "Uber, les salauds et mes ovaires". Une heure et demie de stand up où Danielle Simonnet dénonce l'ubérisation de la société et la misogynie en politiques.

Le porteur de parole

56 sec

Un spectacle salué par Jean-Luc Mélenchon

A la sortie surprise, Jean-Luc Mélenchon, venu en spectateur :

"Je la connais depuis longtemps, nous militons ensemble depuis longtemps. Tout un coup il y a des choses que je comprends mieux d’elle de son combat. C’est vraiment très très très fort. Mais je préviens les gens : elle n’a que quatre autorisation de sortie. Le reste du temps elle est priée de s’occuper du parti dont elle a la tête. Les insoumis apprennent des conférences gesticulées, je leur recommande de n’en faire qu’à leur tête, je leur dit toujours de ne pas attendre les consignés. Mais mieux vaut s’inspirer des plus courageuses que des plus pleutres".

A quand la conférence gesticulée de Jean-Luc Mélenchon? Qui sait. Peut-être le week-end prochain à Lille...

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