Webséries : "On est à l'aube d'un âge d'or !"

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Webséries : "On est à l'aube d'un âge d'or !"

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Capture d'écran de la websérie française Beard Club, actuelle numéro 3 au classement de la Coupe du monde du genre
Capture d'écran de la websérie française Beard Club, actuelle numéro 3 au classement de la Coupe du monde du genre

Entretien. Elles datent des origines d’internet. Mais depuis 3 ans, les webséries à la française se distinguent par leur quantité et qualité. Grâce à des outils toujours plus simples et des investissements des chaînes de télévision en quête de nouveaux publics. Entretien avec Joël Bassaget, expert blogueur.

Scénariste de formation, Joël Bassaget a toujours suivi la création indépendante en ligne. Après avoir lancé un blog sur les séries, il est passé il y a deux ans aux webséries, sur la plateforme de Libération, avec " Le magazine des fictions du web". Nous l'avons interrogé à ce sujet alors que France Télévisions vient de se joindre à un fonds de soutien de la SACD, la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. L'enveloppe de 300.000 euros devrait aider à "l'écriture de séries courtes, feuilletonnantes, prioritairement imaginées pour une pratique en mobilité". Écoutez en intégralité celui qui va publier un guide (chez Glénat), avant de découvrir ci-dessous quelques unes de ses réponses :

L'esprit des webséries en France. Histoire et avenir de "cette contre-programmation de la télévision"

13 min

Quand ces webséries sont-elles nées ?

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"Il vaut mieux considérer qu'elles ont commencé avec le web. On cherche aujourd'hui à savoir quelle serait la première. Certains disent que ce serait " The Spot", créée en 1995 aux États-Unis, mais c'était plutôt un site interactif qui proposait aussi aux internautes de visionner des vidéos. Mais dès 1999, on a vu apparaître notamment des webséries animées. Et en France, c'est une particularité, cela a débuté pratiquement au même moment qu'aux États-Unis. Alors c'était des productions d'amateurs, c'est vrai, totalement indépendantes, tournées parfois par des bandes de copains passionnés, mais ces productions ont fait des émules, des adeptes, et la France est aujourd'hui le deuxième producteur mondial avec environ 100 à 150 titres par an. Sachant que mon étude "Anatomie des webséries" (2014) a montré que 95% des webséries ont une durée d'épisodes inférieure à 13 minutes. Avec entre 6 et 10 épisodes par saison. Je précise enfin que les séries diffusées par Netflix ou tout autre service de télévision par internet NE SONT PAS des webséries. Ce sont tout simplement des séries télé diffusées sur un service internet. En fait, rien d'autre ne les différencie des séries et d'ailleurs elles ont pour vocation d’être distribuées aussi dans les grilles de programmes de chaînes "hertziennes". C'est donc bien le format qui est la particularité première des webséries et non leur support de diffusion."

Bande-annonce de "Gabriel", qui a remporté la Coupe du monde des webséries, soit l'une des plus primées au monde, et après avoir été auto produite, sa deuxième saison va passer sur Canal Play

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Le genre a-t-il acquis ses lettres de noblesse ?

"Peut-être pas vraiment, mais nous sommes à l'aube d'un âge d'or ! Parce qu'il y a eu des bonds qualitatifs qui font qu'aujourd'hui la plupart des webséries n'ont rien à envier à une série de la télévision, voire même à un film de cinéma, parce qu'elles sont l'oeuvre de jeunes passionnés de souvent moins de 30 ans qui maîtrisent absolument à la fois les codes mais aussi la technologie nécessaires. Et il y a eu une évolution du matériel de tournage : aujourd'hui, on peut même avec son smartphone tourner des images de très grande qualité pour rien du tout. Et dans le même temps, les programmes de montage, d'effets spéciaux se sont énormément démocratisés, et grâce au web les auteurs ont pu se former très facilement. Enfin, cette nouvelle génération pratique la production collaborative : ils n'hésitent pas à partager les compétences et créer des équipes qui peuvent être délocalisées. Avec des dizaines, voire des centaines de milliers de spectateurs, de plutôt entre 15 et 25 ans."

Créée par un Toulonnais, Fabien Fournier, "Nôôb" en est à sa 7e saison, avec plus de 65 millions de visionnages, des déclinaisons en BD, romans et films et a été notamment distinguée en 2014 à Hollywood !

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Il y a un esprit websérie ?

"Oui. Effectivement, c'est une sorte de télévision alternative. Ce que l'on remarque d'ailleurs dans la websérie c'est que c'est presque une contre programmation de la télévision. Par exemple, les genres qui ont fait le succès de la télé commerciale, comme la sitcom ou les medical drama, ne s'y retrouvent pas du tout. En revanche, des genres qui y ont toujours été rares, voire complètement ignorés par la télévision, comme la science fiction, l’horreur, l'anticipation, et même le steam punk, sont très présents dans les webséries. C'est une prise en main du média par de jeunes auteurs qui peut-être ne se retrouvent pas dans la télévision et qui ont eu envie eux-mêmes de raconter leurs propres histoires. Des histoires que l'on ne peut pas forcément raconter en prime time, plus violentes parfois, plus en prises avec l'actualité. Et pour la France, on remarque qu'il y a beaucoup de producteurs en province, à Nantes, Montpellier ou Toulouse, alors que pendant des décennies la télévision était à Paris. Avec au départ un développement thématique lié à la culture geek (mangas, jeux vidéos). D'ailleurs, les webséries faisaient partie des conventions. C'est le terreau sur lequel elles ont grandi. Mais aujourd'hui les auteurs ont beaucoup d'audace et ne s'interdisent aucun sujet."

Dans les coulisses de "Mortus Corporatus", comédie aveyronnaise, produite sur place et recommandée par Joël Bassaget

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D'où des investissements accrus ?

"Oui, parce qu'aujourd'hui les webséries, que l'on appelle aussi le contenu mobile, sont devenues carrément un enjeu. Elles deviennent un nouveau marché dans lequel les chaînes de télévision veulent investir. TF1 a par exemple un site dédié avec des titres diffusés comme Random ou Mordread. Canal Plus a démarré il y a déjà deux ans avec des "séries digitales". Et France Télévisions, notamment avec Studio 4, investit énormément. Parce que l'on assiste aujourd'hui à l'émergence de ce que l'on appelle les nouveaux usages : il y a maintenant toute une génération de téléspectateurs qui ne regardent plus la télévision sur l'écran du salon, mais sur son ordinateur, sur sa tablette, ou même sur son téléphone portable. Il y a donc tout à marché à prendre auprès de ces utilisateurs : il y a quand même plus de 3 milliards de personnes dans le monde qui possèdent un téléphone mobile et qui l'utilisent tous les jours pour consommer de plus en plus de divertissements."

Capture d'écran du portail dédié de Canal Play
Capture d'écran du portail dédié de Canal Play

Mais pour quel modèle économique ?

"Ce fut une question récurrente ces dix dernières années. Déjà, rappelons que la télévision commerciale a mis 10 à 15 ans avant de trouver son modèle économique, avant de trouver ses premiers bénéfices. Les webséries vont trouver leur modèles économiques justement parce qu'il y a des opérateurs, des chaînes de télévision qui vont investir et proposer des canaux sur lesquels on verra exclusivement ces productions. Alors, deux modèles économiques prévalent actuellement. Le freemium, vous verrez des webséries gratuitement mais il y aura de la publicité. Et le premium, vous souscrirez en fait un abonnement, tout comme pour un service de vidéo à la demande. On voit aussi que France Télévisions s'associe à ce fonds de la SACD pour encourager l'écriture. C'est bienvenu pour des producteurs qui la plupart du temps auto financent leurs productions (ndlr : Beard Club via Ulule par exemple). En revanche, selon moi, la réaction des institutions comme le ministère de la Culture ou le CNC face à ce phénomène est encore bien trop timide. Surtout qu'au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Ecosse, et même en Belgique aujourd'hui, en Suisse bientôt, beaucoup de pays ont pris conscience que là, il y avait une opportunité. Une opportunité stratégique pour pouvoir à moindres frais entretenir, développer et soutenir de la création et des jeunes talents."

Classement établi pour octobre 2016 sur la base des très nombreux festivals internationaux existants
Classement établi pour octobre 2016 sur la base des très nombreux festivals internationaux existants

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