Boko Haram parade sur un blindé suisse

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NigériaBoko Haram parade sur un blindé suisse

Boko Haram exhibe souvent un Piranha du groupe Mowag. Pour les partis de gauche c'est une raison de plus pour interdire les exportations d'armes.

Le véhicule de combat d'infanterie léger Piranha I 6x6 exhibé par Boko Haram comme prise de guerre.

Le véhicule de combat d'infanterie léger Piranha I 6x6 exhibé par Boko Haram comme prise de guerre.

photo: Kein Anbieter/Twitter/Alex Mello

Boko Haram aime s'exhiber sur ses vidéos de propagande avec le matériel pris aux armées régulières. Et il est aisé d'y reconnaître un Piranha I 6x6 fabriqué par Mowag, comme le rapporte 20 Minuten.

Selon certaines sources, le chef du groupe, Abubakar Shekau, aime parader à bord d'un Piranha. Mowag a confirmé qu'il s'agissait «très probablement» d'un de ses véhicules livrés à Abuja voici une trentaine d'années. L'armée nigériane possède environ 110 engins fabriqués par l'entreprise de Kreuzlingen.

Risque terroriste pour le GSsA

Pour Lewin Lempert, secrétaire du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), cet exemple montre à quel point les exportations de matériel de guerre sont incontrôlables. «Le danger est extrêmement élevé de voir ces armes tomber dans de mauvaises mains, comme celles de terroristes.»

Si la Suisse veut lutter sérieusement contre la terreur, elle doit agir au niveau des exportations d'armes et les interdire, a ajouté le secrétaire. Un avis que partage la conseillère nationale Chantal Galladé (PS/ZH), membre de la commission de la politique de sécurité. «Il est absurde de prendre des mesures contre la terreur mais de continuer à vendre des armes un peu partout.»

Les partis bourgeois s'insurgent

L'interdiction d'exporter du matériel de guerre est un vieux cheval de bataille des partis de gauche au parlement. Mais ils ont toujours échoué dans les urnes, la dernière fois en 2009. Chantal Galladé ne désarme pas pour autant. «Même les partis bourgeois doivent désormais reconnaître que nous ne pouvons placer les profits au-dessus de l'intégrité.»

Il en faut toutefois plus pour le conseiller national Jakob Büchler (PDC/SG). «Les règles pour les exportations d'armes sont de nos jours bien plus strictes. N'importe quel pays ne peut plus acheter des armes suisses depuis longtemps.» Pour lui, le Piranha saisi par Boko Haram ne doit pas servir à détruire cette branche industrielle. «Plusieurs milliers d'emplois seraient alors menacés en cas d'interdiction des exportations.»

Plus d'exportations depuis 1998

En outre, si les groupes d'armement devait cesser leur production, l'armée suisse se trouverait dans une situation de dépendance dangereuse vis-a-vis des entreprises étrangères. Sans évoquer la perte de savoir-faire et de capacités de production que cela entraînerait, a ajouté le conseiller national.

Depuis l'introduction de la loi en 1998 sur le matériel de guerre, plus aucune exportation à destination du Nigeria n'a été autorisée. En raison notamment de la situation insatisfaisante dans le dossier des droits de l'homme ainsi que le risque d'une mauvaise utilisation, a expliqué le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).

(NewsXpress)

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