Les métiers de la data : décryptage d'une concurrence internationale

Portée par la transformation digitale, la demande en profils Big Data touche toutes les entreprises. Toutefois, elle cache des disparités en termes de localisation géographique et de compétences recherchées.

Qu’il s’agisse des dernières études de Gartner ou de McKinsey, les statistiques s’affolent lorsqu’il s’agit des prévisions de croissance sur les besoins en recrutement dans les secteurs du Big Data ou de l’analyse de données. Cette demande portée par la transformation digitale touche toutes les entreprises. Toutefois derrière cette demande se cache des disparités en termes de localisation géographique et de compétences recherchées.

Après avoir récupéré et traité plus de 17 000 offres sur le site d’emploi américain, anglais et français Indeed en avril 2015, nous proposons ici les résultats de cette analyse qui informe sur les grandes tendances autour des métiers de la data. Nous avons réduit notre périmètre aux Data Scientist, Data Analyst, Business Intelligence, Développeur Full Stack et Développeur Web.

Premier enseignement, Londres reste de loin en tête en termes d’offres disponibles, tous métiers confondus. Cette tendance est plus forte encore sur la demande en Data Analyst et en Business Intelligence, où le nombre d’offres à Londres dépasse celui de New York et de San Francisco réunis. La place parisienne est quant à elle, loin derrière avec seulement 7% des offres disponibles sur les quatre places.

Un autre constat vient bousculer une idée véhiculée par les médias qui veut que le « Data Scientist » soit le métier le plus recherché actuellement. Or, on observe, que les offres traditionnelles autour de la Business Intelligence restent largement majoritaires quel que soit le pays, regroupant à elles seules 43% des offres.Comment expliquer cette disparité entre ces quatre places technologiques et entrepreneuriales de premier plan ? Est-ce lié uniquement à la taille du marché ou existe-t-il des facteurs en termes d’évolution stratégique ? Londres et San Francisco bénéficient d’un écosystème de start-up très dense. Quel que soit leur cœur de métier, ces start-up ont des besoins identiques lorsqu’il s’agit de développer une interface produit. Ce besoin se traduit par une demande élevée en développeurs web et en ingénieurs Full Stack. En effet, les jeunes pousses préféreront des talents avec une palette de compétences la plus large possible.

Le second enseignement que l’on peut tirer de cette analyse se fait au niveau de la maturité digitale des entreprises. A Paris, on trouve en effet seulement 36 offres de Data Analyst contre plus de 1400 à Londres. Cette différence reflète le retard des entreprises françaises dans la définition de leur stratégie digitale. Contrairement aux entreprises anglo-saxonnes qui ont développé depuis des années une culture de la donnée et une exploitation systématique de la donnée à tous les niveaux de l’entreprise.

En termes de compétences, on observe toujours une très grande diversité en termes de compétences attendues chez les Data Scientists. Contrairement aux autres métiers de la data qui se sont implantés dans l’entreprise depuis des années, le métier de Data Scientist est apparu il y a moins de 5 ans. Il faudra encore du temps avant une harmonisation de la définition de ce métier qui s’accompagnera par une spécialisation des tâches et une meilleure segmentation des recrutements.

Dans les prochaines années, il est sans doute à prévoir un effet de rattrapage en France sur la demande des métiers de la data. Cet effet de rattrapage serait lié en partie à l’accélération par les grands groupes de leur stratégie digitale et d’autre part grâce à l’émulation entrepreneuriale qui s’amplifie dans l’écosystème parisien.