150 ans d'Alice : Lacan au pays des merveilles

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150 ans d'Alice : Lacan au pays des merveilles

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"C’est la psychanalyse qui peut rendre compte le mieux de l’effet de cette œuvre."

En 1966, sur France Culture, le flamboyant Jacques Lacan rendait hommage à Lewis Caroll, passant au tamis de la psychanalyse les Aventures d'Alice au pays des merveilles , célèbres et célébrées dans le monde entier. Une archive à réécouter, alors que la jeune Alice souffle ses 150 bougies : c'est le 4 juillet 1865 que paraissait le récit de son passage à travers le miroir.

Alice, au pays des merveilles - Salle des portes
Alice, au pays des merveilles - Salle des portes

C'est une oeuvre énigmatique dans la mesure où elle "produit un malaise dont il découle une joie singulière ", et où elle possède une prise considérable sur son lecteur sans qu'y soit évoquées les notions de tragédie, de destin ou de jeunesse. "C’est bien là le secret, et qui touche au réseau le plus pur de notre condition d’être : le symbolique, l’imaginaire et le réel ", estimait le psychanalyste Jacques Lacan sur France Culture en 1966.

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Pour lui, seule sa discipline peut lever le mystère de cette oeuvre en convoquant notamment la "théorie du sujet ", qui explique comment Lewis Caroll, en s'adressant à la petite fille, peut tous nous atteindre.Mais attention, il ne s'agit pas d'avoir recours à une "psychanalyse qui court les rues ".

Seule la psychanalyse éclaire la portée d’objet absolu que peut prendre la petite fille. C’est parce qu’elle incarne une entité négative qui porte un nom que je n'ai pas à prononcer ici si je ne veux pas embarquer mes auditeurs dans les confusions ordinaires.

Jacques Lacan à propos d'Alice au pays des merveilles, 1966

Lacan se méfie donc du pédagogue qui, en "c_hipot[ant] ce qu'il faut donner à lire à nos enfants_ ", fait un contresens terrible sur "les effets psychologiques de l'oeuvre d'art ." Et de pointer d'un doigt accusateur le psychanalyste autrichien Paul Ferdinand Schilder, qui voyait dans les aventures d'Alice une "incitation à l'agressivité " et une "pente offerte au refus de la réalité. "

Prêtons l'oreille, pour terminer, au dramaturge et écrivain Eugène Ionesco qui estimait lui aussi que ce récit n'était pas destiné aux enfants... sauf à admettre "que la vision des enfants est pleine de terreurs " :

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