Livres/Écrans : en finir avec une opposition artificielle?

Une petite fille lit au Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) à Montreuil, le 29 novembre 2017. ©AFP - JACQUES DEMARTHON
Une petite fille lit au Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) à Montreuil, le 29 novembre 2017. ©AFP - JACQUES DEMARTHON
Une petite fille lit au Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) à Montreuil, le 29 novembre 2017. ©AFP - JACQUES DEMARTHON
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La salon du livre et de la presse jeunesse ouvre ses portes à Montreuil, l’occasion de se demander si les écrans ne peuvent pas pousser les jeunes vers la lecture.

Une jeunesse qui ne lit plus, rivée à ses écrans, c’est la petite musique habituelle de la déploration quand on évoque le sujet jeunes + livres. Et loin de moi l’idée ne pas défendre le pouvoir magique de la lecture. Enfant j’ai grimpé sur ce haricot grâce à Roal Dahl, puis frissonné de plaisir grâce aux Histoires d’Alfred Hitchcock, si je me remémore ces premiers moments d’émerveillement et d’addiction devant un livre.

Simplement la pure et simple opposition livres/écrans a vécue, et c’est bien le défi de la lecture qu’il faut relever. Il est de taille : comme le soulignait Vincent Monadé, président du Centre national du livre, « il faudrait de toute urgence mettre en place un grand plan national en faveur de la lecture, pour éviter de déconnecter littérature et plaisir. Au passage à l’adolescence, on n’arrive plus à construire cette envie de lire ». On observe un décrochage vers 13-14 en direction des écrans et particulièrement chez les garçons.

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Mais parmi les leviers d’action, les écrans peuvent se faire non plus les ennemis mais les alliés du livre. La guerre des objets est somme toute assez veine. Car tout est question d’usage. 

Si je prends les stars de l’édition jeunesse cette année, selon Livres Hebdo, on notera le succès du livre de Jay Hasher 13 raisons chez Albin Michel Jeunesse, relancé par son adaptation en mini série sur Netflix, mais aussi le succès du youtubeur Frigiel qui se hisse à la troisième place avec son livre Frigiel et Fluffy chez Slalom éditions_._ On le voit, il y a aussi une circulation des écrans vers le livre.

Comme le souligne Télérama cette semaine « on disait la lecture en baisse chez les adolescents, pourtant la littérature jeunesse revit sur Internet ». C’est le phénomène des booktubeuses, des "PAL", et des communautés de lecteurs en ligne.

Les booktoubeuses ce sont ces filles face caméra qui font part de leur retour de lecture dans des vidéos façon post-it de libraires 2.0.  Des dévoreuses de livres contagieuses qui stimulent toute une communauté, comme par exemple Bubledrop, et ses 55 000 abonnés dont un tiers ont entre 12 et 17 ans. Sur les plateforme généralistes comme Babelio, Booknod ou Livraddict, c’est aussi l’émulation avec le partage des avis critiques et des "PAL" par une foule d’amateurs experts. La "PAL" ou à la « pile à lire » c’est la pile de livres que vous avez hâte de pouvoir commencer.

En tous cas, cette excitation partagée sur les plateformes incite à la lecture, et comme le note la présidente de l’association Lecture Jeunesse, Sonia de Leusse, interrogée par Télérama, "c’est d’autant plus stimulant à 15 ans de se retrouver suivi par une centaine de lecteurs, de se sentir reconnu, et de sortir de l’isolement de la lecture". Vous savez ces années où lire un livre vous excluait du clan des « cools ». Preuve de l’efficacité de ces plateformes, les éditeurs jeunesse comme Gallimard ou Hachette ont lancé leurs propres communautés avec de jeunes chroniqueurs affiliés.

Enfin la mise à disposition d’ouvrages numérisés joue un rôle. En littérature généraliste avec des classiques comme tous les romans de L_a Comédie Humaine_ de Balzac, ou en littérature jeunesse avec des applications comme celle de la BNF « Gallicadabra », on peut là aussi en passant par l’écran amener « le jeune » à la lecture !

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