Témoignage : Descente de police à La Goulette hier, un quartier passe la nuit dans la terreur

La lutte contre le terrorisme oui, mais quand la lutte plonge les citoyens innocents dans la terreur, il y a comme un problème.

Hier soir, quand les habitants du quartier près du marché de la Goulette ont fermé leurs portes et rejoint leurs lits, ils ne se doutaient pas de ce qui les attendaient.

En effet, à 2h du matin, une descente de police inhabituelle et qualifiée de violente, a réveillé en sursaut les gens. Armes, torches, cris, maisons fouillées, portes cassées, hommes maintenus par terre et emmenés à El Gorjeni… pour être relâchés aux premières heures du matin, un peu avant la fin du couvre-feu… c’est le résumé de cette nuit.
«Demain les menuisiers nous remercieront, coincez votre porte avec une bouteille de gaz» disait l’un des agents à une dame qui protestait hier.

Monia Abid, habitante du quartier et qui a fait, elle aussi comme les habitants des dizaines de maisons mitoyennes, l’objet de la descente, a bien voulu témoigner pour Tuniscope :
« Nous dormions, quand à 2h du matin nous avons entendu du bruit assourdissant. A notre réveil, nous étions aveuglés par les lumières des torches et nous avions des armes pointées sur les tempes. Je n’ai même pas pu voir mes enfants qui étaient dans l’autre chambre» nous dit-elle.

Les heures qui ont suivi furent horribles car les habitants, qui ne comprenaient rien à ce qui leur arrivaient, ont vu les hommes (jeunes et moins jeunes) être emmenés à El-Gorjeni.
« Ils ont emmené leurs téléphones et cartes d’identités, parmi eux un voisin âgé qui a eu un infarctus il y a deux mois » précise Monia.

Une fois les noms et adresses des personnes emmenés en forces par la police enregistrées, celles-ci ont été ramenées chez-elle, un peu avant le couvre-feu…
« Ne me protégez pas en portant atteinte à ma dignité et mon intégrité » ajoute le témoin. Elle maintient qu’elle est solidaire de la lutte antiterroriste mais « pas de cette façon ».
« Comment pourrais-je faire la différence dorénavant entre un terroriste et un agent, car ce que nous avons vécu hier est du terrorisme » soutient-elle. Car, hier et lors de la descente aucun responsable, n’accompagnaient les agents, selon les habitants du quartier qui n’ont eu droit à aucune explication qui pourrait justifier la nuit de terreur qu’ils ont passée.

Bilan de cette descente musclée la Goulette hier : aucun terroriste arrêté mais des citoyens terrifiés qui ne comprennent pas pourquoi la police, supposée les protéger, leur a fait subir un tel traitement.

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