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Pendant le Mondial, les contrôles antidopage feront un crochet par la Suisse

Le laboratoire de Rio ayant perdu son accréditation, les échantillons urinaires et sanguins seront expédiés à Lausanne par la FIFA. Un voyage long et risqué.

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Publié le 12 juin 2014 à 10h45, modifié le 13 juin 2014 à 16h33

Temps de Lecture 3 min.

Jiri Dvorak, médecin en chef de la FIFA (ici en 2010) a annoncé le 5 juin la mise en place d'un

Faute d'être à la pointe, la Fédération internationale de football (FIFA) a toujours eu une approche assez originale de la lutte contre le dopage. En 2006, elle n'avait pas jugé utile de pratiquer des contrôles sanguins pendant le Mondial. Un mois avant la Coupe du monde en Allemagne, un coup de filet de la police espagnole – resté célèbre sous le nom de code d'« operation Puerto » – avait pourtant mis au jour un vaste réseau de transfusions sanguines organisé depuis Madrid par le médecin Eufemiano Fuentes à destination de ses nombeux clients sportifs.

« Nous considérons la probabilité de cette pratique dans le football tellement faible que ce serait une perte de temps, d'argent et d'énergie de faire des contrôles sanguins », avait expliqué, sans rire, au Monde, le médecin en chef de la FIFA, Jiri Dvorak. Huit ans plus tard, le professeur Dvorak est toujours aux commandes de la politique antidopage de la Fédération. Sur le site de la FIFA, il n'est pas peu fier d'annoncer, jeudi 5 juin, « une approche complètement nouvelle, avec la mise en place du profil biologique ».

Une « approche » tellement « nouvelle » que le cyclisme l'utilise depuis 2008. Plus connu sous le nom de passeport biologique, elle consiste à collectionner pour un même sportif les prélèvements sanguins afin de pouvoir déceler d'éventuelles manipulations sur la base de variations anormales des paramètres hématologiques comme l'hématocrite ou l'hémoglobine.

QUATRE JOUEURS PAR MATCH CONTRÔLÉS

La FIFA a commencé en mars à recueillir des échantillons et prévoit, pendant le Mondial brésilien, de contrôler deux joueurs de chaque équipe à la fin de chaque match, sous forme de prélèvements sanguins et urinaires.

Problème, le laboratoire antidopage de Rio de Janeiro, qui aurait dû analyser lesdits échantillons, n'a pas été jugé assez fiable par l'Agence mondiale antidopage, qui lui a retiré son accréditation en 2013.

Au lieu d'opter pour les labos reconnus de Los Angeles ou de Montréal, pas trop éloignés du Brésil, la FIFA a choisi d'envoyer tous les échantillons à celui de Lausanne, au motif qu'elle collabore déjà avec l'établissement suisse dans le cadre dudit passeport biologique. Sauf que le voyage entre le Brésil et la Suisse est long. « Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que les échantillons soient sûrs et qu'ils arrivent au laboratoire le plus vite possible », assure Jiri Dvorak, qui promet que « la majorité des échantillons parviendront en 24/48 heures ».

ENTRE 0,2 % ET 0,3 % DE CONTRÔLES POSITIFS SELON LA FIFA

Pas mal, mais pas suffisant pour être sûr d'attraper d'éventuels tricheurs. « La fenêtre de détection de l'EPO administrée en microdoses, comme c'est la règle aujourd'hui, est seulement de 12 heures », souligne, perplexe, Michel Rieu, l'ancien conseiller scientifique de l'Agence française de lutte contre le dopage. A titre de comparaison, les échantillons prélevés sur les coureurs du Tour de France ne mettent en moyenne que deux ou trois heures avant d'arriver à bon port au laboratoire de Châtenay-Malabry. « Pour des temps de transport de 24 à 48 heures, cela devient très aléatoire avec des paramètres comme l'hémoglobine ou l'hématocrite, poursuit Michel Rieu. Il faut que la température reste constante entre 2o° C et 4 °C, sous peine de dégrader les échantillons. Et, le plus important, ce sont les conditions de prélèvement. Si les échantillons restent un tant soit peu au soleil, c'est foutu. »

Un autre problème se pose. Etant donné le temps nécessaire pour affréter les échantillons jusqu'à Lausanne, un footballeur contrôlé positif à l'issue d'un match pourrait disputer la prochaine rencontre, cinq jours plus tard, avant d'être déclaré positif. Un cas de figure aussi inconfortable qu'improbable si l'on en croit le taux de contrôles positifs extraordinairement bas (entre 0,2 % et 0,3 %) affiché par la FIFA depuis dix ans et si l'on se souvient que le dernier cas en Coupe du monde remonte à vingt ans, et à un certain Diego Maradona, alors en délicatesse avec la Fédération.

Si les échantillons prélevés pendant la Coupe du monde au Brésil se préparent à un long voyage, ils devraient rester ensuite quelques années en Suisse afin de pouvoir être soumis à d'éventuels nouveaux tests de détection en fonction des avancées de la recherche antidopage. En 2005, des analyses rétroactives avaient ainsi permis de retrouver des traces d'EPO dans des échantillons prélevés sur les coureurs du Tour de France 1998. Cette année-là, la France organisait et remportait la Coupe du monde. Et la FIFA avait pris soin de détruire méticuleusement tous les échantillons prélevés lors du tournoi dès la fin du Mondial.

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