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Un chimiste a inventé "l'eau solide" - Contre la sécheresse 

Une boule d'eau solide
Une boule d'eau solide: 25 kilos permettent d’irriguer au Mexique un champ de 0,5 hectare pendant dix ans 25 © GETTY IMAGES
Par Caroline Audibert

Sergio Rico, un ingénieur chimiste mexicain, a consacré douze ans de sa vie à la mise au point d’un procédé qui pourrait révolutionner l’agriculture mondiale : la « pluie solide ». Sa technologie (Silos de Agua) est aujourd’hui commercialisée dans une dizaine de pays et sera peut-être la solution aux pénuries d’eau qui s’annoncent sur la planète.

Paris Match. Comment êtes-vous arrivé à cette innovation ?
Sergio Rico. Il y a vingt ans, je travaillais sur le traitement des eaux usées industrielles à Mexico. Je me suis aperçu qu’un certain type de polymère (une macromolécule) pouvait être utile pour repenser le système d’irrigation agricole. Après dix ans de recherches, j’ai déposé un brevet et créé ma société, Silos de Agua, en 2003. Mon innovation réside dans la sélection d’un polymère précis qui permet de mettre en place un système d’irrigation à partir d’eau solide, sous la forme d’une gelée.

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Sergio Rico
Sergio Rico DR

La pluie solide peut-elle révolutionner l’agriculture ?
Oui, car elle limite le gaspillage de l’eau et le stress hydrique. L’une des actions dont nous sommes le plus fiers concerne une petite ville de l’Etat de Jalisco, Agua Hedionda. Ses 400 habitants étaient condamnés à faire face à une pénurie d’eau. A partir de 2002, les eaux de pluie ont été canalisées dans un réservoir pour être transformées en une gelée stockable facilement dans de grands sacs.

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Les semences ont pu être plantées sans attendre la saison des pluies et les végétaux ont pu se développer de manière continue. Les agriculteurs qui produisaient 600 kilos de maïs par hectare ont ainsi atteint 10 tonnes par hectare sur les mêmes champs, soit 16 fois plus !

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En Inde, il faut 80 litres d’eau par semaine pour la culture de cacahuètes, de coton ou de palmiers. Avec de l’eau solide : seulement 50 litres toutes les trois semaines.
En Inde, il faut 80 litres d’eau par semaine pour la culture de cacahuètes, de coton ou de palmiers. Avec de l’eau solide : seulement 50 litres toutes les trois semaines. © DR

Quel est le prix de cette technologie ?
450 euros les 25 kilos, permettant de stocker 5 000 litres d’eau sous des latitudes tempérées. Et c’est un procédé biodégradable : au bout de dix ans, il ne reste plus dans le sol qu’un grain de sable.

Hormis l’agriculture, quelles sont les autres applications possibles ?
On envisage d’autres applications, comme des boudins d’eau solide pour absorber l’eau des inondations, ou des “barrières” d’eau permanentes pour limiter les incendies.

LE SECRET DE LA FORMULE

L’eau solide, ce n’est pas de la magie. C’est de la chimie. Cette technologie peu coûteuse permet d’économiser l’eau et d’améliorer les rendements agricoles. Elle a d’abord l’aspect de petites billes blanches que l’on mélange à la terre avant d’y déposer les semences. Ces billes de polyacrylate de potassium sont capables d’agglomérer les molécules d’eau entre elles, un peu comme dans une couche pour bébé.

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Elles absorbent jusqu’à 300 fois leur poids en eau et forment un gel autour de la graine et des racines. La plante se développe dans ce cocon humide sans jamais manquer, à condition d’un arrosage toutes les trois semaines, quand dans les pays chauds il en faut un chaque jour. Les molécules d’eau se retrouvent piégées dans ce réservoir artifi ciel qui limite l’évaporation et l’infi ltration. Le cultivateur économise ainsi jusqu’à 90 % des coûts d’irrigation.

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