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Jeux vidéo : le désarroi des hackeurs face à Denuvo, la protection qui leur tient tête

Impuissant à casser la sécurité de ce logiciel, le groupe de hackeurs chinois 3DM a suspendu ses activités. Objectif : prouver que le piratage ne nuit pas aux ventes.

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Publié le 08 février 2016 à 18h30, modifié le 09 février 2016 à 07h21

Temps de Lecture 3 min.

« Just Cause 3 » résiste aux hackeurs depuis plus de deux mois.

C’est à un étonnant coup de bluff que se livre 3DM, l’un des plus importants groupes de hackeurs du monde. Dans un message en chinois posté sur son forum, et traduit en anglais par le site TorrentFreak, le collectif chinois a annoncé suspendre, à partir du 8 février, ses activités de piratage, et voir l’impact qu’aura leur décision sur la bonne santé de l’industrie du jeu vidéo. « A partir du nouvel an chinois, 3DM ne piratera plus le moindre jeu vidéo monojoueur. […] Nous verrons dans un an si les ventes légales de jeux vidéo ont progressé. »

La déclaration de 3DM, l’un des deux plus célèbres groupes de la scène pirate, avec les Italiens de CPY, est une réponse à la multiplication des jeux vidéo PC équipés de Denuvo Anti-Tamper Technology, un logiciel antipiratage contre lequel les hackeurs peinent à trouver la parade.

Celui-ci s’est fait remarquer dès son apparition à la fin de 2014. Alors que la plupart des jeux vidéo sur PC sont « craqués » dans les deux ou trois jours qui suivent leur sortie, FIFA 15 et surtout Lords of the Fallen résistaient encore aux meilleurs groupes internationaux deux semaines après leur sortie, grâce à l’intégration de ce logiciel anticopie.

Contrairement aux verrous numériques classiques (appelés « DRM »), celui-ci empêche directement les modifications du fichier. Depuis, le logiciel de Denuvo s’est étendu à d’autres grosses productions sur PC, comme Metal Gear Solid V, FIFA 16, Star Wars Battlefront, et prochainement Rise of the Tomb Raider et Far Cry Primal, en se complexifiant à chaque fois.

« D’ici deux ans, les jeux gratuits auront disparu »

Sorti le 1er décembre, 正当防卫3, plus connu sous son titre international de Just Cause 3, est aujourd’hui au centre des préoccupations de la scène pirate. Plus de deux mois après sa sortie, celui-ci n’a toujours pas été piraté, se désespère la section de Reddit sur les « hackings » en cours, CrackStatus, aux sons du mot-clé « mort à Denuvo ».

Le groupe chinois 3DM, très investi dans le piratage du jeu, s’est inquiété au début de janvier de la complexité grandissante des systèmes antipiratage, se demandant même si, d’ici deux ans, « les jeux gratuits à jouer n’auront pas disparu ».

3DM avait été le premier à réussir à casser sa sécurité sur Lords of the Fallen, mais uniquement sous certaines versions de Windows, et au bout d’un mois, alors que les ventes d’un jeu vidéo se concentrent généralement sur ses trois premières semaines. Un triomphe pour l’entreprise autrichienne, qui affirme même avoir résisté bien plus longtemps aux assauts des pirates : « Deux cent soixante-douze jours ! C’est le temps qu’il a fallu pour que l’un des derniers jeux protégés par Denuvo, Lords of the Fallen, de CI Games, soit craqué. C’est tout simplement une première (…) », se vante de son côté Denuvo Software Technologies, la société autrichienne à son origine.

Accusé de ralentir les jeux

Selon un rapport d’Arxan Technologies de 2015, le jeu vidéo est, en termes de chiffre d’affaires, le produit culturel le plus touché par le piratage, devant le cinéma et derrière le logiciel. En 2014, le manque à gagner de l’industrie se serait élevé à 74 milliards de dollars (66,5 milliards d’euros). Malgré les verrous numériques liés aux plates-formes Steam, Origin ou Uplay, le volume de versions pirates aurait plus que doublé entre 2012 et 2015.

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3DM souhaite prouver le contraire. D’après un argument récurrent dans la communauté des hackeurs, le piratage ne nuit pas aux ventes mais permet aux joueurs d’essayer les jeux avant de les acheter. La solution antipiratage autrichienne est par ailleurs régulièrement accusée par les joueurs de gâcher l’expérience de jeu en provoquant des bugs et en ralentissant l’animation, ce que Denuvo a toujours contesté.

Au début de janvier, une pétition a même vu le jour sur Change.org pour demander le retrait de sa technologie.

« Je suis le fondateur du SubReddit CrackStatus, et, à mon avis, Denuvo encourage les gens à moins acheter. Le piratage est pour de nombreuses personnes une manière de tester le jeu. Une personne qui pirate un jeu puis ne l’achète pas ne l’aurait pas acheté quoi qu’il arrive. S’il vous plaît, arrêtez ce stupide jeu du chat et de la souris… »

Elle a réuni, à ce jour, un peu plus de mille signatures.

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