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Saint-Brieuc: le photojournalisme prend le large

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EN IMAGES - Pour sa quatrième édition, ce Festival international situé dans les côtes d'Armor propose dix expositions photo produites pour l'occasion.

Épauler le photojournalisme en grande difficulté, telle est l'ambition de ce jeune Festival créé en 2012. Sa particularité est de donner les moyens financiers aux photographes de réaliser des reportages de fond, sous forme de bourses d'aide à la production.

Face à la raréfaction des commandes passées par la presse, Alexandre Solacolu, son fondateur a imaginé un nouveau mode de financement en créant un fond de dotation qui rassemble une quarantaine de partenaires privés réunis aux côtés de Conseil Départemental des Côtes d'Armor.

Les chefs d'entreprise y trouvent l'opportunité de s'engager auprès d'une démarche artistique et sociale en allant à la rencontre du grand public particulièrement sensible au medium de la photographie. Cet événement populaire a permis, en 4 ans à près de 50 photographes d'enquêter en prenant le temps nécessaire pour mener à bien leurs projets.

Cette année, la Néo-Zélandaise Ruth McDowal est allée à la rencontre de jeunes filles nigérianes enlevées par le groupe islamiste Boko Haram, elle s'est concentrée sur le portrait de ces femmes réchappées du pire en photographiant une série de profils épurés, accompagnés de dessins d'enfants racontant le rapt, glaçant.

Un autre sujet féminin recueille tous les suffrages, l'Italienne Arianna Sanesi a décidé d'enquêter sur le féminicide en Italie. En 2013, 134 femmes ont été assassinées par des maris ou des compagnons. Dans l'impossibilité de photographier les victimes disparues, elle a pu parfois rencontrer les familles et saisir l'absence cruelle de leur proche.

En cas de refus, elle s'est tournée vers la nature morte en empruntant des objets symbolisant le crime, comme cette dérisoire petite paire de boucles d'oreilles ayant appartenu à l'une des victimes. Les fenêtres d'immeubles allumées dans la nuit renvoient à l'intimité des foyers et à ce qui gronde derrière les portes. Son approche délicate et son traitement très doux de la couleur contraste avec la violence des drames et les rend encore plus tangibles.

Les questions liées à l'environnement ne sont pas en reste. Rodolphe Marics s'est intéressé au projet d'extraction de sable coquillier dans la baie de Lannion menaçant l'écosystème, il a choisi de survoler le paysage marin et de photographier à terre les acteurs concernés par le projet qui vient d'être adopté par le gouvernement. L'Ecossais Kieran Dodds a quant à lui réalisé d'étonnantes photos de colonies d'oiseaux marins, nichés dans les îles Shetland, à proximité de plateformes pétrolières.

Nouvelles expérimentations

Isabelle Vaillant s'est attachée à raconter l'adolescence, en partageant le quotidien de collégiens. Moments de trouble où le corps bascule vers un avenir incertain. Les rêves, les peurs, l'amour affleurent sur ses images.

À noter également le beau travail de la Suédoise Asa Sjostrom, en voyage dans le plus petit et le plus pauvre pays d'Europe, la Moldavie. Ses portraits d'enfants jouant dans des paysages fantomatiques, comme oubliés de tous, suspendent un temps silencieux.

Toujours à l'affût de nouvelles expérimentations, le Festival lance une opération de Crowdinvesting , un investissement participatif qui a déjà fait ses preuves mais n'est pas encore appliqué dans le domaine du photoreportage. À la différence du Crowdfunding qui relève plutôt du don, les contributeurs se voient ici attribuer le double de leur mise de départ si le photojournaliste vend son sujet à la presse ou s'il loue ou vend ses tirages. Cette initiative est destinée à soutenir le projet d'Olivier Jobard «Migration: Paris-Manille, nounous à tout prix».

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