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Réchauffement

Qu'est-ce que le C40, ce réseau mondial de villes dont Hidalgo prend la présidence ?

La maire de Paris prend pour trois ans la tête de cette structure qui lutte contre le dérèglement climatique.
par Balla Fofana
publié le 30 novembre 2016 à 14h55
(mis à jour le 30 novembre 2016 à 17h29)

Les maires des plus grandes villes du monde se réunissent à partir de ce mercredi pour trois jours à Mexico. L’objectif : tenter de lutter contre le dérèglement climatique et faire front face au climatosceptique président américain élu Donald Trump. Le Cities Climate Leadership Group (C40), le plus grand réseau d’agglomérations mondial, sera présidé pour la première fois par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui succède au maire de Rio de Janeiro (Brésil) Eduardo Paes à la tête de l’organisation.

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Qu’est ce que c’est ? 

Le C40 a été créé il y a dix ans par Ken Livingstone, alors maire de Londres, pour fédérer les initiatives des grandes métropoles et lutter contre le réchauffement climatique. L'organisation a pour but d'accélérer la mutation écologique à l'échelle des villes. «C40 est un réseau mondial de grandes villes qui vise à développer et mettre en place des mesures politiques et des programmes afin d'aboutir à des réductions notables du gaz à effet de serre et des risques climatiques», explique le groupe. Le C40 réunit plusieurs fois dans l'année des maires autour d'un dénominateur commun. Les élus réfléchissent ensemble sur les transports, l'alimentation, la voirie, les migrations et d'autres sujets au cœur de leurs préoccupations. Le Cities Climate Leadership Group, dont le siège est à Londres, rassemble 85 métropoles dont New York, San Francisco, Vancouver, Paris, Moscou, Rome, Milan, Athènes, Séoul, Bombay, Jakarta, Melbourne, Hong Kong, Pékin, São Paulo, Buenos Aires, Le Cap et Le Caire. Les 86 agglomérations (bientôt 90) représentent environ 600 millions d'habitants et 25% du PIB mondial mais aussi 70% des émissions de gaz à effet de serre.

Qu’est ce qu’il fait concrètement ? 

Ce sommet sera l'occasion de partager des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et créer des villes «écologiques et vivables» pour les citoyens, selon les organisateurs qui s'apprêtent à accueillir plus de 60 maires parmi les plus importants. Il s'agit essentiellement de mettre en place des moyens d'influence et de s'imposer comme le G20 des grandes villes souhaitant mettre en commun leurs expériences pour résoudre les problèmes auxquels toutes les métropoles sont confrontées : trafic automobile, efficience énergétique des bâtiments, gestion des déchets, etc. L'objectif : peser sur les politiques des gouvernements nationaux et infléchir les prises de position des climatosceptiques déclarés comme le président américain Donald Trump, qui avait qualifié le changement climatique de «canular» inventé par les Chinois.

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Sur toute la planète, les métropoles sont surtout devenues le lieu de la croissance. Dans leur espace se développent les start-up, la recherche, l'innovation et l'économie à haute valeur ajoutée propre à la mondialisation. La «déclaration des bus propres» signée fin octobre par vingt-quatre villes, dont Paris, sert ainsi à promouvoir les «bus propres» afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. «Une manière de provoquer un effet levier sur les constructeurs automobiles» explique à Libération un membre de l'entourage d'Anne Hidalgo. Lors du sommet à Mexico le rapport «Date limite 2020», ou comment limiter la hausse des températures avant cette échéance, sera présenté pour résoudre les problèmes auxquels les villes sont confrontées. Dans la nuit de jeudi à vendredi nous connaîtrons également les dix lauréats des C40 Awards, mettant en avant les projets les plus efficaces des agglomérations en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Outre le poids politique, démographique et économique des villes, le C40 s'appuie financièrement sur plusieurs fondations pour développer ses projets. Il y a notamment la fondation Clinton et Bloomberg Philanthropies de l'ancien maire de New York Michael Bloomberg (président du C40 de 2010 à 2013).

Pourquoi Anne Hidalgo en prend-elle la présidence ? 

Le Cities Climate Leadership Group est présidé pour la première fois par Anne Hidalgo, un an jour pour jour après l'ouverture de la COP21 à Paris. Elle travaillera pendant trois ans avec les maires les plus puissants du monde et mettra en avant les actions parisiennes en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La réduction de la circulation dans la capitale française, l'interdiction des voitures polluantes et la piétonnisation (controversée) des voies sur berges de la rive droite vont dans ce sens.

La maire socialiste a organisé durant la COP21 en décembre 2015, à l'Hôtel de Ville de Paris, le Sommet des 1 000 maires, qui se sont engagés à réduire de 3,7 gigatonnes les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans les zones urbaines d'ici à 2030. Anne Hidalgo a également reçu le 18 novembre à Washington le prix de la «diplomate verte de l'année», décerné par le magazine américain Foreign Policy, récompensant son action écologique et climatique. Seule prétendante à la présidence du C40 en avril dernier, elle avait reçu les soutiens de nombreux maires.

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