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Adolescents : une bonne raison de se lever tard

Les adolescents ont besoin de dormir 9 heures en moyenne, mais leur heure d'endormissement est retardée naturellement à mesure qu'ils grandissent. 60746709/Sabphoto - Fotolia

Pour tenir compte de l'évolution des rythmes du sommeil pendant la puberté, certains médecins préconisent de repousser la première heure de cours au collège et au lycée.

Baisse des résultats scolaires, troubles de l'humeur, dépression ou obésité: l'endormissement tardif, et le manque de sommeil qui en découle, peuvent affecter de manière sévère le développement de l'adolescent. Or ce dérèglement ne tient pas seulement à de mauvaises habitudes contractées au sortir de l'enfance. Une étude américaine publiée la semaine dernière dans la revue Plos One souligne que le processus d'endormissement est aussi perturbé par des modifications biologiques liées à la puberté.

«Alors que le besoin de sommeil reste stable (9 heures en moyenne), les adolescents ont en grandissant une tendance physiologique à rester éveillés plus longtemps», soulignent les chercheurs de Brown University (Providence), qui ont mesuré chez une centaine d'adolescents l'évolution du sommeil et des rythmes circadiens sur une période de deux ans. Cas typique de l'étude, un garçon qui s'endort à 21h30 à l'âge 9 ans se couchera à 22 heures deux ans plus tard, pour un réveil toujours réglé à 6h40. Soit une perte nette d'une demi-heure de sommeil chaque nuit pendant la semaine. Autre exemple, un adolescent recruté à 15 ans aura, lui, repoussé son endormissement de 22h35 à 23h05 entre le début et la fin de l'étude.

Fréquemment en dette de sommeil

«Pendant la phase de puberté, les horloges biologiques dont dépendent le déclenchement de l'endormissement se décalent progressivement de 60 à 90 minutes, précise Claire Leconte, chercheur en chronobiologie (Lille). Ainsi la diminution de la température centrale, la chute du cortisol et la sécrétion de mélatonine surviennent plus tardivement». Parallèlement, l'étude américaine montre que les stimulations extérieures - musique, écrans, appels téléphoniques… - contribuent au décalage: à mesure qu'ils grandissent, les adolescents résistent en effet plus longtemps à l'appel biologique du sommeil. Ces retards de phase se traduisent par des couchers et des levers plus tardifs, quand ces derniers sont possibles.

Conséquence: près de 30% des jeunes Français de 15 à 19 ans vivent en privation de sommeil, selon le Baromètre santé paru en 2013, et un quart des adolescents de 15 ans déclarent dormir moins de sept heures par nuit en moyenne. «Même s'il existe de fortes variations individuelles, cette dette de sommeil peut avoir un impact significatif sur l'équilibre physique et psychologique», souligne René Clarisse, psychologue (Université de Tours).

Plutôt sieste que grasse mat'

Pour amortir les conséquences de ce phénomène, certains médecins spécialistes du sommeil recommandent de retarder le début des cours au collège et au lycée. Une expertise collective de l'Inserm a ainsi proposé, en 2001, de ne pas commencer la journée avant 9h dans le secondaire, notamment pour tenir compte du temps de transport de certains élèves. L'Académie américaine de pédiatrie s'est prononcée dans le même sens en août dernier.

Le Pr Damien Léger, responsable du Centre du sommeil de l'Hôtel-Dieu, conseille surtout aux parents de veiller à la régularité des horaires de coucher pendant la semaine, afin de garantir les 9 heures de sommeil recommandées. Il suggère aussi de supprimer les écrans une heure avant le coucher et de dormir dans une chambre obscure et aérée. Enfin, s'il est important de profiter du week-end pour récupérer, des grasses matinées trop longues risquent d'aggraver la désynchronisation des enfants et de décaler encore leur sommeil. Les siestes sont, au contraire, indiquées.

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